Réalisé par Tod Williams
Avec
John Cusack, Samuel L. Jackson et Isabelle Fuhrman
Édité par Marco Polo Production
Clay Riddell, dessinateur de bandes-dessinées, est témoin d’une scène de carnage à l’aéroport de Boston : tous ceux qui se servent de leur téléphone portable se transforment instantanément en zombies sanguinaires. Il rejoint alors un groupe de survivants et part, avec Tom McCourt, à la recherche du signal à l’origine de ce chaos.
Le film était tourné depuis 2013, mais finalement Cell Phone débarque en France directement en DVD et Blu-ray trois ans après. Alors qu’Eli Roth était longtemps pressenti, c’est finalement Tod Williams, qui avait signé Lignes de vie en 2004 avec Jeff Bridges, Kim Basinger et Elle Fanning, ainsi que le deuxième opus de la saga soporifique Paranormal Activity, qui se retrouve derrière la caméra pour Cell Phone, ou juste Cell en version originale. Il s’agit de l’adaptation cinématographique du roman Cellulaire de Stephen King. D’ailleurs, l’écrivain adapte lui-même son oeuvre publiée en 2006, avec l’aide d’Adam Alleca, scénariste du remake de La Dernière maison sur la gauche de Wes Craven en 2009.
À la base, réunir John Cusack et Samuel L. Jackson, stars en 2007 de Chambre 1408, déjà basé sur une histoire de Stephen King publiée dans le recueil de nouvelles Tout est fatal, était attractif. On déchante rapidement. Il faut bien avouer que le roman Cellulaire est probablement un des plus mauvais du maître de l’horreur, au point que certains fans se demandent même s’il en est bien l’auteur. En participant à cette transposition, Stephen King a peut-être voulu revoir « sa » copie, notamment une fin qui diffère par rapport à celle du livre suite au mécontentement des lecteurs dans le monde entier, mais le matériel de base demeure fort médiocre. À l’origine, Cellulaire est un hommage aux films de zombies, dédicacé à George Romero. La charge contre l’utilisation des téléphones portables laissait franchement à désirer, l’histoire post-apocalyptique faisait parfois trop penser à celle du Fléau (immense chef d’oeuvre) et la traduction française du roman semblait bâclée. Cela n’a pas empêché le roman de remporter un vif succès au point de rester trois semaines à la première place sur la New York Times Best Seller list et dix semaines au total.
À l’instar du roman, le début de Cell Phone est plutôt réussi. La séquence dans l’aéroport de Boston est « honnête » et plonge gentiment le spectateur dans l’ambiance. Mais alors tout s’écroule avant même la rencontre des personnages de Clay (Cusack) et McCourt (L. Jackson). La faute à une mise en scène hideuse et des acteurs qui ont l’air d’être constamment ailleurs. John Cusack paraît s’endormir pendant ses répliques, pendant que Samuel L. Jackson semble ne plus se souvenir sur quel plateau - des dix films qu’il tourne en même temps - il se trouve. Rien, absolument rien ne fonctionne. La production est fauchée, les séquences supposées faire peur tombent toutes à plat, les dialogues au rabais ennuient, les zombies crachant un bruit de débit renvoyant aux débuts d’internet (vous savez, quand vous décrochiez le téléphone en même temps ! ) sont ridicules. La fin, bâclée, qui voudrait foutre les jetons aux spectateurs voire en faire pleurer certains, est drôle de manière involontaire. Les effets spéciaux sont moches, les maquillages ratés, dignes d’une série Z (ou de World War Z quoi), les figurants sont dignes de ceux d’un film de Jean-Marie Pallardy, tout va bien trop vite en besogne sans laisser le temps d’installer les personnages, de créer d’empathie ou de nous raccrocher à eux. Isabelle Fuhrman, révélation de l’excellent Esther de Jaume Collet-Serra (2009) tire son épingle du jeu, mais il n’y a que cela à retenir de ce marasme, véritable accident industriel, qui oublie même le thème du roman original pour se concentrer uniquement sur l’aspect film de zombies et jouer la carte du survival.
Point de passage dans les salles françaises pour Cell Phone. Le film de Tod Williams arrive directement dans les bacs français en DVD et Blu-ray. Le test de l’édition HD, disponible chez Marco Polo Production, a été réalisé à partir d’un check-disc.
Le film s’accompagne d’un making of promotionnel (12’), composé d’interviews de l’équipe, persuadée de tenir là un scénario en béton pour un futur classique du genre. John Cusack vapote, Samuel L. Jackson boit un Sprite, les producteurs font bonne figure. Les effets spéciaux, les maquillages, les cascades sont ensuite passés en revue par les responsables des différentes équipes techniques. Les image de tournage montrent clairement le manque d’investissement des comédiens et l’absence de budget, surtout au niveau des figurants maquillés en zombies.
L’impression qui reste après le visionnage de cette édition est surtout celle d’avoir vu des images peu reluisantes avec des teintes froides, pour ne pas dire fades, des séquences sombres moches, visiblement tournées en nuit américaine. Une définition plus que médiocre. Certaines séquences sortent du lot, surtout celles en extérieur jour avec un piqué plus probant et des détails dignes du support. Il ne faut pas trop en demander non plus, mais le Blu-ray de Cell Phone s’apparente plus à un DVD sensiblement amélioré plutôt qu’à un transfert HD digne de ce nom. Ceci dit, la qualité de ce master dépend également des conditions de prises de vues et du manque de moyen original, dans ce cas-là, il n’y a rien à reprocher à l’éditeur, dont les Blu-ray demeurent habituellement soignés.
Les deux mixages anglais et français DTS-HD Master Audio 5.1 s’avèrent plus concrets en matière de Haute-Définition ! Ces deux pistes ne font pas dans la demi-mesure quand « l’action » démarre. Si l’on compare les options acoustiques, la version originale se révèle plus saisissante et met surtout en relief les ambiances latérales et la musique. Dans les deux cas, les dialogues se détachent sans mal sur la centrale, tandis que les frontales assurent le travail avec ardeur. Le caisson de basses en profite pour s’inviter joyeusement aux quelques affrontements. Le mixage français pousse peut-être un peu trop les dialogues à l’avant au détriment d’une harmonie concrète. Le changement de langue est impossible à la volée et les sous-titres français sont imposés sur la version originale.
Crédits images : © Richard Foreman, Jr. SMPSP