Réalisé par Bobby Farrelly
Avec
Jim Carrey, Jeff Daniels et Rob Riggle
Édité par Metropolitan Film & Video
Vingt ans après, Lloyd et Harry sont toujours amis - et toujours aussi débiles ! Quand ils apprennent qu’Harry est père, les deux amis se lancent dans un nouveau road trip à la recherche de sa fille. Ils vont sillonner le pays à bord de véhicules toujours plus improbables, semant la folie et le chaos jusqu’à un endroit où ils n’auraient jamais dû pouvoir se retrouver…
Pour beaucoup d’entre nous, il y a eu un avant et un après Dumb & Dumber. Le chef-d’oeuvre des frères Farrelly, débarqués de la série Seinfeld sur laquelle ils officiaient en tant que scénaristes et qui signaient ici leur premier long métrage, n’a eu de cesse de faire de nouveaux adeptes depuis vingt ans. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cette immense comédie n’a pas pris une seule ride.
Pourtant, ce n’était pas gagné puisque Bobby et Peter Farrelly essuyaient refus sur refus auprès des grands studios, surtout qu’aucun comédien de renom, pas même Steve Martin et Martin Short longtemps envisagés, ne souhaitait associer son nom à cette « diarrhée », petit nom doux donné au scénario par les studios. Il faudra attendre l’accord passé avec la New Line et l’engagement de Jim Carrey, qui venait de terminer le tournage de The Mask, pour que le tournage de Dumb & Dumber puisse enfin se concrétiser.
Remarqué dans Tendres passions, La Rose pourpre du Caire, Arachnophobie et Speed, Jeff Daniels n’est pas un habitué de la comédie, mais le comédien se révèle aussi sensationnel que son partenaire et leur alchimie crève l’écran. Les Laurel & Hardy des années 1990 sont nés. Véritable hymne aux demeurés, Dumb & Dumber est un film qui marque et qui marquera encore les spectateurs grâce à son enchaînement ininterrompu de scènes cultes, ses répliques hilarantes, l’immense interprétation des deux acteurs principaux, sans oublier l’extraordinaire doublage français emmené par Emmanuel Curtil et Dominique Collignon-Maurin.
Avec son budget estimé à 16 millions de dollars, le film en rapporte près de 250 millions à travers le monde et attire même plus de 600.000 français dans les salles.
Vingt ans plus tard…
Depuis le triomphe international de Bruce Tout-Puissant en 2003 et son incursion avec succès dans le cinéma d’auteur avec le magnifique Eternal Sunshine of the Spotless Mind de Michel Gondry, Jim Carrey n’a plus vraiment connu les cimes du box office. Les Désastreuses Aventures des orphelins Baudelaire, Braqueurs amateurs, Le Nombre 23, Yes Man, I Love you Phillip Morris, Monsieur Popper et ses pingouins ont beau être sympathiques pour la plupart, tous ont été des déceptions au box office.
De son côté Jeff Daniels n’a eu de cesse de démontrer l’étendue de son talent en passant avec aisance d’un genre à l’autre, des 101 Dalmatiens en passant par Pleasantville, Créance de sang, The Hours, Les Berkman se séparent, Away We Go, Jeux de pouvoir, avant d’être récompensé en 2013 par l’Emmy du meilleur acteur pour la série télévisée The Newsroom.
Bobby et Peter Farrelly n’ont jamais su retrouver la formule qui a fait le succès mondial de Mary à tout prix, leur plus gros hit. Bien que géniaux dans l’ensemble, Fous d’Irène, L’Amour extra-large, Deux en un, Terrain d’entente, Les Femmes de ses rêves, Bon à tirer (B.A.T.) et Les Trois Corniauds n’ont guère brillé. Alors pour se refaire, pourquoi ne pas offrir aux spectateurs ce qu’ils leur réclament depuis des années, une suite à Dumb & Dumber ?
Que penser de Dumb & Dumber De ?
