Les Bas-fonds (1957) : le test complet du Blu-ray

Donzoko

Réalisé par Akira Kurosawa
Avec Isuzu Yamada, Toshirô Mifune et Bokuzen Hidari

Édité par Wild Side Video

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Le 17/05/2017
Critique

Les Bas-fonds

Des ordures jetées par deux femmes du haut d’une falaise tombent sur le toit d’une masure. À l’intérieur, pressés par les logeurs, Robukei et sa femme, de payer leur loyer, vivent, dans une totale promiscuité, des hommes et de femmes démunis, un rétameur et sa femme mourante, un voleur, une prostituée et sa soeur, un ancien policier, un samouraï sans maître, un acteur sans emploi… Un inconnu arrive, Kahei, un vieux sage qui va les aider à prendre conscience de leur état…

Les Bas-fonds (Donzoko, 1957) est l’adaptation par Akira Kurosawa, passionné par le théâtre, de la pièce de Maxime Gorki, l’une des douze faites au cinéma. Elle suit, plus de vingt ans après, celle que réalisa Jean Renoir en 1936, saluée par le prix Louis Delluc, sous le titre Les Bas-fonds, avec une affiche prestigieuse sur laquelle apparaissaient Jean Gabin, Louis Jouvet, Suzy Prim et Jany Holt.

À l’inverse de son adaptation très libre du Macbeth de William Shakespeare pour Le Château de l’araignée, Akira Kurosawa choisit de transposer Les Bas-fonds en restant très fidèle, bien plus que ne le fut Renoir, à la pièce de Gorki, en supprimant seulement quelques personnages.

Les Bas-fonds

Une réelle gageure, cependant, que de vouloir soutenir l’attention du spectateur pendant plus de deux heures par un huis-clos dans un décor sordide : tout le film se déroule dans la salle commune, sauf une scène dans la cour, tout aussi exiguë. Pas d’autre action que les entrées et sorties de quelques personnages et leurs mesquines disputes.

Akira Kurosawa, fidèle à ses habitudes perfectionnistes, a fait répéter les acteurs en costume pendant des semaines avant de commencer le tournage, avec plusieurs caméras, pour un montage en plans souvent très courts, sans les longs plans-séquences qu’il affectionne.

Les Bas-fonds est donc, par son sujet et par sa forme, un film à part dans l’oeuvre d’Akira Kurosawa… et une preuve supplémentaire de l’universalité de son talent, capable de s’épanouir dans tous les genres. C’est aussi une extraordinaire collaboration avec Toshirô Mifune, un autre monstre sacré du cinéma nippon.

Les Bas-fonds

Présentation - 5,0 / 5

Les Bas-fonds (125 minutes), remastérisé en HD, et son généreux complément vidéo (68 minutes) sont présentés sur deux supports, Blu-ray et DVD (BD-50 et DVD-9), logés à l’intérieur des deux couvertures d’un Mediabook aux dimensions d’un DVD. En couverture, un photomontage des personnages traité à la manière d’un lavis.

Un menu musical et animé propose le film dans sa seule version originale, au format DTS-HD Master Audio 1.0 sur le Blu-ray, avec sous-titres optionnels placés légèrement trop haut.

Cette magnifique édition s’ajoute à la collection Akira : Les années Toho qui, avec la sortie simultanée de Les Salauds dorment en paix et Entre le ciel et l’enfer, compte à ce jour quinze films en treize volumes et devrait prochainement être complétée par Barberousse et Dodes’kaden.

À l’intérieur, très généreusement illustré de photos du film (ainsi que des Les Bas-fonds de Jean Renoir) et de la reproduction de trois affiches, un livret de 66 pages écrit et composé par Frédéric Albert Lévy. Il s’ouvre sur des critiques tranchées du film, sur la théâtralité de son interprétation. Suit une analyse de la pièce écrite en 1902 par Gorki, sans réelle intrigue, sauf les bribes de l’histoire passée d’une vingtaine de personnages échoués dans un asile aux allures de prison dans laquelle passe Louka, un vieux sage. Le livret donne ensuite un aperçu sur les choix de mise en scène puis une série de réflexions de Kurosawa sur la direction d’acteurs et sur la fonction des décors qui débouchent sur une question : les laissés pour compte ont-ils une raison d’espérer ? Une question à laquelle Gorki ne donne pas de réponse, tout comme Kurosawa qui a lui-même dit : « Je pense que tous mes films ont un thème commun : pourquoi les hommes ne peuvent-ils pas être heureux ensemble ? ». Le livret se termine par le regard avisé porté sur Les Bas-fonds et, plus généralement sur l’oeuvre d’Akira Kurosawa, par le réalisateur Christophe Gans. Passionnant !

Les Bas-fonds

Bonus - 4,0 / 5

En complément, inédit, Kurosawa par Charles Tesson, délégué général de la Semaine de la Critique (68’). Interrogé par Alex Masson (FilmoTV), Charles Tesson, dans une revue des films d’Akira Kurosawa de L’Ange ivre (Yoidore tenshi, 1948), le premier de seize films avec Toshirô Mifune, à Dodes’kaden (1970), fait ressortir les caractéristiques de son cinéma qui explore plusieurs genres, principalement le film de sabre et le film noir, mais aussi le film d’aventures avec La Forteresse cachée. Il est le cinéaste japonais qui a décrit, encore mieux que Kenji Mizoguchi et Yasujirô Ozu, les contradictions du Japon, entre l’organisation méditative du jardin zen et le chaos des typhons, des séismes et de la guerre. Des thèmes récurrents habitent son oeuvre, la transmission du savoir du maître à l’élève, la remise en cause des valeurs traditionnelles, la corruption, la vengeance… Un document très riche, foisonnant même. Apparemment improvisé, il aurait gagné à être mieux préparé et plus structuré. Autre détail : rien sur Les Bas-fonds !

Les Bas-fonds

Image - 4,0 / 5

L’image (1.37:1, 1080p, AVC) propose un noir et blanc très contrasté, trop peut-être, débarrassé de toute tache ou griffure. Un peu de grain se manifeste occasionnellement, ce qu’on acceptera sans rechigner : le faire disparaître par un lissage excessif aurait conduit à une dénaturation de la texture originelle. On peut déceler un léger manque de stabilité lumineuse, pas trop gênant, sur certaines séquences.

Les Bas-fonds

Son - 4,5 / 5

Le son (DTS-HD Master Audio 1.0) est d’une remarquable propreté, sans bruit parasite et pratiquement sans souffle. La bande passante est nécessairement étroite, mais la puissance des graves apparaît dès les coups de gong du générique. Quelques saturations passagères.

Les Bas-fonds

Crédits images : © 1957, Toho Co., Ltd All rights reserved

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

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Philippe Gautreau
Le 18 mai 2017
Les Bas-fonds, une adaptation fidèle de la pièce de Gorki, confirme la maîtrise d’Akira Kurosawa, notamment dans la direction d’acteurs. Cette œuvre à part dans sa filmographie est, avec cette remarquable édition, maintenant disponible en HD.

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Les Bas-fonds
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