Réalisé par Ettore Scola
Avec
Francesco Anniballi, Maria Bosco et Giselda Castrini
Édité par Carlotta Films
Giacinto, le patriarche, veille sur les faits et gestes de tout le clan Mazzatella dont plusieurs générations s’entassent dans la masure d’un bidonville romain. Il veille aussi, et surtout, sur un magot sur lequel lorgnent ses proches : un million de lires reçu en compensation d’un oeil brûlé par la chaux au temps où il travaillait encore. Le traintrain quotidien est chamboulé le jour où Giacinto invite la plantureuse Iside, récemment rencontrée, à s’installer sous son toit !
Une vue imprenable sur le Vatican
Affreux, sales et méchants, écrit et réalisé par Ettore Scola en 1976, a été tourné dans le quartier de Monte Ciocci, où le réalisateur a fait construire un amas de « borgate », ces baraques faites de tout et n’importe quoi, à l’emplacement même d’un bidonville rasé quelques années auparavant. Le taudis dans lequel vivent, les uns sur les autres, les quelques vingt membres de la famille Mazzatella domine la Ville Éternelle : vue directe sur le dôme de Saint Pierre et aussi… sur une autoroute en contrebas enjambée par une voie ferrée.
À côté d’acteurs professionnels, Nino Manfredi en tête, Ettore Scola a employé des habitants du quartier, notamment des enfants. Peut-être en héritage du néoréalisme, dont Affreux, sales et méchants s’éloigne pourtant en donnant des habitants du bidonville une caricature sans la moindre complaisance : tous méritent amplement les qualificatifs du titre !
Une comédie désespérante
Sous les apparences d’une comédie truculente, le film a trouvé, sur le podium du cinéma politiquement incorrect, une place qu’on pourra difficilement lui ravir. Chaque plan étale sans vergogne tous les débordements auxquels la promiscuité pousse les Mazzatella.
Faut-il en rire ou en être choqué ? Si l’attribution pour ce film du Prix de la mise en scène à Cannes souleva des réactions contrastées, il faut bien, au-delà des provocations et en dépit de la forme choisie (celle de la comédie burlesque), reconnaître qu’il jette une lumière crue sur des conditions de vie misérables.
Affreux, sales et méchants souligne, avec un pessimisme appuyé, qu’il est pratiquement impossible de sortir de la misère. Levée la première, une très jeune fille aux bottes jaunes ravitaille en eau toute la maisonnée ; plus tard, comme une mère-poule, elle rassemble tous les enfants qu’elle enferme pour la journée dans une sorte de grande volière, sous la protection de toutes sortes de grillages récupérés, avant que les ragazzi, par paires sur leurs Vespas, ne soulèvent la poussière dans une ronde pétaradante d’entraînement au vol à l’arraché. La jeune fille laisse entendre à une autre, un peu plus âgée qu’elle, gagnant sa vie en se faisant photographier nue, qu’elle se sortira de ce bourbier. La dernière séquence s’arrête sur une image fixe de la jeune fille aux bottes jaunes : elle est enceinte et l’on est prêt à parier qu’elle ne saura jamais quel mâle de la famille l’a engrossée.
Nino Manfredi tient là son meilleur rôle, probablement parce que la masque qu’il devait porter comme la marque de la brûlure par la chaux le contraignait à une certaine sobriété d’expression.
Test effectué sur un check disc.
Il s’agit du transfert en HD de la version restaurée de l’édition DVD de 2011 : la même photo du clan Mazzatella sur les marches d’une église, au sortir du baptême de son dernier rejeton et le même menu fixe et musical avec le choix entre la version originale (sous-titres français optionnels) et un doublage en français, les deux au format DTS-HD Master Audio 1.0.
Le seul supplément est une bande annonce de 3 minutes. Oubliées, l’interview d’Ettore Scola et la présentation du film par Jean Gili qui complétaient heureusement l’édition Opening de 2009 !
L’image (1080p, AVC), propre, bien contrastée, bénéficie d’une excellente résolution.
Le son, exempt de souffle et de bruits parasites, est toutefois affecté par quelques saturations et stridences. Le doublage en français, très correct, place, encore une fois, les voix un peu trop en avant.
Crédits images : © Carlotta Films