Réalisé par Bruno Dumont
Avec
Alane Delhaye, Lucy Caron et Bernard Pruvost
Édité par Blaq Out
Une enquête policière extravagante, improbable et burlesque autour d’étranges crimes aux abords d’un village côtier du Boulonnais en proie au mal, et d’une bande de jeunes crapules menée par P’tit Quinquin et Eve, son amoureuse.
Dors, min p’tit quinquin,
Min p’tit pouchin, min gros rojin
Te m’f’ras du chagrin,
Si te n’dors point j’qu’à d’main.
P’tit Quinquin, une mini-série réalisée par Bruno Dumont. Oui, le metteur en scène de La Vie de Jésus, L’Humanité, Twentynine Palms, Flandres, Hadewijch, Hors Satan et Camille Claudel 1915 a obtenu carte blanche de la part d’Arte et signe avec P’tit Quinquin une comédie-policière en quatre actes de 52 minutes. Les premiers plans sont symboliques, nous sommes bel et bien chez Bruno Dumont, plutôt dans l’autre versant de l’univers du metteur en scène. Etrange cocktail entre Twin Peaks, True Detective, Les Deschiens et Groland, P’tit Quinquin emporte l’adhésion dès le premier épisode (L’Bêt’humaine), même si les trois suivants s’avèrent moins inspirés.
Cette mini-série regorge de trouvailles burlesques et comiques (un bel hommage au Petit Baigneur dans la scène de l’église), tout en fonctionnant sur le registre policier et de l’enquête criminelle avec des corps découpés retrouvés dans des cadavres de vaches. À l’instar de quelques-unes des oeuvres précédentes de Bruno Dumont, il y a quelque chose de surnaturel qui s’inscrit dans le monde ordinaire de P’tit Quinquin. La radicalité du cinéaste, tout comme la luminosité, l’intensité ainsi que la question de l’équilibre entre le bien le mal, thèmes chers et récurrents du réalisateur, se déploient une fois de plus mais sur un registre inattendu, celui de l’humour décalé et ravageur.
Formidablement interprété par une ribambelle de comédiens amateurs, « des gens du cru » comme le dit Dumont à l’instar de Bernard Pruvost aka le commandant Van der Weyden et Philippe Jore qui incarne son subordonné le lieutenant Rudy Carpentier, tous deux jardiniers dans la vraie vie, P’tit Quinquin est également élégamment mis en scène, cadré, éclairé et les dialogues sont souvent à se rouler par terre. Alors certes la qualité et l’intérêt diffèrent d’un épisode à l’autre, mais franchement, il serait bien dommage de rater cette singulière mini-série française !
Le test a été réalisé sur un check-disc. Le boîtier est recouvert d’un surétui très élégant, au visuel soigné. Le menu principal est fixe et musical.
À l’occasion de la sortie de P’tit Quinquin dans les bacs, le critique de cinéma Philippe Rouyer s’entretient avec le cinéaste Bruno Dumont (23’). Comment aborder le registre de la comédie ? C’est à cette question que répond le réalisateur, qui revient également sur la genèse de cette mini-série, l’évolution du scénario, le casting, les improvisations, le travail avec les acteurs non professionnels et les conditions de tournage. L’ensemble est illustré par quelques photos de tournage.
Bon… honnêtement, nous sommes déçus. D’emblée, il est évident que le piqué est émoussé. Si les couleurs sont claires bien que trop délavées, les quelques séquences sombres posent problème avec diverses pertes de la définition, des moirages et un bruit vidéo suspect. Les paysages manquent singulièrement de relief, les détails ne sont jamais satisfaisants, les visages sont lisses. Alors certes la photo est souvent lumineuse, mais cette édition Blu-ray au format 1080i - contrairement à ce qu’indique la jaquette - ne rend pas vraiment hommage aux partis pris esthétiques originaux. Le codec AVC tente de consolider comme il le peut les quelques artefacts de la compression, les contrastes sont bien trop légers à notre goût et rares sont les plans qui profitent pleinement de cet apport HD.
La piste DTS-HD Master Audio 5.1 demeure facultative pour cette comédie-policière, mais quelques sensibles ambiances naturelles parviennent à poindre sur les enceintes latérales. Si certains dialogues manquent parfois d’intelligibilité, les frontales assurent un bon confort acoustique. Privilégiez la piste stéréo de fort bon acabit, dynamique et précise, bénéficiant d’une large ouverture des enceintes. L’éditeur propose également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.
Crédits images : © Roger Arpajou