Jusqu'au dernier : La destruction des Juifs d'Europe (2014) : le test complet du Blu-ray

Réalisé par William Karel

Édité par ZED

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Le 19/02/2015
Critique

Photo Jusqu'au dernier : la destruction des Juifs d'Europe

Ce documentaire en huit chapitres rappelle le sort réservé aux Juifs depuis l’arrivée au pouvoir d’Adolf Hitler jusqu’aux années d’après-guerre. Tenus par les nazis pour responsables de la crise économique, accusés de comploter pour  » dominer le monde « , ils seront mis au ban de la société, en septembre 1935, par les lois de Nuremberg, puis victimes de violences répétées avant que ne se mette en marche un plan d’extermination, la  » solution finale « . Le bilan est impensable : environ 6 millions de morts, soit les deux tiers des Juifs d’Europe.

Jusqu’au dernier : La destruction des Juifs d’Europe est une réalisation conjointe de Blanche Finger et de William Karel, l’un des meilleurs documentaristes français. Dix de ses oeuvres sont disponibles en vidéo, dont Au coeur de la Maison Blanche : les coulisses du bureau ovale (2012), une excellente analyse de La Crise de 29 (2009), Mais qui a tué Maggie ? (2009), une passionnante enquête sur la chute de Maggie Thatcher, Le Monde selon Bush (2004), CIA : Guerres secrètes (2003).

William Karel a ajouté à son oeuvre de documentariste deux curiosités : Opération Lune, une farce documentaire (mockumentary) remettant en cause la réussite de la mission Apollo 11 et Meurtres à l’Empire State Building (2008), une habile construction d’un film par l’assemblage d’extraits d’une quarantaine de films noirs des années 30-40.

Photo Jusqu'au dernier : la destruction des Juifs d'Europe

Jusqu’au dernier : La destruction des Juifs d’Europe, en huit épisodes de 55 minutes, intercale des films d’archive et des photos, commentés par Yvan Attal et Lambert Wilson, et des entretiens avec une quarantaine d’intervenants, historiens pour la plupart. Leurs propos en plusieurs langues, français, anglais, allemand, polonais, hébreu sont traduits dans notre langue en voice-over.

Bien que le documentaire ne s’attarde pas sur l’horreur, certaines scènes filmées, souvent par des soldats allemands, sont difficilement soutenables, telles celles du massacre à coups de barre de fer de civils par des Lituaniens. D’autres, moins violentes, les corps squelettiques de survivants des camps, les regards d’enfants en gros plans, sont tout aussi terrifiantes.

Le documentaire revient sur les causes du mal, l’ascension d’Adolf Hitler, la stigmatisation des Juifs, accusés de la ruine des classes moyennes, les stéréotypes visant à en faire des Untermenschen. Il démonte avec clarté l’engrenage qui conduira, avec le soutien, voire la participation active des populations locales, aux exécutions massives par les Einsatzgruppen sur le front de l’Est, à la famine organisée dans les ghettos, à l’industrialisation de la mort dans les camps de concentration.

Un autre mérite du film est de rappeler que la fin de la guerre et l’ouverture des camps de concentration sont loin d’avoir marqué la fin des souffrances des Juifs, encore exposés à des pogromes en Pologne (à Kielce, 42 survivants des camps furent tués le 4 juillet 1946), enfermés dans des camps de réfugiés faute d’avoir trouvé un pays d’accueil, suspectés d’avoir survécu à l’enfer des camps aux dépens de ceux qui n’en sont pas revenus…

Une large place est également accordée aux procès des criminels de guerre, à commencer par celui de Nuremberg qui se termine le 30 septembre 1946 par la condamnation à mort de 12 chefs nazis. Suivront, dans l’indifférence du grand public, en 1947, le procès des Einsatzgruppen, puis, beaucoup plus tard, ceux de nazis qui s’étaient cachés à l’étranger, celui d’Adolf Eichmann, condamné à mort en Israël en 1962, celui de Franz Stangle, jugé à Düsseldorf en 1967 avec d’autres responsables du camp de Treblinka, et celui de Klaus Barbie, jugé à Lyon en 1987.

Ne furent poursuivis que ceux qui avaient donné les ordres. Ceux qui les ont exécutés, même avec zèle, sont passés entre les mailles du filet de la justice internationale.

Un soigneux découpage, évitant les redites, et un montage bien organisé assurent la clarté et la cohérence de ce documentaire exemplaire.

Photo Jusqu'au dernier : la destruction des Juifs d'Europe

Édition - 8 / 10

Dans ce coffret Blu-ray, les huit épisodes de 55 minutes chacun sont répartis sur trois disques dans un boîtier bien conçu, inséré dans un étui cartonné. Le menu musical est sobrement décoré d’un engrenage, frappé de la swastika, tournant presque imperceptiblement, mais implacablement.

Interactivité limitée : la version française est seule disponible, sans possibilité d’entendre les intervenants dans leur langue avec sous-titrage. Pas de sous-titres pour malentendants.

Les bonus ne s’imposent pas nécessairement pour les documentaires. On aurait, toutefois, apprécié que William Karel nous donne quelques informations sur le travail, certainement énorme, effectué pour le choix des archives, pour la sélection des très nombreux intervenants, sur les options de découpage et de montage…

Il faut se contenter d’un court reportage de 14 minutes filmé à Berlin dans le Mémorial aux Juifs assassinés d’Europe, qui fut inauguré le 10 mai 2005, recueillant les impressions de visiteurs de tous âges et de toutes nationalités sur l’intérêt d’entretenir le souvenir de la Shoah en des temps où l’antisémitisme semble ressurgir.

Photo Jusqu'au dernier : la destruction des Juifs d'Europe

Très propres, les archives sélectionnées ont probablement été restaurées. Elles ont été recadrées au format 1.78 (codec AVC), sans que leur géométrie soit jamais déformée comme cela arrive trop souvent. Les intervenants sont filmés en plan fixe avec un bon étalonnage des conteurs et des contrastes.

Le son DTS-HD Master Audio 2.0 assure une parfaite compréhension des commentaires et de la traduction des déclarations des intervenants et donne une bonne ampleur à la musique originale de Greco Casadesus.

Photo Jusqu'au dernier : la destruction des Juifs d'Europe

Crédits images : © ZED

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
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Philippe Gautreau
Le 19 février 2015
Une des présentations les plus claires et les plus complètes de la Shoah, réalisé par William Karel, un de nos meilleurs documentaristes.

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