Réalisé par Keith Gordon
Avec
Aden Young, J. Smith-Cameron et Clayne Crawford
Édité par ARTE ÉDITIONS
Daniel Holden n’avait pas 18 ans quand il a été, après être passé aux aveux, condamné à mort pour le viol et le meurtre d’une camarade de classe. Vingt ans après, un avocat opposé à la peine de mort fait analyser le sperme prélevé sur la victime : l’ADN n’est pas celui de Daniel. Sorti de prison, il reste, aux yeux de la plupart des habitants de la petite ville où a eu lieu le drame, le seul suspect du crime.
Aux commandes de Rectify, l’acteur Ray McKinnon, vu récemment dans Take Shelter et Mud - Sur les rives du Mississippi, ainsi que dans des rôles récurrents des séries Sons of Anarchy et Deadwood. Il est, ici, à la fois créateur, scénariste, showrunner, producteur et même réalisateur d’un des épisodes de cette nouvelle série.
Coproduite et diffusée par Sundance Channel, dédiée à l’audiovisuel indépendant, Rectify est une oeuvre très originale mêlant drame psychologique, réflexion sur la justice et la peine de mort, énigme policière et l’observation d’une petite communauté du sud des USA, le comté fictif de Paulie, près d’Atlanta, en Géorgie.
Présent dans presque tous les plans, l’acteur canadien Aden Young (Killer Elite, I, Frankenstein) habite le personnage de Daniel, jeté sans ménagement dans un monde dont il a été totalement coupé depuis son adolescence par un dans une cellule étroite, sans autre ouverture que celle des livres. Presque mutique, il laisse filtrer ses pensées par bribes et promène sur ce qui l’entoure un regard étrange, inquiet et… inquiétant.
Dans les seconds rôles, une solide distribution, dans laquelle on remarque Abigail Spencer (Le Monde fantastique d’Oz), la jeune actrice australienne Adelaide Clemens, précédemment saluée pour sa prestation dans la série Parade’s End, critiquée il y a un an, à l’occasion de sa sortie en France, et aussi Michael O’Neill (Dallas Buyers Club, Bates Motel) dans le rôle d’un sénateur qui, alors procureur et parce qu’il lui fallait vite trouver un coupable, s’était acharné à contraindre Daniel à avouer le crime.
Le scénario, bien structuré, explique, par quelques retours en arrière, l’état étrange dans lequel vingt ans passés dans le couloir de la mort ont laissé Daniel et distille, dans une lente et inexorable progression, l’inquiétude qui imprègne tout le récit.
Les six épisodes de 45 minutes tiennent sur un seul Blu-ray double couche présenté dans un boîtier bleu inséré dans un étui.
La France est le seul pays, avec la très lointaine Australie, où l’édition Blu-ray est disponible. Les autres devront se contenter du DVD. Cocorico !
Le menu musical, « animé » de portraits fixes qui se déplacent sur l’écran, propose, à côté de la version originale DTS-HD Master Audio 5.1 (avec sous-titres français optionnels), un doublage en français DTS-HD MA 2.0 stéréo et des sous-titres pour malentendants.
Un défaut agacera ceux qui préfèrent la version originale : le doublage français se réimpose au début de chaque épisode, obligeant ceux qui persistent dans leur choix à réactiver, épisode après épisode, le changement de langue et, s’ils en ont besoin, l’affichage des sous-titres.
En supplément, la présentation de la série (4’) par le créateur, un producteur et des acteurs, suivie d’une rencontre avec les acteurs (8’), puis d’entretiens avec réalisateur et techniciens (7’), chef op’, le réalisateur du pilote, la réalisatrice assistante, le directeur artistique… Rien d’exceptionnel dans ces suppléments à teinture promotionnelle, présentés en SD pour la vidéo et le son, en VO sous-titrée.
L’image est détaillée, sur toute la profondeur du champ dans toutes les scènes bien éclairées, parfois plus confuse pour les scènes filmées dans l’obscurité où les noirs manquent de densité avec une tendance à se boucher. À saluer la maîtrise de la palette des couleurs, désaturées dans les flashbacks en prison, qui s’affirment au cours de la découverte par Daniel du monde extérieur.
Le son de la version originale, bien que la série ne soit pas propice à une exploitation spectaculaire du format 5.1, est plus fin, plus détaillé et, bien sûr, plus immersif que celui du doublage français en stéréo qui tend à placer, comme souvent, les dialogues trop en avant.
Crédits images : © ARTE France