Réalisé par Alejandro González Iñárritu
Avec
Michael Keaton, Zach Galifianakis et Edward Norton
Édité par 20th Century Studios
À l’époque où il incarnait un célèbre super-héros, Riggan
Thomson était mondialement connu. Mais de cette célébrité il
ne reste plus grand-chose, et il tente aujourd’hui de monter
une pièce de théâtre à Broadway dans l’espoir de renouer avec
sa gloire perdue. Durant les quelques jours qui précèdent la
première, il va devoir tout affronter : sa famille et ses
proches, son passé, ses rêves et son ego…
S’il s’en sort, le rideau a une chance de s’ouvrir…
Bon… comment être direct d’emblée ? Disons que le réalisateur mexicain Alejandro González Iñárritu est sans aucun doute l’un des cinéastes les plus surestimés depuis plus de dix ans. Ses films s’appuient soit sur le misérabilisme (Amours chiennes, 21 grammes, Biutiful) soit sur une esbroufe technique sans âme et ne créant aucune émotion (Babel). Et bien il faudra ajouter Birdman ou (la surprenante vertu de l’ignorance) dans la deuxième catégorie. Malgré un casting quatre étoiles et en pleine forme, Michael Keaton, Zach Galifianakis, Edward Norton, Andrea Riseborough, Amy Ryan, Emma Stone et Naomi Watts, rien, absolument rien ne fonctionne. Ni l’humour, ni l’histoire, ni les rapports entre les personnages, nada.
Il aura fallu attendre quatre ans après l’affreux Biutiful pour qu’Iñárritu nous ponde son nouveau gadget filmé. Le pseudo plan-séquence de deux heures n’est là que pour jeter de la poudre aux yeux. Iñárritu fait mumuse avec sa caméra et oublie complètement de raconter une histoire, de donner de la chair à ses personnages, se fout complètement de les rendre sympathiques ou même antipathiques et transforme son théâtre en une immense coquille vide, dénuée du moindre intérêt. Avec une prétention sans bornes, le cinéaste critique l’ego des comédiens en jouant sur le parallèle Keaton-Batman / Thomson-Birdman, en tentant de dissoudre la frontière friable entre la fiction et la réalité puisqu’il nous montre un acteur has been, qui a eu son heure de gloire il y a vingt ans en incarnant un super-héros, qui tente un revival - ayant soif d’amour et de reconnaissance - avec une pièce de théâtre à Broadway. Il doit alors affronter son propre ego, son super-ego même, qui s’incarne sous la forme de l’ancien super-héros qu’il a été (Birdman), mais aussi celui des autres comédiens qui lui donnent la réplique et sa fille qui lui envoie ses quatre vérités dans la tronche.
S’il n’avait pas autant cherché à rendre sa mise en scène tape-à-l’oeil dans le but de flatter l’académie des Oscars, Iñárritu aurait pu penser que les spectateurs se foutent royalement qu’on leur propose une démonstration technique pendant deux heures. Ce qu’ils souhaitent c’est avant tout s’attacher, vivre avec les personnages, croire qu’ils sont vrais. A la place, nous avons affaire à des pantins, à des marionnettes dont les fils visibles cassent toute la magie du cinéma. Du coup, aucune empathie ne se crée, le rythme s’étire indéfiniment, le faux plan-séquence ne sert absolument à rien et n’impressionne pas puisque l’ensemble demeure grossier.
Kitsch, prétentieux, froid, Birdman ou (la surprenante vertu de l’ignorance) croit fustiger le petit monde des acteurs, attachés de presse, managers, tout ce qui déambule dans les couloirs de cet étouffant théâtre, et questionner le succès et la postérité, mais en fait cela démontre qu’Iñárritu n’aime rien ou pas grand-chose, personne ou peut-être seulement lui-même qui se regarde filmer et omet l’ardeur, le coeur, l’énergie, la flamme qui font que le cinéma est le cinéma, même en croyant jouer la carte du surréalisme. Ici, tout n’est qu’artifice, technique, (fausse et fatigante) virtuosité.
Iñárritu est peut-être un représentant ou faiseur, mais en aucun cas un auteur. Ah oui, n’oublions pas l’irritante bande-son free-jazz pourtant signée par l’un des meilleurs batteurs du monde, Antonio Sanchez, qui tente de donner un rythme ou de faire oublier les dialogues - qu’est-ce que c’est bavard ! - sans jamais y parvenir. C’est à se taper la tête contre les cymbales… Quoi qu’il en soit, Iñárritu est content et son film est reparti avec quatre statuettes dorées, celles du Meilleur ilm, du Meilleur Réalisateur, du Meilleur Scénario et de la Meilleure Photographie.
Le Blu-ray de Birdman ou (la surprenante vertu de l’ignorance) repose dans un boîtier classique de couleur bleue. La jaquette reprend le visuel de l’affiche française du film. Le menu principal est animé et musical.
On s’attendait à une galette plus chargée… néanmoins le making of (33’) donne un réel aperçu du tournage et s’avère - sans surprise - beaucoup plus passionnant que le film lui-même. Les acteurs répondent présents et donnent leur avis sur cette « expérience cinématographique », Alejandro González Iñárritu analyse les thèmes de Birdman ou (la surprenante vertu de l’ignorance). Le tournage, les répétitions, les essayages du costume du super-héros, les prises de vues dans les rues de New York, la musique, tout cela est abordé de manière plutôt pertinente, même si on ne peut échapper à l’incontournable concours de louanges et le passage de Biafine pour l’été.
Michael Keaton et Alejandro González Iñárritu discutent de Birdman ou (la surprenante vertu de l’ignorance) en s’envoyant quelques roses (14’). Cette fois encore, diverses images du tournage illustrent les propos, tandis que Michael Keaton met en parallèle son personnage de Birdman avec sa véritable carrière. L’interactivité se clôt sur une très belle galerie de photos.
La promotion HD sied à merveille aux couleurs vives, saturées et chatoyantes de la photo signée par le chef opérateur Emmanuel Lubezki, oscarisé pour Gravity et pour Birdman ou (la surprenante vertu de l’ignorance) qui possède ici un réel éclat. Certes, les quelques séquences tournées en extérieur profitent de l’encodage AVC avec un relief constant, une profondeur de champ indéniable, un piqué incisif et des détails très riches sur le cadre large, mais les scènes en intérieur sont également logées à la même enseigne ! L’image reste immaculée et élégante, les contrastes corrects, les textures des costumes demeurent flagrantes et palpables. Une très belle image qui flatte constamment les yeux.
La version française doit se contenter d’une piste DTS 5.1, moins immersive que la piste anglaise et c’est bien dommage car l’environnement acoustique est tout aussi chiadé que la photographie. Heureusement, la version originale jouit d’un écrin DTS-HD Master Audio 5.1 particulièrement enivrant et riche. La balance frontale rivalise d’effets et d’énergie avec les latérales, le caisson de basses intervient souvent et à bon escient (les séquences de rue), tandis que les dialogues demeurent toujours ardents sur la centrale, surtout la voix de Birdman présente elle sur toutes les enceintes. La précision est de mise tout du long. Toutes les séquences en extérieur s’accompagnent automatiquement d’ambiances naturelles. La bande-son est constamment spatialisée. A noter que les sous-titres français sont de couleur jaune.
Crédits images : © 20th Century Fox