Heureux mortels (1944) : le test complet du Blu-ray

This Happy Breed

Combo Blu-ray + DVD

Réalisé par David Lean
Avec Robert Newton, Celia Johnson et Amy Veness

Édité par Elephant Films

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Le 02/05/2016
Critique

Heureux mortels

Après la Grande guerre, Franck Gibbons retrouve sa famille. Accompagné de sa femme et de ses trois enfants, le vétéran emménage dans une modeste demeure d’une banlieue populaire de Londres. Alors que les événements historiques, de l’exposition de 1924 aux obsèques du roi George V, en passant par le retour de Chamberlain, ponctuent la vie des Gibbons, les parents voient leurs enfants grandir d’un oeil attendri, rempli d’amour et de bienveillance malgré leurs erreurs. Queenie, l’une de leur fille, peine à trouver sa place en travaillant dans un salon de beauté, alors que sa soeur Phyllis fugue avec un homme marié, délaissant son amour de jeunesse.

Avant d’être le cinéaste mondialement reconnu pour ses fresques épiques, Lawrence d’Arabie, Le Pont de la rivière Kwai, Le Docteur Jivago, le metteur en scène David Lean (1908-1991) a commencé sa carrière en tant que serveur de thé aux studios anglais de la Gaumont en 1927. Tour à tour clapman puis troisième assistant-réalisateur, David Lean devient monteur professionnel en 1930 (Pygmalion, Le 49e parallèle) et son désir de passer derrière la caméra se fera de plus en plus ressentir. Impressionné par le talent de ce jeune monteur, le dramaturge britannique Noel Coward, déçu par les adaptations de ses pièces au cinéma (dont le pourtant génial Sérénade à trois d’Ernst Lubitsch réalisé en 1933), décide de prendre en main lui-même les transpositions de ses oeuvres sur le grand écran. Pour cela, il s’approprie les services du monteur David Lean et lui propose en 1942 de l’aider à la réalisation d’un film de propagande intitulé Ceux qui servent en mer. David Lean saute sur l’occasion et y met tellement de sa personne qu’il est crédité co-réalisateur au générique. Fier de cette expérience qui a valu au film d’être nommé à l’Oscar du meilleur film et du meilleur scénario original en 1944, Noel Coward confie à David Lean l’adaptation de trois de ses pièces de théâtre : Heureux mortels (1944), L’Esprit s’amuse et Brève rencontre réalisés en 1945.

1919-1939. Pendant vingt ans, la famille Gibbons réside au 17 Sycamore Road, Clapham, au sud de Londres. Sur fond des grands événements de la vie politique et sociale en Grande-Bretagne, la vie des Gibbons déroule ses joies et ses peines, ses mariages et ses deuils, ses cocasseries et ses nostalgies…

Il est difficile de dénicher dans Heureux mortels - This Happy Breed (le premier film en Technicolor du réalisateur) ce qui fera de David Lean le grand cinéaste britannique mondialement célèbre aujourd’hui. Pour la première fois sous l’autorité de son parrain de cinéma, le jeune metteur en scène tente de donner du corps à une pièce de Noel Coward à travers quelques mouvements de caméra, limités par l’action en quasi-huis-clos, mais qui parviennent à intégrer le spectateur au coeur même de la maison, personnage à part entière du récit. Impeccablement interprété, notamment par Robert Newton (le Long John Silver de L’Ile au tresor de Byron Haskin) et Celia Johnson (Laura dans Brève rencontre), le film pâtit d’un dialogue trop abondant - récurrent chez Noël Coward - et de l’absence de réels «  rebondissements  ». Néanmoins, David Lean, pour la première fois en solo derrière la caméra, se montre déjà beaucoup plus à l’aise dans les scènes dramatiques, véritablement poignantes et universelles, et se déroulant en extérieur (comme une échappée autant pour la famille que pour lui-même), que dans les séquences plus légères finalement les moins marquantes et attachantes.

Le charme de cette chronique familiale s’étalant sur vingt ans, de la démobilisation en 1919 jusqu’au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, agit petit à petit et le portrait dressé de la petite bourgeoisie londonienne est particulièrement amer. A travers cette tranche de vie d’une famille, entre joies (un mariage) et peines (une fugue, un décès) et le temps qui passe inexorablement, c’est la radiographie de tout un pays que livre le cinéaste, assez peu optimiste quant à l’avenir social et politique de son pays. A sa sortie, Heureux mortels devient le plus grand succès commercial du cinéma britannique en 1944.

Heureux mortels

Présentation - 5,0 / 5

Heureux mortels est édité en combo par Elephant Films dans sa collection Cinéma Master Class - La Collection des Maîtres, avec un joli fourreau cartonné et un boîtier plastique contenant le Blu-ray et le DVD du film. Le visuel de la jaquette est vraiment très élégant, tout comme le menu principal, animé et musical.

Bonus - 2,5 / 5

En plus d’un lot de bandes-annonces, d’une galerie de photos et des credits du disque, nous trouvons une petite présentation de Heureux mortels par Jean-Pierre Dionnet (13’). Notre interlocuteur considère ce premier vrai long métrage de David Lean comme un des films les plus émouvants du cinéma. Après avoir parlé du dramaturge Noël Coward, Dionnet analyse brillamment Heureux mortels en parlant bien évidemment des comédiens, des thèmes et de la mise en scène.

Dans un autre module de dix minutes, Jean-Pierre Dionnet parcoure rapidement les grandes phases de la carrière de David Lean, évoque les thèmes récurrents de son cinéma, son caractère difficile (odieux avec les comédiens tout comme avec les six femmes de sa vie), et croise à la fois la vie de l’homme et de l’artiste.

Un dernier segment sympathique propose un avant/après la restauration du film (7’) à travers un écran divisé en deux parties.

Heureux mortels

Image - 4,5 / 5

Elephant Films reprend le master restauré en HD effectuée en 2011 par le British Film Institute en partenariat avec la fondation David Lean et Granada International. Jusqu’à présent, Heureux mortels était uniquement disponible dans le coffret DVD édité par Carlotta. Ce Blu-ray (au format 1080p) disponible chez Elephant Films impressionne par son éclat et sa propreté et ce dès le générique d’ouverture. Le grain cinéma est respecté, les contrastes sont denses, le format 1.33 est respecté et l’encodage AVC consolide les arrière-plans qui affichent une stabilité bienvenue, tandis que le piqué se voit plus affiné. La définition est quasi-exemplaire, encore plus que pour l’édition HD de L’Esprit s’amuse malgré un Technicolor un peu surannée et des fondus enchaînés qui entraînent quelques légers décrochages.

Son - 4,0 / 5

Heureux mortels est uniquement disponible en version originale DTS Master Audio HD Dual Mono 2.0. Cette piste sans souffle parasite, propre et dynamique, instaure un confort acoustique plaisant avec une délivrance suffisante des dialogues, quelques effets annexes convaincants - bien que rares - et surtout une belle restitution de la musique qui sait limiter les saturations dans les aigus.

Heureux mortels

Crédits images : © Elephant Films

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm
Note du disque
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Franck Brissard
Le 3 mai 2016
Le charme de cette chronique familiale s’étalant sur vingt ans, de la démobilisation en 1919 jusqu’au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, agit petit à petit et le portrait dressé de la petite bourgeoisie londonienne est particulièrement amer. A travers cette tranche de vie d’une famille, entre joies (un mariage) et peines (une fugue, un décès) et le temps qui passe inexorablement, c’est la radiographie de tout un pays que livre le cinéaste, assez peu optimiste quant à l’avenir social et politique de son pays.

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