Réalisé par Denis Villeneuve
Avec
Jake Gyllenhaal, Mélanie Laurent et Sarah Gadon
Édité par Condor Entertainment
Adam, un professeur discret, mène une vie paisible avec sa fiancée Mary. Jusqu’au jour où il découvre son double parfait en la personne d’Anthony, un acteur fantasque qui lui ressemble trait pour trait. Stupéfait, il décide de mener l’enquête sur cet autre lui-même. Mais à trop vouloir fouiller dans les secrets que cache cet individu, Adam va plonger dans un engrenage le menant aux portes de la folie.
En 2011, le réalisateur québécois Denis Villeneuve a conquis le monde entier avec Incendies, l’adaptation cinématographique de la pièce à succès de Wajdi Mouawad. Suite à ce triomphe, Hollywood lui a fait les yeux doux et lui a offert son premier film américain avec Prisoners, grand succès (surestimé) de l’année 2013 avec Hugh Jackman et Jake Gyllenhaal. Entre les deux, Denis Villeneuve avait déjà emballé Enemy - bien que sorti après - avec déjà Jake Gyllenhaal en tête d’affiche, un thriller anxiogène et tortueux sur le mythe du Dopplegänger, adapté de la nouvelle L’Autre comme moi de José Saramago (publié en 2002), écrivain et journaliste portugais (1922-2010), qui reste à ce jour l’unique auteur lusophone à avoir reçu le prix Nobel de littérature.
On ressort vraiment très mitigé d’Enemy. Si Jake Gyllenhaal s’avère très bon, bien mieux que dans Prisoners d’ailleurs, dans ce double-rôle épuisant pour les nerfs et semble s’en remettre complètement au réalisateur, Denis Villeneuve a cette fois chaussé de gros sabots et livre un film plutôt prétentieux, lourdement et « trop » mis en scène (un peu à la Christopher Nolan), à tel point qu’au lieu de perdre les spectateurs dans les méandres d’un esprit torturé, il ne parvient qu’à lui livrer instantanément toutes les clés pour comprendre ce qui est réellement en train de se dérouler sous nos yeux, comme s’il sous-estimait complètement l’intelligence de son audience.
La photo jaune-pisseuse semble être à la mode, et malgré le soin apporté aux décors et à l’ambiance kafkaïenne, Enemy ne cesse de s’enfoncer par trop de symboles et de métaphores (l’araignée…). Inutile d’analyser le fond de l’histoire, d’autant plus que nous ne voulons pas spoiler le peu d’intérêt que présente finalement cette oeuvre. Nous dirons seulement que l’emprise des femmes et les désirs frustrés sont au coeur de l’intrigue.
On s’attendait à un film vertigineux et labyrinthique sur la schizophrénie, Enemy s’avère finalement une oeuvre ampoulée et maniérée à l’excès qui annihile l’émotion au profit d’une esthétique gratuite et tape-à-l’oeil. A trop vouloir en faire, Denis Villeneuve dévoile trop, dévoile tout. N’est pas David Lynch qui veut…
La jaquette du Blu-ray est sensiblement différente du visuel de l’affiche du film… et mine de rien en dit beaucoup sur le personnage principal. Elle est glissée dans un boîtier classique de couleur bleue, le tout glissé dans un surétui cartonné. Le menu principal est animé et musical. Notons une coquille au verso de la jaquette, qui indique un encodage VC-1 alors qu’il s’agit bel et bien d’un codec AVC.
En guise de supplément, Condor nous confie une interprétation d’Enemy (10’) réalisée par le « youtuber » François Theurel, alias « le Fossoyeur de Films », qui revient en profondeur sur les multiples interprétations du film. A voir évidemment après le film.
Condor Entertainment se devait d’offrir un service après-vente remarquable pour la sortie dans les bacs d’un de leurs plus gros titres à ce jour. L’éditeur prend donc soin du drame psychologique de Denis Villeneuve et livre un master HD (1080p) quasi-irréprochable au transfert immaculé. Respectueuse des volontés artistiques originales concoctées par Nicolas Bolduc, la copie d’Enemy se révèle un petit bijou technique avec des teintes chaudes, ambrées et dorées (des filtres jaunes pour résumer), une palette chromatique spécifique, le tout soutenu par un encodage de haute volée. Le piqué, tout comme les contrastes, sont tranchants, les arrière-plans sont magnifiquement détaillés, le relief omniprésent et les détails foisonnants sur le cadre large. Hormis quelques légers fléchissements sur les scènes sombres, cette édition Blu-ray en met souvent plein la vue.
En anglais comme en français, les pistes DTS-HD Master Audio 5.1 assurent le spectacle acoustique avec brio. Si la langue de Molière n’est pas aussi dynamique et riche que la version originale, elle n’en demeure pas moins immersive. Dans les deux cas, la balance frontale en met plein les oreilles. Quelques scènes sortent du lot avec un usage probant des ambiances latérales et du caisson de basses. La musique profite également d’une belle délivrance, mettant toutes les enceintes à contribution, même à volume peu élevé.
Le changement de langue est impossible à la volée et nécessite le retour au menu contextuel. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale.
Crédits images : © Capelight Pictures