Quel plaisir de retrouver ces deux couillons ! Même si le dernier acte n’est clairement pas à la hauteur du reste, il y a de quoi jubiler ! Jim Carrey, prouve à ses détracteurs, qu’il reste un des plus grands acteurs de comédie de tous les temps. Quel pied de le revoir se donner à fond dans une pure comédie ! Son camarade Jeff Daniels n’a d’ailleurs rien à lui envier et livre une prestation tout aussi explosive. L’alchimie entre les deux comédiens est évidente, tout comme celle des deux avec les spectateurs. Un regard, un sourire, une mimique et on se roule par terre. Les Farrelly parviennent à jouer avec le culte du premier avec quelques références (le retour de Billy, le petit aveugle qui a évidemment grandi), tout en offrant une nouvelle aventure à leurs deux zigotos, en évitant le piège de la copie carbone.
Lloyd et Harry ont pris des rides, mais n’ont pas changé. Ils demeurent de grands gamins, habillés pareil que dans le premier film et leur comportement ne fait que mettre en relief la connerie et le sérieux de ceux qui les entourent. Comme nous l’indiquions précédemment, le film souffre d’un ventre mou dans sa dernière partie peu emballante, qui tente maladroitement de dresser un enjeu dramatique prétexte au déferlement de gags en tous genres. Si on se désintéresse peu à peu de l’intrigue qui part dans tous les sens - on passe d’une supposée paternité d’Harry au convoyage d’une pseudo-invention révolutionnaire - Dumb & Dumber De remplit son contrat - ce qui était loin d’être assuré - et s’avère une comédie burlesque, un road-movie déjanté, un poème à la bêtise, une ode à l’innocence, porté par deux comédiens exceptionnels.
Le test du Blu-ray de Dumb & Dumber De, édité par Metropolitan, a été réalisé sur un check-disc. La jaquette reprend le visuel de l’affiche. Le boîtier est glissé dans un fourreau cartonné. Mention spéciale au menu principal, génialement animé, musical et illustré par quelques dialogues du film en version française.
Commençons par le making of (45’). Comme le film, ce documentaire joue sur la nostalgie du premier opus en donnant la parole à de nombreux fans interrogés dans la rue sur le statut culte de Dumb & Dumber. Parallèlement, Jim Carrey, Jeff Daniels, les frères Farrelly, les producteurs et les autres comédiens du film s’expriment sur la mise en chantier de cette suite, vingt ans après le premier opus. Les images de tournage (délirantes), de plateau, la mise en place des plans et l’improvisation sont également au coeur de ce très bon module.
Les scènes coupées (11’) proposées sont ensuite plus anecdotiques et se révèlent être en réalité des séquences du film en version longue. Une réplique jugée trop salée par ici, une allusion graveleuse par là, nous n’en tirons pas grand-chose au final.
Une scène d’intro alternative (2’) est également au programme. On y voit Lloyd pris en main par l’équipe de jardiniers de la maison de repos, qui tentent de lui arracher la sonde urinaire en… l’accrochant à leur véhicule.
S’ensuit un petit segment consacré à la bêtise humaine (6’) et qui donne la parole à tous les intervenants du making of.
L’interactivité se clôt sur un bêtisier (8’) franchement drôle, un lot de bandes-annonces et des liens internet.
Si le rendu n’est pas optimal en raison d’une définition moins ciselée sur les scènes en intérieur, le master HD au format 1080p de Dumb & Dumber De ne manque pas d’attraits… La clarté est bienvenue, la colorimétrie chatoyante, et le piqué affûté sur toutes les séquences en extérieur. Remarqué par ses photographies bigarrées sur les films des frères Farrelly depuis Les femmes de ses rêves (2007), mais aussi sur Poltergeist, Commando, Strange Days, le chef opérateur Matthew F. Leonetti voit ses partis pris esthétiques savamment respectés via un Blu-ray qui frôle la perfection. Le cadre fourmille de détails, les contrastes affichent une constante solidité et l’encodage AVC emballe l’ensemble avec brio.
Les versions originale et française (excellent doublage) bénéficient d’une piste DTS-HD Master Audio 5.1, dynamiques, mais qui manquent souvent d’harmonie avec la bande originale, anormalement élevée sur la scène arrière. En dehors de cela, l’action latérale demeure finalement limitée. Les frontales sont prépondérantes, les voix auraient mérité d’être un peu plus relevées sur la centrale. Quelques effets surround parviennent toutefois à tirer leur épingle du jeu.
L’éditeur joint également une piste Audiodescription, ainsi que des sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.
Crédits images : © Metropolitan FilmExport