Ali Baba et les 40 voleurs (1954) : le test complet du Blu-ray

Ali Baba, serviteur du riche Cassim, tombe amoureux de la belle Morgiane. Celle-ci, danseuse pour Cassim, vaut très cher et quand Ali Baba découvre la cachette d’une bande de voleurs, il a l’idée de s’approprier le trésor caché afin de racheter Morgiane. Toutefois les quarante voleurs ne comptent pas se laisser dépouiller si facilement.

Malgré leurs scores tout à fait honorables au box-office, Rendez-vous de juillet (1,9 million d’entrées), Rue de l’estrapade (1,4) et Casque d’or (1,9) sont considérés comme des semi-échecs pour Jacques Becker, lui dont les films attiraient facilement le double de spectateurs. Alors qu’il sort du triomphe de Touchez pas au grisbi (4,7 millions d’entrées), le réalisateur accepte une oeuvre de commande, Ali Baba et les 40 voleurs avec Fernandel, la plus grande star française à l’époque, dans le rôle principal. Nanti d’un budget conséquent, de décors grandioses et d’une technologie lui permettant de tourner quelques séquences en relief, Jacques Becker emballe en six semaines un merveilleux conte pour les petits et les grands, fait de couleurs étincelantes, de décors grandioses et de magie avec cette sublime caverne aux merveilles qui s’ouvre sur le célèbre Sésame, ouvre-toi !

Prenant son travail au sérieux, ce qui lui a valu de nombreuses frictions avec Fernandel, plus laxiste mais plus paresseux également, Jacques Becker nous plonge dans l’univers fantastique des Mille et Une Nuits - reconstitué au Maroc - avec des rebondissements, des scènes de bataille, une élégance raffinée et un humour qui fait mouche.

Bien sûr, vu au premier degré aujourd’hui, le personnage d’Ali Baba peut paraître antipathique en s’autoproclamant prophète et donc intermédiaire entre Allah et les pauvres, en se faisant mousser, mais surtout en s’enrichissant sur des biens volés avec lesquels il s’achète la plus grande demeure de la cité, tout en faisant de ses anciens amis ses majordomes. Il n’hésite pas à acheter sa femme, qui n’a pas son mot à dire d’autant plus qu’elle paraît «  consentante  ». L’image de fin qui la voit courir aux côtés d’Ali Baba, bien installé sur son mulet, est représentatif de la figure féminine du film. Mais bon. Ali Baba et les 40 voleurs reste aujourd’hui un superbe divertissement, le jeu de Fernandel fonctionne toujours, l’enchantement agit grâce à l’implication d’un cinéaste qui a toujours voulu rendre la copie la plus propre possible aux spectateurs pour qui il avait le plus profond respect.

C’est sans nul doute grâce à cette noble philosophie que les oeuvres et chefs d’oeuvres de Jacques Becker ont toujours eu de nombreux défenseurs (dont François Truffaut dans sa «  politique des auteurs  ») et qu’ils demeurent encore aujourd’hui plaisants. A sa sortie à la veille de Noël 1954, Ali Baba et les 40 voleurs remporte un grand succès et attire plus de 4 millions de français dans les salles.

Le test du Blu-ray d’Ali Baba et les 40 voleurs a été réalisé sur check-disc. Le menu principal est animé sur la chanson d’Ali Baba entonnée par Fernandel au début du film. Le visuel de la jaquette est très laid et indigne de ce beau divertissement.

Studiocanal ne fournit qu’un petit documentaire rétrospectif intitulé Sésame, ouvre-toi ! (26’). Malgré sa courte durée, ce module demeure bien sympathique grâce aux interventions de Jean Becker (fils de Jacques Becker et assistant sur le film), Valérie Vignaux (historienne du cinéma) et Frédéric Valmont (spécialiste de Fernandel), qui reviennent sur la genèse d’Ali Baba et les 40 voleurs, le casting (Jacques Becker imaginait Henri Salvador pour le rôle principal), les frictions entre Fernandel (la star, qui avait un droit de regard sur les prises retenues au montage et les gros plans) et le réalisateur durant les six semaines de tournage, sans oublier les anecdotes de tournage et un argument très intéressant avancé par Valérie Vignaux quant à une filiation entre Jacques Becker et François Truffaut, ardant défenseur du film à sa sortie.

Magnifiquement restauré, le nouveau master HD d’Ali Baba et les 40 voleurs est une vraie merveille, restituant au procédé Eastmancolor ses teintes flamboyantes et sa luminosité. D’une propreté absolue, cet étincelant Blu-ray au format 1080p en met plein la vue avec ses contrastes d’une densité inouïe, son piqué acéré, son relief et ses détails inattendus comme la sueur qui perle sur le visage des comédiens (recouverts de fond de teint) et les trésors de la caverne. La compression AVC consolide l’ensemble, la définition demeure exemplaire hormis un léger bruit vidéo par moments bien qu’anecdotique, les noirs sont concis, la copie stable et le grain original respecté.

Également restaurée, la piste DTS-HD Master Audio Mono instaure un très bon confort acoustique avec des dialogues plutôt fluides et nets, laissant également une belle place à la composition orientale de Paul Misraki (Alphaville, une étrange aventure de Lemmy Caution). Aucun souffle sporadique n’est à déplorer et les ambiances annexes sont palpables. Signalons tout de même quelques légères résonances et sensibles saturations.

L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste en Audiodescription.

Crédits images : © Studiocanal