L'Homme qui venait d'ailleurs (1976) : le test complet du Blu-ray

The Man Who Fell On Earth

Version Restaurée

Réalisé par Nicolas Roeg
Avec David Bowie, Rip Torn et Candy Clark

Édité par Potemkine Films

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Critique

L'homme qui venait d'ailleurs

Thomas Jérôme Newton semble avoir survécu à un crash aérien au Nouveau Mexique. Il se dit britannique et apporte avec lui 9 brevets scientifiques révolutionnaires. Propulsé à la tête d’un empire financier colossal, il manifeste très vite un comportement étrange qui trahira ses véritables origines.

Bowie téléphone maison

Fraîchement sorti de sa période Ziggy Stardut, David Bowie atterrit entre les mains de Nicolas Roeg (Ne vous retournez pas) qui n’aura pas à forcer beaucoup pour diriger le chanteur anglais dans le rôle d’un personnage tombé du ciel. Amaigri et projeté littéralement à côté de ses pompes à cause des 10 grammes de cocaïne absorbés par jour à cette époque, Bowie admettra lui-même qu’il ne savait pas vraiment quoi faire sur le tournage et qu’il s’est laissé porter…

C’est la possibilité qu’à le spectateur de L’homme qui venait d’ailleurs (se laisser porter, pas la cocaïne…) : s’asseoir, ouvrir grand les yeux et les oreilles, et glisser doucement dans un scénario hoqueteux qui n’épargne aucune caricature de cette époque sexe/drogue/alcool/rock’n’roll, le tout dans une mise en scène hypnotique dont Roeg a le secret.

Beau oui, comme Bowie

Adaptant très librement le livre éponyme de Walter Tevis (adapté une seconde fois en 1987 pour le téléfilm Le naufragé des étoiles), L’homme qui venait d’ailleurs oscille entre film à message (abrutissement du personnage par la société de consommation et peur de l’étranger) et oeuvre d’art esthétisante toute à la gloire de la belle gueule de David Bowie… un trip ni séduisant, ni repoussant, calé entre la SF moralisante d’un Jour où la Terre s’arrêta et l’emprise cotonneuse d’un Under the Skin.

Très ancré dans son époque, L’homme qui venait d’ailleurs se laisse encore regarder aujourd’hui, comme une bête curieuse, aux limites du film expérimental, mais demande un certain degré d’attention afin de ne pas louper la fusée…

L'homme qui venait d'ailleurs

Présentation - 3,0 / 5

Avec cette édition de L’homme qui venait d’ailleurs, l’éditeur Potemkine ajoute un titre à sa collection Agnès B. DVD. Présenté dans sa version intégrale de 139 minutes (le film a été amputé d’un petit quart d’heure de scènes un peu légères aux États-Unis), il aurait mérité cependant une plus grande audace éditoriale puisque la version française n’est pas présente, ni certains bonus existants de grande valeur. Les problèmes de droits et autres coûts de production ont encore frappé.

Bonus - 2,5 / 5

Le seul bonus de cette édition est intitulé David Bowie au cinéma et se propose, comme son titre l’indique, d’aborder les quelques pas de Bowie sur grand écran. Ce sont les connaissances de Jean-Marc Lalanne (Les Inrockuptibles) et Linda Lorin (Radio Nova) qui nous guident dans cette retrospective.

Les bonus présents sur l’édition DVD Studiocanal ne sont pas repris, et le commentaire audio dont faisait partie David Bowie n’a toujours pas traversé l’Atlantique.

L'homme qui venait d'ailleurs

Image - 5,0 / 5

Concernant le territoire français, le seul vrai gros bonus de cette édition est donc bel et bien le fait de pouvoir profiter du film en HD. Et quelle HD ! Le master ici présent est de toute beauté et réserve des images d’une grande finesse dans les plans les plus lumineux, les plans plus sombres n’étant pas exempts de grain. L’encodage AVC parfaitement maîtrisé termine de faire de ce Blu-ray le support parfait pour (re)découvrir le film et le conserver.

L'homme qui venait d'ailleurs

Son - 4,0 / 5

Contrairement à ce qu’annonce la jaquette et les communiqués de presse, ce Blu-ray profite bel et bien d’une piste DTS-HD Master Audio 5.1 et non 2.0. Mixé en Stéréo 4 pistes à l’époque, L’homme qui venait d’ailleurs profitait d’un canal central et d’une piste vaguement surround en plus de la stéréo gauche/droite. C’est donc au plus près de cette version que la piste sonore de ce Blu-ray nous rapproche. Elle n’a rien de spectaculaire, mais elle est tout à fait propre et assez large pour accompagner à merveille le format Scope du film.

