Le Désordre et la nuit (1958) : le test complet du Blu-ray

Édition Collector Blu-ray + DVD

Réalisé par Gilles Grangier
Avec Jean Gabin, Danielle Darrieux et Nadja Tiller

Édité par Pathé

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Le 08/07/2015
Critique

Le désordre et la nuit

Albert Simoni est le propriétaire de L’Oeuf, boîte de nuit parisienne aux activités interlopes. Une nuit, il est mystérieusement assassiné, et l’inspecteur Valois est chargé de l’enquête. Il fait alors la rencontre de Lucky, jeune toxicomane, avec laquelle il passe la nuit…

Méconnu dans sa longue filmographie, Le Désordre et la nuit est pourtant un des meilleurs films de Gilles Grangier (1911-1996). Réalisée en 1958, entre Échec au porteur et le cultissime , cette adaptation du roman de Jacques Robert coécrite entre autres par Michel Audiard, qui signe également les excellents dialogues du film, est à redécouvrir et à réhabiliter absolument. Ami et fidèle collaborateur de Gilles Grangier, Jean Gabin, qui tournera plus d’une douzaine de films avec le cinéaste, trouve ici un de ses rôles les plus singuliers, les plus sombres et ambiguës. Celui d’un flic porté sur la boisson, qui s’éprend d’une très jeune toxicomane (Nadja Tiller), qui se prostitue occasionnellement, vraisemblablement seule témoin d’un meurtre, celui d’un proprio d’une boîte de jazz et trafiquant de drogues, interprété par Roger Hanin.

Le Désordre et la nuit est un film d’ambiances, d’atmosphères, instaurées dès l’ouverture avec quelques morceaux de jazz endiablés. Gilles Grangier promène ensuite sa caméra dans cette tôle enfumée où les couples dansent, se font, s’engueulent, se bourrent la gueule, protestent de payer un Whisky « à mille balles ». Gabin n’intervient qu’au bout de bout de vingt minutes, pour enquêter sur l’assassinat du boss de ce bastringue. Ce qui a toujours fait l’intérêt, le sel de l’oeuvre de Gilles Grangier est ici condensé, élevé, sublimé par une élégance de chaque instant, tandis que, chose étonnante dans le cinéma français des années 1950, Grangier aborde frontalement les ravages de la drogue à travers le personnage de Lucky.

Si l’intrigue policière est finalement plutôt classique et part de temps en temps dans tous les sens, chaque second rôle est impeccable et bien à sa place (Danielle Darrieux, Paul Frankeur, François Chaumette), tandis qu’on se perd volontiers dans les ruelles sombres et brillamment photographiées par le chef opérateur Louis Page (Mélodie en sous-sol, Un Singe en hiver) en allant de rencontre en rencontre en même temps que le personnage de Gabin. Le Désordre et la nuit demeure un film policier fort plaisant, sur lequel les années glissent doucement et demeure un témoignage flagrant du Paris complètement disparu des années 1950.

Le désordre et la nuit

Présentation - 3,5 / 5

Le test du Blu-ray du Désordre et la nuit a été réalisé sur un check-disc. L’édition se présente sous la forme d’un combo Blu-ray-DVD. Le menu principal est animé, élégant et musical.

Bonus - 3,0 / 5

À l’occasion de la projection de Le Désordre et la nuit au Festival Lumière de Lyon, Bertrand Tavernier présente le film de Gilles Grangier avec une passion contagieuse (4’). Grand admirateur de ce film, il évoque sa rencontre le réalisateur, replace l’oeuvre qui nous intéresse dans sa filmographie et aborde la grande et longue collaboration du cinéaste avec Jean Gabin.

Dans l’excellent module suivant intitulé La Perle du film noir (24’), nous retrouvons une fois de plus Bertrand Tavernier, mais aussi François Guérif, directeur de la collection « Rivages/Noir », Christophe Lemaire (journaliste au magazine Rock & Folk), Agnès Vincent Deray (dernière épouse de Jacques Deray, assistant de Gilles Grangier sur Le Désordre et la nuit), qui dressent un très beau portrait de Gilles Grangier (1911-1996) à qui l’on doit près de 65 films, téléfilms et séries télévisées réalisés entre 1943 et 1985, et que l’on aperçoit (ainsi que Michel Audiard) à travers quelques images d’archives issues d’un hommage rendu à la mort de Jean Gabin. Les intervenants s’expriment évidemment sur Le Désordre et la nuit et évoquent le casting, le soin apporté aux seconds rôles (une vraie spécialité chez Grangier) et la complicité Grangier-Gabin.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce restaurée.

Le désordre et la nuit

Image - 4,5 / 5

Force est de constater que nous n’avions jamais vu Le Désordre et la nuit dans de telles conditions. Les contrastes affichent d’emblée une densité inédite, les noirs sont profonds, la palette de gris riche et les blancs lumineux. Seul le générique apparaît peut-être moins aiguisé, mais le reste affiche une stabilité exemplaire ! Les arrière-plans sont bien gérés, le grain original est respecté, le piqué est souvent dingue et les détails regorgent sur les visages des comédiens.

Avec tout ça, on oublierait presque de parler de la restauration 2K du film. Celle-ci se révèle extraordinaire, aucune scorie n’a survécu au scalpel numérique, l’encodage AVC consolide l’ensemble avec brio du début à la fin, les séquences nocturnes (quasiment tout le film en fait) sont d’une profondeur jamais démentie, le relief des matières palpable. La photo du chef opérateur Louis Page (Le Rouge est mis, Les Vieux de la vieille) n’a jamais été aussi resplendissante et le cadre au format respecté, brille de mille feux. Ce master très élégant permet de redécouvrir ce très grand classique dans une qualité technique admirable.

Son - 4,5 / 5

La partie sonore a été restaurée numériquement par L.E. Diapason. Résultat : aucun souci acoustique constaté sur ce mixage DTS-HD Master Audio Mono. Le confort phonique de cette piste unique est total, les dialogues sont clairs et nets. Si quelques saturations demeurent inévitables, la musique jazzy est joliment délivrée et aucun craquement intempestif ne vient perturber l’oreille des spectateurs.

L’éditeur joint également les sous-titres anglais et français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiovision.

Le désordre et la nuit

Crédits images : © Pathé

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm
Note du disque
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Franck Brissard
Le 18 juillet 2015
Le Désordre et la nuit est une des meilleures collaborations Jean Gabin/Gilles Grangier. Pourtant, elle demeure étrangement une des moins connues. Ce film noir, avec un Jean Gabin plutôt amoral, mérite véritablement d'être redécouvert.

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