Réalisé par Bernard Rose
Avec
Carrie-Anne Moss, Xavier Samuel et Tony Todd
Édité par Metropolitan Film & Video
Dans le Los Angeles actuel, deux chercheurs, Viktor Frankenstein et sa femme Marie, ont entièrement créé Adam qui montre toutes les caractéristiques d’un être humain. Doté d’une force herculéenne, Adam a la mentalité d’un nouveau-né, mais montre des capacités d’apprentissage. Toutefois, il est vite affecté de tumeurs cutanées, une maladie évolutive. Alors que les Frankenstein décident de mettre fin à ses souffrances, Adam s’enfuit…
Frankenstein est la dernière réalisation du Britannique Bernard Rose qui s’est essayé à tous les genres dans une vingtaine de films, avec une prédilection marquée pour le fantastique qui s’exprime, dès 1988, avec Paperhouse, que confirmera, en 1992, Candyman, deux films qui lui valurent le Golden Raven, le prix décerné par le Brussels International Festival of Fantasy Film, autrement connu sous l’acronyme BIFFF.
Le Frankenstein de Bernard Rose renouvelle l’approche d’un thème récurrent sur les écrans, grands ou petits, depuis le Frankenstein de James Whale (1931) et sa suite, La Fiancée de Frankenstein (1935) qui ont gravé dans la mémoire des cinéphiles l’image indélébile de Boris Karloff et d’Elsa Lanchester. Ces films, qui sont toujours la référence du thème, et tous les autres, ont consacré l’essentiel de leur métrage au docteur Frankenstein plutôt qu’à sa créature qui, bien qu’elle s’impose spontanément à l’esprit, n’apparaît que dans quelques scènes.
À contre-courant, Bernard Rose choisit de ne pas quitter du regard Adam, le monstre. Il est présent dans toutes les scènes. Dans tous les plans même, si l’on excepte quelques contre-champs et ses vues en caméra subjective. Alors que ses créateurs sont oubliés par les objectifs après une dizaine de minutes, pour ne réapparaître, encore un peu moins longtemps, qu’à la fin du film.
Cette option fait l’originalité de Frankenstein en générant l’empathie du spectateur pour le monstre, innocent tel un nouveau-né abandonné par les seuls êtres qui le rattachent à un milieu inconnu qui se révèle hostile parce que les horribles signes de la maladie effraient tous ceux qu’il rencontre, à l’exception d’un clochard aveugle chanteur de blues. Le monstre ne sait que balbutier quelques mots, mais nous entendons ses pensées et partageons la douleur qu’il ressent à ne pouvoir communiquer avec les autres pour les rassurer sur ses bonnes intentions.
Malheureusement, les répétitions du récit gâchent ces atouts, en particulier l’accumulation de scènes sanglantes, ultra-violentes. Bernard Rose, dans les suppléments qui accompagnent le film, se justifie en affirmant « que le public doit avoir peur, être choqué par un film d’horreur ».
La peur peut pourtant être distillée sans recours à des images horribles. Un exemple souvent cité est celui de Rendez-vous avec la peur (Night of the Demon, 1957) dans lequel l’apparition d’un monstre assez risible à la fin du film, imposée par le producteur à Jacques Tourneur, rompt la tension qu’une menace invisible avait réussi à créer.
Frankenstein (90 minutes) tient sur un Blu-ray double couche. Le menu animé et musical propose la version originale et un doublage en français, les deux au format DTS-HD Master Audio 5.1.
En supplément, un prétendu making of d’à peine 3 minutes, redondant avec le bonus suivant. Cet autre bonus, un entretien avec Bernard Rose (12’) permet au réalisateur d’expliquer son approche, plus conforme au roman de Mary Shelley, de centrer le récit sur le monstre, présenté comme un être sensible et intelligent. Ses autres choix l’ont conduit à donner une certaine importance au personnage de l’épouse du docteur Frankenstein. Bernard Rose justifie également l’exposition qu’il fait de la violence, ce dont nous avons parlé plus haut.
Pour finir, la bande-annonce de six autres films en VO ou en VF, selon votre choix.
L’image (1.78:1, 1080p, AVC) bénéficie d’un excellent piqué, de couleurs naturelles, bien saturées et de contrastes affirmés avec des noirs denses.
Le son DTS-HD Master Audio 5.1, dans les deux versions, occupe toute la largeur du spectre jusqu’à des basses fermes. La forte dynamique au service d’effets sonores spectaculaires fait bon ménage avec la finesse. La spatialisation est efficace et cohérente.
Crédits images : © Bad Badger, Eclectic Pictures, Summerstorm Entertainment