Réalisé par Nicolas Roeg
Avec
David Bowie, Rip Torn et Candy Clark
Édité par Potemkine Films
Thomas Jérôme Newton semble avoir survécu à un crash aérien au Nouveau Mexique. Il se dit britannique et apporte avec lui 9 brevets scientifiques révolutionnaires. Propulsé à la tête d’un empire financier colossal, il manifeste très vite un comportement étrange qui trahira ses véritables origines.
Bowie téléphone maison
Fraîchement sorti de sa période Ziggy Stardut, David Bowie atterrit entre les mains de Nicolas Roeg (Ne vous retournez pas) qui n’aura pas à forcer beaucoup pour diriger le chanteur anglais dans le rôle d’un personnage tombé du ciel. Amaigri et projeté littéralement à côté de ses pompes à cause des 10 grammes de cocaïne absorbés par jour à cette époque, Bowie admettra lui-même qu’il ne savait pas vraiment quoi faire sur le tournage et qu’il s’est laissé porter…
C’est la possibilité qu’à le spectateur de L’homme qui venait d’ailleurs (se laisser porter, pas la cocaïne…) : s’asseoir, ouvrir grand les yeux et les oreilles, et glisser doucement dans un scénario hoqueteux qui n’épargne aucune caricature de cette époque sexe/drogue/alcool/rock’n’roll, le tout dans une mise en scène hypnotique dont Roeg a le secret.
Beau oui, comme Bowie
Adaptant très librement le livre éponyme de Walter Tevis (adapté une seconde fois en 1987 pour le téléfilm Le naufragé des étoiles), L’homme qui venait d’ailleurs oscille entre film à message (abrutissement du personnage par la société de consommation et peur de l’étranger) et oeuvre d’art esthétisante toute à la gloire de la belle gueule de David Bowie… un trip ni séduisant, ni repoussant, calé entre la SF moralisante d’un Jour où la Terre s’arrêta et l’emprise cotonneuse d’un Under the Skin.
Très ancré dans son époque, L’homme qui venait d’ailleurs se laisse encore regarder aujourd’hui, comme une bête curieuse, aux limites du film expérimental, mais demande un certain degré d’attention afin de ne pas louper la fusée…
Avec cette édition de L’homme qui venait d’ailleurs, l’éditeur Potemkine ajoute un titre à sa collection Agnès B. DVD. Présenté dans sa version intégrale de 139 minutes (le film a été amputé d’un petit quart d’heure de scènes un peu légères aux États-Unis), il aurait mérité cependant une plus grande audace éditoriale puisque la version française n’est pas présente, ni certains bonus existants de grande valeur. Les problèmes de droits et autres coûts de production ont encore frappé.
Le seul bonus de cette édition est intitulé David Bowie au cinéma et se propose, comme son titre l’indique, d’aborder les quelques pas de Bowie sur grand écran. Ce sont les connaissances de Jean-Marc Lalanne (Les Inrockuptibles) et Linda Lorin (Radio Nova) qui nous guident dans cette retrospective.
Les bonus présents sur l’édition DVD Studiocanal ne sont pas repris, et le commentaire audio dont faisait partie David Bowie n’a toujours pas traversé l’Atlantique.
Concernant le territoire français, le seul vrai gros bonus de cette édition est donc bel et bien le fait de pouvoir profiter du film en HD. Et quelle HD ! Le master ici présent est de toute beauté et réserve des images d’une grande finesse dans les plans les plus lumineux, les plans plus sombres n’étant pas exempts de grain. L’encodage AVC parfaitement maîtrisé termine de faire de ce Blu-ray le support parfait pour (re)découvrir le film et le conserver.
Contrairement à ce qu’annonce la jaquette et les communiqués de presse, ce Blu-ray profite bel et bien d’une piste DTS-HD Master Audio 5.1 et non 2.0. Mixé en Stéréo 4 pistes à l’époque, L’homme qui venait d’ailleurs profitait d’un canal central et d’une piste vaguement surround en plus de la stéréo gauche/droite. C’est donc au plus près de cette version que la piste sonore de ce Blu-ray nous rapproche. Elle n’a rien de spectaculaire, mais elle est tout à fait propre et assez large pour accompagner à merveille le format Scope du film.
La VF présente sur la précédente édition DVD était réservée à la version courte censurée, on imagine donc que cette version longue n’a pas été doublée, d’où l’absence d’une telle piste ici.
Crédits images : © Potemkine Films