Réalisé par Khavn
Avec
Tadanobu Asano, Nathalia Acevedo et Elena Kazan
Édité par Blaq Out
À Manille, un chef de gang règne avec violence sur la ville. Il demande à son plus loyal homme de main de protéger sa petite amie, impulsive et qui a tendance à attirer les ennuis. De leur rencontre va naître une romance et c’est durant leur fuite qu’ils vont apprendre à se connaître…
Ruined Heart est l’avant dernier film écrit et réalisé par Khavn Nicolas de la Cruz, prolifique scénariste, réalisateur, compositeur et chanteur philippin. Le titre complet, Ruined Heart: Another Lovestory Between a Criminal & a Whore, résume à lui seul le scenario de ce film expérimental sans dialogues, montrant deux personnages, le criminel et la prostituée, courant dans les rues de Manille pour échapper à ceux qui veulent les tuer.
Ruined Heart est une invitation à faire d’étranges rencontres : avec un lapin et un cochon lâchés dans un appartement, avec un homme coiffé d’une tête de cheval donnant le bras à une femme en robe de mariée avec des ailes de chauve-souris dans le dos, avec des hommes s’adonnant à un orgie nocturne en pleine rue, avec une croix enflammée au milieu d’un parking… Une suite d’images surréalistes baignant dans la violence, sans dialogues, conduit à plusieurs intermèdes de musique et chansons en tout genre, allant de la guimauve sentimentale à un arrangement pour la guitare du fameux Canon en ré majeur de Pachelbel, en passant par du rock et un air d’opéra.
La photographie de Ruined Heart ajoute au dépaysement auquel le scénario nous invite. Couleurs manipulées qui peuvent s’effacer au profit du noir et blanc, prises de vues saccadées à moins d’une dizaine d’images par seconde, déformations des objectifs à très courte focale ou des visages reflétés dans l’eau, flous… Cette recherche est l’oeuvre du chef opérateur attitré de Wong Kar-Wai, Christopher Doyle, maintes fois primé, notamment à Cannes, en 2000, pour sa contribution au magnifique In the Mood for Love.
Et puis il y a de la musique, pour tous les goûts, souvent lancinante.
Le réalisateur a manifestement choisi de privilégier la forme au fond. Malgré cette réserve, Ruined Heart confirme avec brio qu’aucun code ne pourra jamais enfermer l’écriture cinématographique.
Ruined Heart (71 minutes) est proposé en édition combo Blu-ray + DVD-9. Le test a été effectué sur un check disc DVD, seul fourni. Le menu animé et musical propose deux versions audio : Dolby Digital 5.1 et 2.0 stéréo, avec des sous-titres français optionnels sur les paroles des chansons.
En supplément, Ceci n’est pas un making of (3’) et Ceci n’est pas une première (3’), sans commentaires, avec accompagnement musical, donnent un aperçu du tournage de certaines scènes et de la première du film à Manille. Suit Pusong Wazak, le court métrage à l’origine du film (2012, 14’) où l’on voit, notamment, un couple attablé échangeant de courtes phrases dans une attitude figée, des enfants nus courant dans des herbes hautes, une fille ensanglantée et le lapin qu’on retrouvera dans le long métrage. Pour finir, trois clips vidéo d’une durée totale de 11’ et la bande-annonce du film.
L’image (1.85:1), précisément définie et bien contrastée, y compris dans les nombreuses scènes de nuit, projette sur l’écran une explosion de couleurs lumineuses avec des noirs denses.
Le son (Dolby Digital 5.1 ou DD stéréo) restitue parfaitement la musique avec un spectre très ouvert jusqu’à des aigus cristallins et une excellente dynamique. Avec l’équipement adéquat, le format 5.1 utilise généreusement les voies latérales pour donner une plus grande ampleur à l’accompagnement musical.
Crédits images : © Blaq Out