Le Temps d'aimer et le temps de mourir (1958) : le test complet du Blu-ray

A Time to Love and a Time to Die

Combo Blu-ray + DVD

Réalisé par Douglas Sirk
Avec John Gavin, Liselotte Pulver et Jock Mahoney

Édité par Elephant Films

Voir la fiche technique

Avatar Par
Le 24/08/2015
Critique

Le Temps d'aimer et le temps de mourir

1944. Seconde Guerre mondiale. Ernst Graeber, jeune soldat allemand témoin des horreurs de la guerre sur le front Russe revient dans sa ville natale pour une permission de trois semaines. Il découvre sa maison détruite par les bombes et part à la recherche de ses parents portés disparus. Pour l’aider dans sa quête, il demande conseil à Elizabeth, dont le père, opposant politique est prisonnier d’un camp de concentration, et Oscar Binding, un camarade chef de district du Parti nazi. Le trio va tenter de garder un semblant de raison en survivant dans un monde en ruine, nourri par la haine, la folie et la mort.

Comment parler du Temps d’aimer et le temps de mourir sans évoquer une tragédie personnelle qui aura marqué toute la vie de Douglas Sirk et qui a largement inspiré ce film réalisé en 1958 ? Rappelons les faits. Divorcés en 1929, la première femme de Douglas Sirk était militante nazie. En partie pour «  se venger  » de son ex-mari, contraint de quitter l’Allemagne en 1937 et qui épousera Hilde Jary, elle embrigadera leur fils dans le Parti national-socialiste allemand. Combattant aux côtés de l’armée allemande, ce fils mourra sur le front russe, probablement au printemps 1944, bien que Sirk n’en ait jamais eu la preuve, le corps n’ayant jamais été retrouvé. L’histoire du Temps d’aimer et le temps de mourir est donc en grande partie autobiographique et le personnage joué par John Gavin, que les studios Universal désiraient lancer, est en réalité «  le reflet  » du fils de Sirk. A travers ce film, le réalisateur imagine ce qu’ont pu être ses derniers jours.

Ernst Graeber, jeune soldat allemand combattant sur le front russe, est en permission. De retour en Allemagne, il se met à la recherche de ses parents et croise le chemin de la charmante Elizabeth Kruse (merveilleuse Liselotte Pulver), fille d’un prisonnier politique, dont il tombe immédiatement amoureux. Plongés dans les affres, l’angoisse et l’absurdité de la guerre, leur amour survivra-t-il ? C’est parce que le bonheur est bref et l’histoire d’amour entre Ernst et Elizabeth éphémère qu’elle est sublime et passionnée. Sirk signe avant tout une romance poignante et magnifique doublée d’un plaidoyer anti-nazi. Il se dégage du film, adapté de l’oeuvre publiée en 1954 d’un des plus grands écrivains de l’après-guerre 14-18, le pacifiste Erich Maria Remarque (qui fait une apparition dans le film), une urgence qui lui donne toute sa force et sa beauté, grâce notamment à la fantastique photographie signée Russell Metty et à la musique de Milos Rozsa.

Les personnages sont tiraillés entre l’innocence de leur jeune âge et la douloureuse réalité de la guerre. L’amour naissant dans une ville en ruines, à l’instar de cet arbre solitaire qui bourgeonne au milieu de nulle part. S’aimer en temps de guerre, refleurir en temps de guerre, deux actes de résistance. Chaque plan du film est habité et le final, déchirant, reste dans toutes les mémoires des cinéphiles.

Tourné en Allemagne, dans son pays natal, Le Temps d’aimer et le temps de mourir est symbolique du cinéma mélodramatique de Douglas Sirk, alors au sommet de sa carrière. Déchirant, intense, sensationnel, flamboyant. L’année suivante, le cinéaste signera son chant du cygne hollywoodien, l’extraordinaire Mirage de la vie, avant de retourner chez lui, en Allemagne.

Le Temps d'aimer et le temps de mourir

Présentation - 5,0 / 5

Le Temps d’aimer et le temps de mourir est édité en combo par Elephant Films, avec un joli fourreau cartonné et un boîtier plastique contenant le Blu-ray et le DVD du film. Le visuel de la jaquette est vraiment très élégant, tout comme le menu principal, animé et musical.

Bonus - 2,5 / 5

En plus d’un lot de bandes-annonces, d’une galerie de photos, de liens internet et des credits du disque, nous trouvons une excellente présentation du Temps d’aimer et le temps de mourir par Jean-Pierre Dionnet (14’). Producteur, scénariste, journaliste, éditeur de bande dessinée et animateur de télévision, notre interlocuteur, visiblement très inspiré et pour cause puisque Douglas Sirk est un de ses cinéastes favoris, se penche sur l’adaptation du roman de Erich Maria Remarque, la carrière du cinéaste. Il évoque également le drame qui a - entre autres - inspiré le film, le casting et les thèmes.

Nous le disions précédemment, Douglas Sirk est un des réalisateurs fétiches de Jean-Pierre Dionnet. Ce dernier lui consacre un petit module de 9 minutes, en racontant tout d’abord comment il a découvert le cinéma de Sirk, puis parcourt ensuite les grandes phases de sa carrière, ses thèmes récurrents, ses comédiens fétiches…

Le Temps d'aimer et le temps de mourir

Image - 4,5 / 5

Le master HD au format 1080p du Temps d’aimer et le temps de mourir s’en sort particulièrement bien et fait honneur au support. La restauration est aussi flatteuse qu’harmonieuse, la propreté de l’image apparaît d’emblée, des petits points blancs persistent peut-être, mais les quelques poussières subsistantes ne dérangent nullement. Grâce à cette élévation HD, les couleurs - prédominance de teintes grises et bleues - retrouvent un nouvel éclat, les contrastes sont renforcés et le piqué est souvent agréable. Le codec AVC consolide l’ensemble avec brio, le grain original est respecté, le relief palpable sur les décors et la profondeur de champ est inédite sur le cadre large. La stabilité est fort plaisante, certes quelques séquences sont peut-être moins définies et certains noirs sensiblement poreux, mais les détails sont impressionnants.

Son - 3,5 / 5

Le traitement sonore est ici aléatoire. Les pistes anglaise et française encodées en DTS HD Master Audio Stéréo manquent souvent d’ampleur et de dynamisme. Le problème se situe au niveau d’un souffle et de légers craquements présents sur le mixage français et plus discrets sur la piste originale. Les dialogues auraient pu être plus élevés sur les deux pistes et la musique est assez criarde en français. Préférez donc la piste anglaise qui s’en sort mieux que son homologue.


Le Temps d'aimer et le temps de mourir

Crédits images : © Elephant Films

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm