L'Amant (1991) : le test complet du Blu-ray

Édition Collector Blu-ray + DVD

Réalisé par Jean-Jacques Annaud
Avec Jane March, Tony Leung Ka Fai et Frédérique Meininger

Édité par Pathé

Voir la fiche technique

Avatar Par
Le 02/04/2015
Critique

Photo L'amant

Indochine, fin des années 20. Sur le bac qui traverse le Mékong en direction de Saïgon, une jeune française de 15 ans et demi qui vit avec sa mère, une institutrice besogneuse, et ses deux frères, pour lesquels elle éprouve un étrange mélange de tendresse et de mépris, rencontre le Chinois, un homme riche et élégant de 32 ans, qui lui propose de terminer le voyage dans sa limousine. Ensemble, ils connaîtront une passion dévorante, charnelle et irraisonnée. Une passion faite de désir et de souffrance. Une relation interdite dont l’issue est déjà écrite.

En 1988, Jean-Jacques Annaud connaît son plus grand succès en France avec L’Ours, qui attire plus de 9 millions de spectateurs dans les salles. Claude Berri lui propose alors d’adapter le best-seller mondial de Marguerite Duras, L’Amant, traduit en 43 langues et Prix Goncourt en 1984, une autofiction centrée sur les expériences sexuelles et amoureuses durant l’adolescence de l’écrivaine, dans l’Indochine des années 1930. Jean-Jacques Annaud décline tout d’abord. Claude Berri pense donc à Michael Cimino qui refuse également. Puis, le réalisateur de La Guerre du feu revient sur sa décision et décide finalement de s’atteler à cette transposition avec l’aide de son fidèle coscénariste Gérard Brach. L’Amant sera son prochain long métrage.

Photo L'amant

Cette coproduction franco-britannico-vietnamienne au budget conséquent de 30 millions de dollars est aussi merveilleuse que les précédents chefs-d’oeuvre du cinéaste. Rétrospectivement, L’Amant s’apparente à une parenthèse charnelle, sensuelle et envoûtante dans la carrière de Jean-Jacques Annaud. Tous les plans et chaque décor naturel, magnifiquement éclairés par le chef opérateur Robert Fraisse (Sept ans au Tibet, Stalingrad, N’oublie jamais), s’apparentent à des tableaux à travers lesquels nous ressentons l’atmosphère moite et les senteurs des rives du Mékong, tandis que la crudité des scènes de sexe étonnent et bouleversent toujours autant aujourd’hui.

Les comédiens sont merveilleux et le couple principal, Jane March et Tony Leung Ka-Fai, d’une beauté à couper le souffle. A la virtuosité de la mise en scène de Jean-Jacques Annaud, s’ajoutent la voix troublante de Jeanne Moreau et la musique enivrante de Gabriel Yared. L’Amant est une expérience de cinéma unique, une fresque extraordinaire et prestigieuse qui fait la part belle aux sensations et au ressenti, qui reste gravée dans les mémoires de tous les cinéphiles.

Ayant finalement renoncé à cette adaptation car se sentant dépossédée de son histoire, Marguerite Duras décide de réécrire son livre sous le titre L’Amant de la Chine du Nord, qui sera finalement publié avant la sortie du film dans les salles françaises en janvier 1992. Un succès de plus pour Annaud puisque L’Amant totalise finalement plus de 3 millions de spectateurs.


Photo L'amant

Présentation - 5,0 / 5

Le Blu-ray et le DVD de L’Amant reposent dans un superbe Digipack dans la collection Version restaurée par Pathé, glissé dans un fourreau cartonné du plus bel effet, reprenant le célèbre visuel de l’affiche du film. Le menu principal est très élégant, animé et musical.

Bonus - 5,0 / 5

Pathé reprend l’intégralité des suppléments disponibles sur l’ancienne édition DVD sortie il y a près de quinze ans. Autant dire qu’il y a de quoi faire, surtout que Jean-Jacques Annaud a enregistré pour l’occasion un commentaire audio.

On commence donc par cet indispensable commentaire audio du réalisateur. Nous ne le répéterons jamais assez, mais c’est toujours un immense plaisir d’écouter ce grand metteur en scène français parler de son travail. Cinéphile, passionné et passionnant, Annaud revient sur son sixième film (qu’il n’a alors pas revu depuis plusieurs années) durant près de deux heures sans jamais s’arrêter de parler, de la première à la dernière seconde. La genèse et les partis pris esthétiques du film, les conditions de tournage, le travail avec les comédiens, les repérages faits avant le tournage, la collaboration avec Gérard Brach au scénario, les anecdotes s’enchaînent sur un rythme effréné ! Le cinéaste évoque également ses conversations gratinées avec Marguerite Duras. Un très grand commentaire audio.

