Marguerite (2015) : le test complet du Blu-ray

Le Paris des années 20. Marguerite Dumont est une femme fortunée passionnée de musique et d’opéra. Depuis des années elle chante régulièrement devant son cercle d’habitués. Mais Marguerite chante tragiquement faux et personne ne le lui a jamais dit. Son mari et ses proches l’ont toujours entretenue dans ses illusions. Tout se complique le jour où elle se met en tête de se produire devant un vrai public à l’Opéra.

Trois ans après Superstar, l’excellent réalisateur Xavier Giannoli (Quand j’étais chanteur, A l’origine) revient avec Marguerite, une comédie-dramatique librement inspirée de la vie de la cantatrice américaine Florence Foster Jenkins (1868-1944). Le metteur en scène révélé en 2003 avec Les Corps impatients et qui a ensuite confirmé en 2005 avec Une aventure, signe un de ses meilleurs films et offre à la grande Catherine Frot un de ses plus beaux rôles, peut-être celui de sa vie, trois ans après sa dernière apparition au cinéma dans Les Saveurs du Palais de Christian Vincent. A la fois drôle et bouleversante, la comédienne s’est vue récompensée par Le Prix Lumières mais aussi et surtout par le César de la meilleure actrice en 2016. Il n’y avait qu’elle pour incarner la délicatesse, l’innocence quasi-enfantine et la passion pour le chant qui anime cette singulière Castafiore qui a consacré sa vie au chant lyrique. Un art pour lequel elle n’avait malheureusement aucun talent. Ce qui a intéressé Xavier Giannoli dans ce projet, outre le fait qu’il aborde une fois de plus les thèmes de l’illusion et de l’imposture, c’est ce ton particulier entre cruauté et comique puisque l’entourage de Marguerite ne lui a jamais dit qu’elle chantait faux.

Marguerite n’est pas un biopic, mais une «  évocation libre d’un personnage ayant réellement existé  » explique le cinéaste. Romanesque, élégamment mis en scène et loin de tout académisme pompier, Marguerite brille également par sa reconstitution historique (l’histoire a été déplacée dans le Paris des années 1920) justement récompensée par les César des meilleurs décors et des costumes. Le César du meilleur son a également été décerné à Marguerite.

N’oublions pas la superbe photographie signée Glynn Speeckaert (La Source des femmes, Un Plan parfait) réalisée à l’aide d’objectifs des années 1960, polis avec de la poudre de diamants qui ont pour particularité de diffuser sensiblement la lumière en donnant à l’image une texture singulière avec des reflets et des éclats. Ce qui intéresse avant tout Xavier Giannoli est l’histoire d’amour entre Marguerite et son époux (remarquable André Marcon), qui tient une place centrale puisque si Marguerite continue de chanter et donne le meilleur d’elle-même, c’est pour que son époux l’écoute…pour la voir. Marguerite cherche continuellement à se faire aimer de son mari, à se faire désirer malgré les années qui ont passé. Elle peut également compter sur le dévouement de son fidèle serviteur Madelbos (saisissant Denis Mpunga), qui n’est pas sans rappeler le personnage incarné par Erich von Stroheim dans l’immense Boulevard du crépuscule de Billy Wilder, et sur son nouveau professeur de chant campé par Michel Fau, extraordinaire et hilarant à chaque apparition. Les belles présences de la magnétique Christa Théret et la révélation Sylvain Dieuaide participent également à la très grande réussite de Marguerite. Pour l’anecdote, sur le tournage Xavier Gannoli a appris qu’un véritable biopic hollywoodien sur Florence Foster Jenkins était en préparation par Stephen Frears avec Hugh Grant et Meryl Streep dans le rôle de la cantatrice.

Le Blu-ray de Marguerite, édité par France Télévisions Distribution, repose dans un boîtier classique de couleur noire. L’incontournable menu principal, animé et musical, typique de l’éditeur accueille le spectateur. Simple, efficace mais peu recherché, surtout que l’éditeur ne propose plus de chapitrage… Le visuel de la jaquette reprend celui de l’affiche du film.

A l’occasion de la présentation de Marguerite au cinéma Le Méliès de Montreuil, le directeur artistique Stéphane Goudet reçoit le réalisateur Xavier Giannoli. Durant près de vingt minutes, ce dernier revient sur la genèse de son film, les partis pris esthétiques, le casting, les thèmes du mensonge et de la manipulation.

Outre la bande-annonce, nous trouvons aussi un lot de scènes coupées (7’) qui n’apportent pas grand-chose d’original, si ce n’est un numéro de Michel Fau habillé en femme.

Après son grand succès aux César et plus d’un million d’entrées dans les salles, FTD prend soin de Marguerite pour son arrivée dans les salons et en Haute Définition. Un master HD quasi-irréprochable au transfert immaculé. Respectueux des volontés artistiques originales, la copie se révèle un petit bijou technique alliant des teintes chaudes, ambrées et dorées, avec des teintes un peu plus froides, le tout étant soutenu par un encodage AVC de haute volée. Le piqué, tout comme les contrastes, sont tranchants, seuls les arrière-plans auraient pu être un peu plus détaillés. Les gros plans sont ciselés à souhait, la colorimétrie est joliment laquée, le relief très présent. Un service après-vente remarquable et élégant.

La belle musique composée par Ronan Maillard est admirablement délivrée et spatialisée par le mixage DTS-HD Master Audio 5.1. Les voix des comédiens s’imposent sans mal sur la centrale, toujours clairs et distincts. Quelques ambiances naturelles parviennent à percer sur les latérales, la balance gauche-droite est dynamique, même si le caisson de basses reste souvent au point mort. La version Stéréo devrait contenter ceux qui ne seraient pas équipés sur la scène arrière. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © Memento Films