Saint Laurent (2014) : le test complet du Blu-ray

Réalisé par Bertrand Bonello
Avec Gaspard Ulliel, Jérémie Renier et Louis Garrel

Édité par EuropaCorp

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Le 27/02/2015
Critique

Photo Saint Laurent

1967 - 1976. La rencontre de l’un des plus grands couturiers de tous les temps avec une décennie libre. Aucun des deux n’en sortira intact.

Nous ne comparerons pas Saint Laurent de Bertrand Bonello au Yves Saint Laurent de Jalil Lespert avec Pierre Niney dans le rôle-titre (César du meilleur acteur en 2015). C’est inutile puisque les deux films n’ont absolument rien en commun à part évidemment le personnage principal. Si le film de Lespert était un biopic répondant honnêtement au cahier des charges du genre, l’oeuvre, le chef-d’oeuvre de Bertrand Bonello n’est en rien une hagiographie.

Le réalisateur du splendide L’Apollonide (Souvenirs de la maison close), signe un film extraordinaire, en se mesurant à un mythe à travers une adaptation libre, décalée et sans concession de la vie du célèbre couturier (1936-2008). Sur une décennie précise, Bonello privilégie l’aspect visuel, romanesque, viscontien de Saint Laurent. Le lien se fait d’ailleurs avec le choix d’Helmut Berger, acteur fétiche de Luchino Visconti, qui interprète ici YSL âgé, avec la voix d’Ulliel… qui se retrouve à regarder Les Damnés à la télévision, seul dans son salon. Photo Saint Laurent

Véritable expérience sensorielle, Saint Laurent offre à Gaspard Ulliel un rôle en or et s’avère particulièrement bluffant, brillant, superbe même, dans la ressemblance physique, la diction particulière du créateur. Il parvient à restituer les contradictions, la passion, le mal-être, la solitude, la dépendance et la fragilité du couturier avec une sobriété et une retenue impressionnantes. Louis Garrel, Léa Seydoux, Amira Casar, Aymeline Valade, Jasmine Trinca, Valeria Bruni Tedeschi, Dominique Sanda complètent parfaitement le casting. Bonello ne signe pas un film sur l’homme en train de créer, mais sur un homme qui tente de vivre avec le monstre qu’il a créé, un homme devenu une marque. Plus de nom, juste trois lettres. Les excès sont montrés, comme dans le film de Jalil Lespert, mais Bonello montre aussi le spleen, l’ennui, la dissolution d’un esprit créatif.

Au-delà de la reconstitution des soirées branchées, des défilés et des ateliers de création, des costumes (seul César ayant récompensé le film, un scandale) et des décors, Saint Laurent montre aussi l’intraitable direction d’un empire, mené par un monstre à deux têtes, YSL donc, mais aussi et surtout Pierre Bergé, incarné par Jérémie Rénier, qui campe un homme d’affaires et mécène impitoyable (la scène de transactions franco-américaine qui dure 8 minutes), partagé entre son amour pour le couturier-créateur et la conduite de son empire. Il n’est donc pas étonnant que Pierre Bergé, qui avait donné son aval et ouvert les collections YSL pour la version de Lespert, ait tenté d’empêcher la production de cette mouture.

Bertrand Bonello prend donc YSL comme un véritable personnage de cinéma avant de le «  représenter  ». Le cinéaste bouleverse la temporalité, sa narration, croise le passé, le présent et le futur en faisant perdre ses repères aux spectateurs, par l’usage de la voix-off, en ayant recours au split-screen ici «  Mondrianesque  », une des plus belles idées de ces dernières années. Suprêmement élégant et intelligent, soutenu par une B.O. sensationnelle, Saint Laurent est un merveilleux objet de cinéma, une fresque fascinante, fulgurante et onirique qui n’a pas fini d’envoûter les cinéphiles qui le découvriront.

Photo Saint Laurent

Édition - 7 / 10

Le Blu-ray de Saint Laurent repose dans un boîtier classique de couleur bleue. Le visuel de la jaquette reprend celui de la superbe affiche du film. Le menu principal est très beau, animé et musical.

Dans deux modules, le réalisateur Bertrand Bonello et les acteurs s’expriment sur les partis pris du film et les personnages, à travers des propos sans véritable intérêt. Quelques images de tournage illustrent l’ensemble. Cela ne dure que 4 minutes au total. C’est tout, c’est trop peu.

Saint Laurent était très attendu en HD, surtout qu’Europa chiade toujours le service après-vente. L’image bénéficie d’un codec AVC de haut niveau, renforçant les contrastes, ainsi que les détails aux quatre coins du cadre. Voici typiquement le genre de film qui tire entièrement parti de cette élévation en HD. Les visages des comédiens peuvent être analysés sous toutes les coutures (elle était facile…), tout comme les costumes avec les matières palpables, les coiffures. Les couleurs sont flamboyantes, la photo vintage de la chef opératrice Josée Deshaies (Jacky au royaume des filles, L’Apollonide (Souvenirs de la maison close)) est resplendissante et marquée par un grain flatteur caractéristique du tournage en 35mm. Seul le piqué n’est pas aussi ciselé que nous l’espérions.

Point de Stéréo à l’horizon, seulement un mixage DTS-HD Master Audio 5.1. Le confort acoustique est largement assuré avec une délivrance ardente des dialogues, des effets frontaux riches et équilibrés, et un soutien des latérales intervenant à bon escient. La musique est toujours exsudée avec force aux quatre coins cardinaux, le caisson de basses souligne allègrement les scènes de soirées branchées, les ambiances et effets naturels étant régulièrement appréciables.

L’éditeur joint également une piste Audiodescription ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Photo Saint Laurent

Crédits images : © Mandarin Cinéma - EuropaCorp - Orange Studio - Arte - Scope Pictures/Carole Bethuel

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm
Note du disque
7 / 10
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Franck Brissard
Le 22 février 2015
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