La Marque du tueur (1967) : le test complet du Blu-ray

Koroshi no rakuin

Combo Blu-ray + DVD

Réalisé par Seijun Suzuki
Avec Jo Shishido, Mariko Ogawa et Annu Mari

Édité par Elephant Films

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Le 08/12/2014
Critique

Tout se dérègle dans la vie de Hanada, le tueur à gages « numéro 3 » quand, au lieu d’atteindre sa cible, il tue un passant. De chasseur, il devient chassé…

La Marque du tueur est la dernière réalisation de Seijun Suzuki dans le giron du Studio Nikkatsu, qui le renvoya en raison l’échec commercial du film. Le réalisateur entama alors une traversée du désert qui dura une dizaine d’années.

La Marque du tueur, une sorte d’histoire de samouraï des temps modernes, est pourtant le plus beau, et aussi le plus étrange, des films de Seijun Suzuki qui laisse la bride sur le cou à son inventivité. Sur une trame de polar qui lui est familière, il crée une oeuvre qui n’a rien à voir avec les deux films de yakuzas précédents, Détective Bureau 2-3 et La Jeunesse de la bête, tous deux testés.

Rêve et réalité

Filmée en noir et blanc, l’oeuvre exerce une réelle fascination sur qui accepte de se laisser entraîner dans une étrange histoire au récit très fragmenté où se côtoient le rationnel et le surréalisme, le tragique et le grotesque, où scénario, images et surprises du découpage laissent le soin au spectateur de tenter de démêler les contradictions qui assaillent la tête du tueur, d’interpréter ses fantasmes : odeur du riz chaud, papillons épinglés par centaines aux murs et plafond d’une pièce aveugle, oiseaux morts le cou transpercé par une aiguille, crépitement récurrent de la pluie ou d’une douche…

Eros et thanatos

Le tueur est aussi obsédé, halluciné même, par une femme énigmatique dont l’image, projetée sur un écran (le film dans le film) se confond avec la réalité. Est-elle morte, est-elle vivante ? Les femmes, présentes dans tous les films de Seijun Suzuki, ont ici acquis un statut qui les place à égalité avec le héros masculin, interprété par Jô Shishido dont l’étrange visage ajoute au mystère du conte. L’attraction qu’exercent les femmes sur le tueur vaut des enchaînements de séquences, magnifiquement filmées, de jeux érotiques entre le tueur et ses vénéneuses compagnes.

Film le moins conventionnel d’un cinéaste anticonformiste, La Marque du tueur déroutera quiconque s’attend à voir un film de gangsters respectant les codes du genre, mais pourra séduire celles et ceux prêts à s’ouvrir à une expérience cinématographique hors du commun.

Édition - 8 / 10

Le montage graphique repris sur la jaquette, l’étui et la sérigraphie des deux disques du combo DVD/Blu-ray s’accordait mieux à Détective Bureau 2-3 et La Jeunesse de la bête qu’à La Marque du tueur.

Menu animé et musical, aux couleurs de MasterClass : La Collection des Maîtres éditée par Elephant Films. Le film, d’une durée de 91 minutes, au format original 2.35, est présenté dans sa seule version originale, avec sous-titres français optionnels.

En supplément, une captivante présentation du film (14’) par Charles Tesson, critique et historien du cinéma, qui montre comment Seijun Suzuki s’affranchit totalement de tous les formatages, bouscule les codes, comme pour ce duel au pistolet dans un tunnel où il reprend la gestuelle des films de sabre. Il établit également un parallèle, surprenant mais justifié, avec Sueurs Froides (Vertigo) d’Alfred Hitchcock.

Pour finir, une galerie de photos (12) et une bande-annonce bâclée, déformée par la compression au format 4/3 de l’image en cinémascope.

L’image (1080p, AVC), bénéficiant de l’impeccable restauration opérée en 2011 pour l’édition Criterion, a été débarrassée de toutes les marques du temps, sans lissage excessif. La définition est parfaite, avec de solides contrastes (à l’exception de quelques très rares séquences où ils sont trop doux) et des noirs suffisamment denses.

Le son DTS-HD Master Audio 1.0 (et non 2.0 comme indiqué au dos de l’étui) est propre et profite d’une excellente dynamique et d’un bon équilibre entre les dialogues et un accompagnement musical recherché, en harmonie avec l’esthétique visuelle du film.

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
8 / 10
Avis

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Philippe Gautreau
Le 9 décembre 2014
Film le moins conventionnel d’un cinéaste anticonformiste : une expérience cinématographique hors du commun.

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