Garçon ! (1983) : le test complet du Blu-ray

Alex, qui travaille dans une grande brasserie, partage son appartement avec son collègue. Séparé de sa femme depuis très longtemps, il accumule les conquêtes. Jusqu’au jour où il retrouve par hasard Claire, qu’il a connue 15 ans auparavant…

Rétrospectivement, il est indéniable que Garçon ! apparaît comme étant une oeuvre mineure dans la filmographie de Claude Sautet. Réalisé en 1983, entre Un mauvais fils et Quelques jours avec moi, Garçon ! bénéficie tout de même de la sublime plume de Jean-Loup Dabadie, coscénariste et dialoguiste, d’une musique toujours soignée de Philippe Sarde, et surtout d’un casting quatre étoiles. Yves Montand retrouve Claude Sautet pour leur ultime collaboration et donne la (très belle) réplique à la lumineuse Nicole Garcia, Jacques Villeret (superbe), Rosy Varte, Marie Dubois, Bernard Fresson (impérial Chef de la brasserie), Hubert Deschamps et Henri Genès.

Le film impressionne par la vie qui fourmille à l’écran, évidemment durant toutes les séquences dans la brasserie où Alex s’anime et danse littéralement entre les tables afin de satisfaire les clients. Claude Sautet filme ce microcosme comme un vrai numéro de comédie musicale et use évidemment de la présence d’Yves Montand, très à l’aise malgré son anxiété première d’interpréter «  un porteur de plats  », symbole du music-hall pour apporter grâce et souplesse en passant des cuisines à la salle, en parfait chef de rang. L’histoire s’avère moins intéressante une fois les personnages rentrant chez eux, avec leurs problèmes, leurs liaisons sentimentales contrariées, leurs joies et leurs peines. Jacques Villeret parvient même à voler la vedette à Montand en quelques scènes, mais le fait est que le coeur de Garçon ! palpite véritablement quand on est de retour dans cette brasserie parisienne bruyante, frénétique et enfumée.

Le cinéma de Claude Sautet n’est jamais aussi bon, aussi vrai, aussi attachant que lorsqu’il dépeint des scènes de la vie ordinaire et surtout un groupe. Hors son personnage principal, égocentrique et charmeur, menteur à l’occasion et même lâche, manque sans doute d’empathie pour qu’on s’y intéresse réellement et sa vie paraît justement trop «  mise en scène  », jusqu’à son rêve - ouvrir un parc d’attractions - qui n’emballe pas des masses. Toutefois, même un petit Sautet reste bien supérieur à la plupart des productions françaises de l’époque et malgré une critique très mitigée, Garçon ! parvient à attirer d’1,4 millions de spectateurs dans les salles.

Le test du Blu-ray de Garçon ! a été réalisé sur un check-disc. L’édition se présente sous la forme d’un combo Blu-ray-DVD. Le menu principal est animé, élégant et musical.

La pièce maîtresse de cette section est un fabuleux documentaire rétrospectif de 51 minutes réalisé par Jérôme Wybon et intitulé La Fin d’un cycle. Composé des interviews du grand Jean-Loup Dabadie (scénariste et dialoguiste), du critique et enseignant en cinéma N.T. Binh, de la monteuse Jacqueline Thiédot, du compositeur Philippe Sarde, mais aussi de Claude Sautet (en 1983 et 1998) et d’Yves Montand (sur le plateau) à travers des archives audio-visuelles, cet immanquable module, habilement monté et toujours passionnant, revient sur la genèse, le casting, la mise en scène de Claude Sautet, l’accueil mitigé, mais aussi sur les coupes réalisées au montage après sa sortie en 1983. Une mine d’or d’informations et d’anecdotes de tournage. Cerise sur le gâteau, de nombreuses images issues du tournage donnent un vrai aperçu du réalisateur dans l’exercice de ses fonctions. Sautet y est bourré d’énergie, passe d’une pièce à l’autre comme une tornade, s’entretient avec ses comédiens. Un vrai trésor !

Peu satisfait du montage de Garçon !, Claude Sautet a supprimé ou déplacé quelques séquences après la sortie du film en 1983. Ces scènes sont disponibles (9’) et nous découvrons le générique original, les anciennes scènes d’exposition du personnage incarné par Yves Montand, y compris sa liaison avec Gloria (Rosy Varte) et sa colocation avec Gilbert (Jacques Villeret).

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce restaurée.

Il y a vraiment peu de choses à reprocher à ce master HD de Garçon ! S’il fallait chipoter, nous dirons que les nombreuses séquences dans la brasserie sont toutes enfumées et que le piqué s’en trouve par conséquent amoindri. La définition n’est sans doute pas optimale, mais force est de constater que la propreté - restauration 2K par Pathé et les Laboratoires Eclair - est jouissive, la colorimétrie élégante, la stabilité de mise, les contrastes soignés, le grain bien géré et les partis-pris esthétiques signés Jean Boffety (Une histoire simple, César et Rosalie, Les Grandes gueules), sont excellemment restitués. Le relief sur les rares séquences en extérieur est inédit, l’apport HD non négligeable, bref, une jolie redécouverte.

Le mixage DTS-HD Master Audio Mono instaure un confort acoustique suffisant. A part un rendu un peu plat sur certaines scènes, les dialogues sont ici délivrés avec ardeur et clarté, la propreté est de mise, les effets riches et les silences denses, sans aucun souffle. La composition de Philippe Sarde jouit également d’un bel écrin phonique.

L’éditeur joint également une piste Audiovision, ainsi que les sous-titres anglais et français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Pathé