La VF présente sur la précédente édition DVD était réservée à la version courte censurée, on imagine donc que cette version longue n’a pas été doublée, d’où l’absence d’une telle piste ici.

L'homme qui venait d'ailleurs

Crédits images : © Potemkine Films

Configuration de test
  • Vidéo projecteur Toshiba TDP-MT700
  • Sony PlayStation 3
  • Ampli Denon AVR 2807
  • Kit enceintes/caisson Morel Nova (configuration 7.1)
  • Diagonale image 302 cm
Note du disque
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Stéphane Leblanc
Le 16 septembre 2016
Très ancré dans son époque, L’homme qui venait d’ailleurs se laisse encore regarder aujourd’hui, comme une bête curieuse, aux limites du film expérimental, mais demande un certain degré d’attention afin de ne pas louper la fusée…
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Franck Brissard
Le 28 mai 2016
David Bowie, un alien de la musique...et au cinéma
En 1975, David Bowie arrive dans sa période soul/funk. Accro à la cocaïne, il sombre dans la paranoïa et les délires mystiques. Incapable de contrôler son image publique, il change à nouveau de « peau » pour se diriger vers un autre courant musical. C'est dans ces conditions que la rockstar tourne L'Homme qui venait d'ailleurs (The Man Who Fell to Earth), réalisé par Nicolas Roeg en 1975. Le cinéaste de Ne vous retournez pas et de Walkabout va alors contribuer au mythe de David Bowie en se servant de son aura, de son physique, de sa présence, et l'imprimer sur pellicule pour ce qui s'avère être son film le plus étrange. Bowie y incarne un alien échoué sur Terre afin de trouver de l'eau pour lutter contre la sécheresse qui dévaste sa planète. Il y a laissé sa femme et ses enfants, qui apparaissent sous forme de rêves et de flash-backs. Ayant pris forme humaine et sous l'identité du brinnatique Thomas Jérôme Newton, il parvient à bâtir un empire industriel en déposant neuf brevets scientifiques révolutionnaires, notamment dans le domaine des films à développement instantané. Cette maîtrise de technologies futuristes et les secrets autour de son identité attirent la curiosité de personnes mal intentionnées. Devenu milliardaire, il fait construire un vaisseau spatial par une de ses sociétés, afin de pouvoir regagner sa planète. Il rencontre alors Mary-Lou, qui vient alors bouleverser l'ordre des choses.

Un conte philosophique de science-fiction

Les questions existentielles, les rapports entre l’homme et la femme, de l’homme à la nature (ici une catastrophe écologique qui ravage une autre planète) sont cette fois encore au centre du quatrième long métrage de Nicolas Roeg, même s'il s'agit ici d'un récit de science-fiction. Les chanteurs ont toujours inspiré le réalisateur. Après Mick Jagger dans Performance (co-réalisé avec Donald Cammell) en 1970 et avant Art Garfunkel dans Enquête sur une passion en 1980, c'est donc au tour de David Bowie d'être dirigé par Nicolas Roeg, dans son premier vrai rôle au cinéma. Enfin dirigé est un bien grand mot tant la rockstar a semble t-il envoûté le réalisateur qui se contente essentiellement de le filmer sous tous les angles. Comme s'il cherchait lui-même à percer le mystère qui entourait alors cet être hors-du-commun. Film singulier, qui ne ressemble à aucun autre, qui déconcerte, agace, ennuie, subjugue et hypnotise par son récit éclaté, L'Homme qui venait d'ailleurs, librement adapté du roman L'Homme tombé du ciel de l'écrivain américain Walter Stone Tevis publié en 1963, est un pur film de Nicolas Roeg. Un kaléidoscope d'images, de séquences qui s'opposent et qui se répondent à la fois, une expérience sensorielle, qui ne livrera jamais toutes ses clés même au fil de nombreux visionnages. Le charisme androgyne unique de David Bowie est immense. Ce rôle lui va évidemment comme un gant, d'autant plus que son personnage finit par devenir une rock-star en sortant un album sous le nom de The Visitor à la fin du film. Un album réalisé dans l'espoir que la femme qu'il aime et qui l'attend, puisse l'entendre à la radio. Un vecteur de communication, comme Bowie lui-même avec ses fans à travers le monde.

La légende Bowie

Roeg s'amuse à jouer avec les frontières entre Bowie et son personnage, et participe donc à sa légende. A la mort de l'artiste en 2016, une grande partie de la presse a titré « Mort de l'Homme qui venait d'ailleurs ». La boucle est bouclée. Enfin presque, puisque le film a connu une suite au théâtre, imaginée par David Bowie himself. La comédie musicale Lazarus s'est jouée à Broadway fin 2015 avec l'excellent Michael C. Hall dans le rôle principal, quelques jours seulement avant la disparition de Bowie en janvier 2016.

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