Quand vient la nuit (2014) : le test complet du Blu-ray

The Drop

Réalisé par Michaël R. Roskam
Avec Tom Hardy, Noomi Rapace et James Gandolfini

Édité par 20th Century Studios

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Le 23/04/2015
Critique

Photo Quand vient la nuit

Bob Saginowski, barman solitaire, suit d’un regard désabusé le système de blanchiment d’argent basé sur des bars-dépôts - appelés  » Drop bars  » - qui sévit dans les bas-fonds de Brooklyn. Avec son cousin et employeur Marv, Bob se retrouve au centre d’un braquage qui tourne mal. Il est bientôt mêlé à une enquête qui va réveiller des drames enfouis du passé…

Dennis Lehane est aujourd’hui un des plus grands noms de la littérature policière américaine. L’univers sombre de l’écrivain a d’ailleurs attiré l’oeil des producteurs à Hollywood et a jusqu’à maintenant été très bien servi par de grands noms qui ont su restituer l’âme torturée de ses oeuvres, Clint Eastwood avec Mystic River (2003), Ben Affleck avec Gone Baby Gone (2007), Martin Scorsese avec Shutter Island (2010). Il faudra désormais compter sur Quand vient la nuit, inspiré d’une nouvelle de Dennis Lehane (Sauve qui peut), transposée pour le cinéma par l’écrivain lui-même et adapté par Michaël R. Roskam, révélé en 2012 avec Bullhead, nommé à l’Oscar du meilleur film en langue étrangère. Le cinéaste flamand s’empare merveilleusement de cette nouvelle sombre et retranscrit parfaitement la psychologie des personnages qui font le sel des romans de Lehane, des solitaires qui rentrent en collision dans des décors sombres, poisseux et peuplés de fantômes.

Pour sa première aventure américaine et son premier film en langue anglaise, Michaël R. Roskam s’entoure d’un casting international et hétéroclite composé de Tom Hardy (britannique), Noomi Rapace (suédoise), Matthias Schoenaerts (flamand), James Frecheville (australien) et James Gandolfini (américain) dans son dernier rôle au cinéma. Chacun apporte cette musicalité spécifique au melting-pot cher à Lehane. Quand vient la nuit est un conte de fées très sombre, merveilleusement photographié par le chef opérateur Nicolas Karakatsanis (Bullhead), qui plonge le spectateur au centre d’une plaque tournante, un bar servant de «  dépôt  » pour les trafics divers et variés dans un quartier peu fréquentable de Brooklyn. Les tenanciers du bar, Marv et son cousin Bob, et les habitués du lieu errent comme des zombies et tentent d’oublier leur quotidien sans intérêt, en obéissant à la petite mafia locale. Sans broncher.

Photo Quand vient la nuit

Si James Gandolfini s’avère toujours impérial, c’est Tom Hardy qui une fois de plus tire son épingle du jeu en livrant une prestation riche et ambiguë. Son personnage, Bob, bonhomme à tout faire, un peu simplet et cabossé par la vie, prêt à tout pour éviter les moindres problèmes et que le ton monte autour de lui, se dévoile progressivement au fil d’une intrigue rédemptrice (une rencontre grâce à un chiot blessé retrouvé dans une poubelle), même si au final le renversement se devine bien longtemps à l’avance pour celles et ceux qui seraient habitués au style de Lehane.

Quand vient la nuit est un redoutable polar, qui s’amuse à nous triturer les tripes tout en flattant les yeux avec une esthétique stylisée, maîtrisée et en parfaite adéquation avec le monde agressif et désenchanté de Dennis Lehane, que nous vous conseillons fortement.

Photo Quand vient la nuit

Présentation - 3,5 / 5

Le Blu-ray de Quand vient la nuit repose dans un boîtier classique de couleur bleue. La jaquette reprend le visuel de l’affiche du film. Le menu principal est élégant, animé et musical.

Bonus - 4,0 / 5

On commence cette section par un commentaire audio complice (et en VOSTF) du réalisateur Michaël R. Roskam et de l’écrivain Dennis Lehane. Pendant près de deux heures, les deux collaborateurs s’expriment sur les partis pris de cette adaptation, le casting, l’ambiance, l’approche des personnages. Si l’ensemble tombe parfois dans le concours de louanges («  c’est génial !  » « merci !  » «  Alors ça c’est magnifique  » «  merci encore !  »), ce commentaire audio mérite qu’on lui accorde une petite écoute attentive.

Nous retrouvons ensuite Michaël R. Roskam et Dennis Lehane, qui commentent cette fois les scènes coupées (6’). Ces quatre séquences laissées sur le banc de montage n’apportent rien à l’histoire et leur intérêt demeure limité… à moins que de voir Tom Hardy retirer des décorations de Noël vous laisse pantois d’admiration…

L’éditeur joint également un lot de featurettes liées au tournage de Quand vient la nuit : De la nouvelle au film (4’), Making of (4’), Le choix de Brooklyn (4’), Le chien Rocco (2’), A propos de James Gandolfini (2’). Ces petits modules demeurent classiques et constitués d’images de tournage et du plateau, d’interviews de l’équipe du film (le réalisateur, le scénariste Dennis Lehane, les producteurs, les comédiens), tous essayant de répondre aux questions sur les thèmes du film, la psychologie des personnages, les conditions des prises de vue à Brooklyn…

L’interactivité se clôt sur une galerie de photos et la bande-annonce de Quand vient la nuit.

Photo Quand vient la nuit

Image - 5,0 / 5

Les partis pris esthétiques sont respectés avec un léger grain cinéma conservé qui confère à l’image une agréable texture, une gestion des contrastes (tranchants) fabuleuse, et des séquences sombres aussi soignées. Le piqué est également savamment pris en charge par un codec AVC de haute volée et demeure ciselé tout du long. La superbe photo du chef opérateur Nicolas Karakatsanis (Bullhead) est superbement retranscrite avec un beau lot de détails sur les séquences diurnes, aux quatre coins du cadre large. Ces dernières sont d’ailleurs lumineuses, la profondeur appréciable, la colorimétrie froide, glaciale, vive, contraste avec les spots chauds et bigarrés des séquences de bar, tandis que le relief demeure palpable. N’oublions pas la densité des noirs et la clarté des blancs brûlés. Au final, Fox nous livre un remarquable master HD de Quand vient la nuit.

Son - 4,5 / 5

Sans aucune surprise, seule la version originale bénéficie d’un gonflage en DTS-HD Master Audio 5.1, tandis que la piste française est proposée en DTS 5.1. Si elle n’a souvent rien à envier à son homologue, la langue de Molière est souvent trop canalisée sur le report des voix et manque d’équilibre. La piste anglaise apparaît nettement plus fluide avec une réelle homogénéité entre les dialogues, les effets annexes et l’excellente composition de Marco Beltrami et Raf Keunen (Le Temps de l’aventure, Bullhead). C’est d’ailleurs sur les plages musicales que l’ensemble des enceintes est mis à contribution avec un caisson de basses ravit de se mêler à la partie.

Photo Quand vient la nuit

Crédits images : © 20th Century Fox

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm