Réalisé par Olivier Assayas
Avec
Juliette Binoche, Kristen Stewart et Chloë Grace Moretz
Édité par Orange Studio
À l’apogée de sa carrière internationale, Maria Enders est invité à jouer dans une reprise de la pièce qui l’a rendu célèbre, il y a de cela 20 ans. Mais à l’époque, elle a joué le rôle de Sigrid, une jeune fille séduisante qui désarme et finalement conduit sa patronne Helena au suicide. Maintenant, elle est invité à interpréter l’autre rôle, celui de la plus âgée, Helena.
To be or not to Binoche
Alors qu’Assayas a participé à la mise en route de la carrière de Juliette Binoche en co-scénarisant le Rendez-vous d’André Téchniné dans lequel Binoche joue déjà avec la mise en abyme, il propose avec Sils Maria de remettre l’actrice dans un jeu de miroirs.
Miroir du temps qui passe pour l’actrice, autant que pour l’actrice qu’elle interprète dans le film. L’une et l’autre se nourrissent de cette expérience et tissent une trame dans laquelle se mélangent réalité et fiction dans un ballet d’émotions et de prises de conscience.
Miroir également du choc des cultures entres deux âges qui se frottent l’un à l’autre sans vraiment vouloir se comprendre. Miroir qui trouve en Kristen Stewart un reflet d’un naturel confondant, menant les deux actrices dans un rapport à fleur de peaux où la pièce dont il est question va révéler les propres limites de leur fonctionnement.
À l’instar de la formation nuageuse en forme de serpent qui dévale les montagnes suisses depuis l’Italie, Sils Maria ondule entre plusieurs frontières (cinéma, réalité, théâtre, amour, haine…) et offre à Juliette Binoche l’occasion de jouer entre ombre et lumière, entre femme et actrice dans un film presque documentaire.
Orange Studio propose une galette simple mais efficace pour ce film d’Olivier Assayas, passé assez inaperçu malgré sa sélection à Cannes. Boîtier simple et surétui carton vernis. Menus musicaux et lumineux. Une partie suppléments à peine suffisante et des caractéristiques techniques irréprochables.
L’émission d’Olivier Père sur Arte, accueillant Olivier Assayas lors de son passage à Cannes en 2014 est ici restituée dans son intégralité et propose un entretien simple et sans complexe à propos de la genèse du film et de ses rouages. Un sympathique et éclairant complément au film.
Le court métrage documentaire de 1924, « Le phénomène nuageux de Maloja » aperçu dans le film est proposé ici dans sa totalité et permet d’en savoir un peu plus sur le mécanisme météorologique du fameux « serpent de Maloja » qui fascine certains personnages de Sils Maria.
La partie suppléments se termine sur un court diaporama de photos du film en HD et sur fond musical.
Le tout manque singulièrement de prise de parole par les actrices…
Entre instants de nuits ou d’intérieurs et moments de plein air lumineux dans les montages suisses, la photographie du film est pour le moins contrastée. Le master et l’encodage VC-1 de ce Blu-ray lui font cependant honneur et portent cette image argentique vers une restitution sans faille, proposant force détails des visages et donnant aux paysages un naturel qui ferait presque ressentir la fraîcheur des lieux.
Aucun problème avec le son non plus grace à deux pistes DTS-HD Master Audio 5.1 et 2.0 en VOST (le film n’a pas été doublé). Il est toujours intéressant de constater que même pour un film intimiste, l’apport du 5.1 est considérable tant il permet une immersion plus poussée dans l’image et un partage presque tangible avec ce qu’il se passe à l’écran. Échos, profondeur, dialogues, ambiances… même les très rares passages musicaux profitent vraiment du multicanal face à la piste stéréo qui coupe le film d’une bonne partie de sa présence.
Crédits images : © Orange Studio