S’ensuit un magnifique making of d’époque (51’) réalisé avant, pendant et après le tournage de L’Amant. Les sensationnelles images de tournage montrent l’équipe qui s’affaire autour de Jean-Jacques Annaud, omniprésent, maître de son plateau. Nous le voyons à l’oeuvre avec ses comédiens, s’adresser à la caméra pour parler du roman de Marguerite Duras, de sa transposition à l’écran, du casting (avec des images incroyables des jeunes filles qui ont postulé pour le rôle principal), la découverte de Jane March (images de ses essais devant la caméra) et de Tony Leung, des thèmes abordés, des scènes de sexe à l’écran, des conditions de tournage au Vietnam. Quelques images dévoilent également Annaud en plein travail avec son co-scénariste Gérard Brach, ainsi que la création des costumes et des décors. Ce documentaire complète parfaitement le commentaire audio.

Photo L'amant

L’entretien entre Marguerite Duras et Jean-Jacques Annaud (12’) est un véritable complément au film. Il débute par un texte écrit par Annaud sur les conditions de cette entrevue qui s’est déroulée le 18 janvier 1990 chez Marguerite Duras, quelques semaines après sa sortie de l’hôpital où l’écrivaine a passé 5 mois dans un coma artificiel. Jusqu’à l’enregistrement de cet entretien, Jean-Jacques Annaud ne l’avait jamais rencontrée. Annaud et Duras évoquent ensuite leurs opinions, souvent commune, sur des sujets divers et variés, tout en évoquant les thèmes de L’Amant et sa future adaptation cinématographique à l’aide de photos de repérages effectués par le cinéaste en vue d’y tourner son film. Notons que le son n’est parfois pas toujours audible, d’autant plus que Marguerite Duras, qui venait de subir une trachéotomie, apparaît très fatiguée et diminuée.

L’éditeur joint ensuite un montage constitué d’images inédites et de plans alternatifs de la séquence des deux amies nues dans leur lit, celle de la rencontre sur le bac, et celle du baiser contre la vitre de la voiture (9’). Issues d’un support inexploité, le son a été égaré, mais les images sont portées par la splendide composition de Gabriel Yared, comme un véritable film muet.

La section intitulée Les Visuels du film est en réalité une galerie de photos animée et musicale, tirées du film (6’). Une autre galerie de clichés issus des repérages et du plateau (7’) est également disponible, chaque photo étant accompagnée d’une petite note de Jean-Jacques Annaud. Soyez vigilants car la galerie défile très vite et vous n’aurez parfois que très peu de temps pour lire la petite inscription.

Enfin, une dernière galerie compile des photos de Jane March (1’), posant devant l’objectif avec le livre de Marguerite Duras, dans toutes les langues du monde.

L’interactivité se clôt sur le film-annonce restauré en HD, ainsi que sur le film-annonce instrumental.

Photo L'amant

Image - 5,0 / 5

Précédemment sorti en DVD en 2001, L’Amant de Jean-Jacques Annaud avait sérieusement besoin d’un bon lifting. Ce chef-d’oeuvre nous revient en Haute Définition dans une nouvelle et superbe copie entièrement restaurée en 2014 par Pathé à partir d’un master 4K. Ce Blu-ray renforce les contrastes et la densité des noirs. L’image est stable, entièrement débarrassée de scories diverses et variées, les couleurs sont ardentes, vives et chatoyantes, le grain cinéma respecté, certains décors brillent de mille feux, les détails sont légion aux quatre coins du cadre, le relief des textures demeure palpable tout du long. Les décors affichent une luminosité inédite, tout comme un relief inattendu, un piqué pointu et une profondeur de champ assez inouïe.

Les nombreux défauts constatés sur l’ancienne et caduque édition DVD (tâches, bruit vidéo, poussières) ont été éradiqués. L’Amant tire pleinement profit de la HD. Pour cette raison, nous n’hésitons pas à donner la note maximale à ce Blu-ray, car il serait vraiment difficile de faire mieux.

Son - 5,0 / 5

Les versions originale (anglaise donc) et française sont proposées dans de nouveaux mixages DTS-HD Master Audio 5.1, de semblable qualité, même si certains puristes regretteront le mixage original. La magnifique partition de Gabriel Yared trouve ici un coffre inédit, un nouvel écrin acoustique riche et dynamique, percutant, jamais entaché par un souffle quelconque. Ces mixages éclatants combinent la musique et les bruitages (la pluie !) avec une fluidité et une ampleur exemplaires. Les latérales soutiennent solidement l’ensemble et instaurent un grand confort phonique.

Les sous-titres français pour sourds et malentendants sont également disponibles, ainsi qu’une piste en Audiovision. Notons également que les sous-titres français sont imposés sur la version originale et que le changement de langue nécessite le retour au menu contextuel.

Photo L'amant

Crédits images : © Pathé

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm