Le Coup du parapluie (1980) : le test complet du Blu-ray

Venu pour auditionner un rôle de tueur, Grégoire Lecomte, acteur raté, est confondu avec un dangereux tueur à gages dont il est chargé du nouveau contrat : tuer à l’aide de la pointe d’un parapluie un riche industriel lors d’une soirée dans un hôtel de Saint-Tropez. Prenant le «  scénario  » du crime pour celui du film, le comédien s’embarque pour la Côte d’Azur.

Soyons honnêtes, Le Coup du parapluie de Gérard Oury vieillit mal… Toutefois, même si cette comédie a toujours été loin d’être parfaite, elle n’en comporte pas moins certains gags irrésistibles et très burlesques. Ce qui pèche ici c’est surtout le scénario de Danièle Thompson et de Gérard Oury, écrit spécialement pour Pierre Richard, un des plus faibles de leur fructueuse collaboration. Une fois n’est pas coutume, l’immense Pierre Richard apparaît même en roue libre. Le comédien gesticule beaucoup, trop même, à tel point qu’on ne compte plus les grands écarts de jambes et de bras. Son personnage est un coureur de jupons, un menteur, un tchatcheur, vraiment peu attachant et c’est là que le bât blesse.

La musique de Vladimir Cosma est comme d’habitude soignée et accompagne les pitreries de l’acteur. Si la mise en scène demeure un peu plate, Gérard Oury distille son film de quelques coups de génie et d’idées typiques de son cinéma, à l’instar du meurtre réalisé à travers la cabine de photomaton, tout comme le fameux parapluie bulgare, élément tiré d’un fait divers réel survenu en 1978 à Londres où deux ressortissants bulgares furent assassinés par empoisonnement au cyanure, piqués à la cuisse par la pointe d’un parapluie. Quelques hommages à James Bond parsèment ainsi Le Coup du parapluie, dont le plus évident demeure la participation de Gert Fröbe parodiant ouvertement son rôle de Goldfinger.

Les seconds rôles sont soignés et indispensables chez Gérard Oury, Gérard Jugnot, Christine Murillo, Gordon Mitchell («  vous savez que de ma vie, je n’ai jamais une aussi sale gueule??!!  »), Valérie Mairesse, Vittorio Caprioli, mais après La Carapate, gros succès de l’année de l’année 1978 avec près de 3 millions d’entrées, Pierre Richard et Gérard Oury ratent quelque peu leur deuxième collaboration (2,4 millions d’entrées), même si le film n’a eu de cesse d’enregistrer des records d’audience lors de ses diffusions à la télévision.

Le Coup du parapluie reste un divertissement honnête, mais qui 35 ans après a pris un sacré coup de vieux.

Le Blu-ray se présente avec un boîtier plastique blanc (notre test a été réalisé sur un check-disc). Le menu principal est malheureusement peu recherché, fixe et muet. Mais bon… le Blu-ray est proposé à un prix on ne peut plus attractif !

En plus de la bande-annonce, constituée de prises alternatives, l’éditeur propose une interview de Danièle Thompson (10’). La scénariste et dialoguiste, et fille de Gérard Oury, revient sur la genèse du Coup du parapluie, écrit spécialement pour Pierre Richard après le succès de La Caparate. Danièle Thompson évoque la disparition de la mère de Gérard Oury pendant le tournage, la méthode de travail de son père et son perfectionnisme. C’est pas mal, mais où est donc passé le documentaire rétrospectif intitulé Saint-Tropez sur Seine, réalisé par Jérémie Imbert et Yann Marchet en 2005 pour la sortie du film en DVD ?

Le DVD du Coup du parapluie sorti en 2005 proposait le film de Gérard Oury dans un nouveau master restauré avec son format du film respecté 1.66. Pour son nouveau lifting et sa sortie en Blu-ray, Le Coup du parapluie est de retour en HD dans un format 1080p, AVC. Cette galette bleue n’est pas aussi définie que certains autres titres de la collection Gaumont, y compris de films plus anciens comme la collection Lautner notamment. Néanmoins, ne faisons pas la fine bouche, car la restauration est admirable et toutes les scories ont été purement et simplement éradiquées.

L’élévation HD offre au Coup du parapluie une nouvelle cure de jouvence plus de dix ans après son édition en DVD, le grain cinéma est plutôt bien restitué et les contrastes trouvent parfois une nouvelle densité. L’encodage consolide l’ensemble, les noirs sont concis, le piqué renforcé surtout durant la première partie parisienne, moins dans les scènes en intérieur. Signalons tout de même une colorimétrie aux tons parfois trop pastels ou ternes selon les séquences, soit une clarté qui bouffe un peu les détails, certains plans sensiblement plus altérés ainsi qu’une profondeur de champ parfois limitée et des visages un peu rosés.

Le mixage DTS-HD Master Audio Mono instaure un réel confort acoustique. Les dialogues sont ici délivrés avec ardeur et clarté, la propreté est de mise, les effets riches et les silences denses, sans aucun souffle. La composition de Vladimir Cosma perce légèrement les tympans en ouverture, mais rien de bien méchant, son nouvel écrin phonique est finalement agréable. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Gaumont