L'Étrangleur de Rillington Place (1971) : le test complet du Blu-ray

10 Rillington Place

Réalisé par Richard Fleischer
Avec Richard Attenborough, Judy Geeson et John Hurt

Édité par Carlotta Films

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Le 09/11/2016
Critique

L'Étrangleur de Rillington Place

D’après les faits réels et les minutes du procès de l’affaire John Reginald Christie.
Angleterre, Londres, 10 Rillington Place, en 1944. John Christie, qui sert comme policier réserviste, endort avec du gaz puis viole et tue en l’étranglant une première victime attirée à son domicile pour y subir un traitement médical contre la bronchite. 1949 : la famille Evans emménage dans l’appartement voisin du sien et Christie est attiré par Beryl, l’épouse d’Evans. Son désir d’avorter lui donne l’occasion de la violer puis de la tuer en faisant croire à Evans qu’il s’agit d’un accident. Puis il laisse accuser Evans (un analphabète mythomane) du meurtre de la mère et de sa petite soeur. Evans est condamné à mort puis pendu, Christie, gravement compromis durant le procès, devient un paria social, soupçonné par sa propre épouse qu’il assassine également. Pauvre, sans domicile, il devient un clochard fréquentant les asiles de nuit. On découvre les cadavres qu’il a enterrés dans son jardin de Rillington Place ou cachés derrière les murs et les cloisons. Arrêté, il confesse ses crimes puis est pendu à son tour tandis que Evans est réhabilité.

L’Etrangleur de Rillington Place (10 Rillington Place, GB 1970) de Richard Fleischer est lui aussi à la fois un film noir policier, un thriller psychologique, un film d’horreur et d’épouvante mais son scénario repose, tout comme celui de son antérieur L’Etrangleur de Boston (1968) sur des faits réels dont il se veut la représentation la plus authentique, la plus intime, la plus réaliste. Terreur aveugle (1971) sera, contrairement aux deux titres de 1968 et de 1970, une pure fiction. C’est, au sein de cette grande trilogie psychopathologique fleischérienne constituée par L’Etrangleur de Boston, L’Etrangleur de Rillington Place, Terreur aveugle, ce qui différencie essentiellement ce dernier titre des deux premiers.

L'Étrangleur de Rillington Place

Cette volonté documentaire débouche sur une prouesse technique et plastique qui est exactement l’inverse de celle du film de 1968 : durant les deux tiers des 111 minutes que dure le film de 1970, la caméra se soumet à une sorte d’unité de lieu et se déplace dans un espace restreint, étouffant, étouffé, oppressant alors qu’en 1968, le format CinemaScope investissait tous les quartiers de Boston. Une partie des intérieurs et des extérieurs sont authentiques (Fleischer tourna au 7 et au 10 de la rue Rillington, peu de temps avant la destruction des immeubles) : inutile de dire que ce vérisme confère à l’action une dimension documentaire et historique.

D’autre part, l’affaire Evans, enchâssée au coeur de l’affaire Christie comme son point d’orgue, augmente encore la tension déjà insoutenable du sujet : la réalité peut n’être pas vraisemblable mais elle est la réalité. Fleischer s’est adjoint comme conseiller technique le bourreau qui exécuta Evans (exécution représentée par Fleischer) puis Christie (exécution mentionnée au générique de fin), étudia les minutes du procès en compagnie de son scénariste, lui-même inspiré par un livre historique documenté de 1961 dont l’auteur fut, soit dit en passant, l’époux de l’actrice Moira Shearer. Ce réalisme pointilliste de Fleischer - parfois pris en défaut, selon certains critiques : par exemple la famille Evans aurait emménagé en 1948 chez Christie, pas en 1949 comme l’indique l’image - confine donc, logiquement, étant donnée la nature même de son sujet, au fantastique à plus d’une reprise bien que Fleischer refuse le sensationnalisme.

Les effets terrifiants de sa mise en scène sont dispensés avec économie (le décadrage latéral au moment où Christie va tuer Beryl, la vision subjective de Christie en contre-plongée adoptant le point de vue de Beryl avant qu’elle soit étranglée), ce qui augmente encore leur impact. La litote et l’économie de moyens contribuent à augmenter le malaise et la terreur : Christie monte un escalier, une cravate à la main, vers la chambre où pleure le bébé du couple Evans. Ce simple plan suggère suffisamment l’infanticide pour qu’on en frémisse.

Interprétation de premier ordre, direction artistique soignée au plus haut point : deux éléments constants des grands films de Fleischer. Les connaisseurs de la Hammer Films aperçoivent au casting du générique de fin, deux noms qui leur sont familiers : Isobel Black (elle jouait dans Le Baiser du vampire) qui interprète Alice, l’amie de Beryl, et André Morell (Le Chien des Baskerville, version Terence Fisher, L’Invasion des morts-vivants, Dans les griffes de la momie) qui interprète le juge qui condamne Evans à mort.

L'Étrangleur de Rillington Place

Présentation - 4,0 / 5

Un Blu-ray BD-50 en définition 1080 / 23.98p, édité le 9 novembre 2016 par Carlotta Films en coffret ou à l’unité, disponible aussi en DVD. Durée du film : 111 minutes. Image au format respecté 1.66 couleurs, compatible 16/9. Son DTS HD Master Audio 1.0 en VOSTF ou VF d’époque, au choix. Le visuel de la jaquette reprend un fragment de plan utilisé par l’affiche originale. Suppléments : présentation de Nicolas Saada, entretiens avec Judy Geeson et Christophe Gans, bande annonce originale.

Bonus - 3,0 / 5

La présentation de Nicolas Saada est optionnelle avant que le film débute mais je conseille de ne la visionner qu’après afin de bénéficier pleinement de la pertinence de certaines de ses remarques d’une part (il me semble par exemple possible, comme il le dit, sinon certain, que Hitchcock ait été influencé par L’Etrangleur de Rillington Place au moment de filmer Frenzy), de ne pas trop découvrir le film dont elle présente des extraits d’autre part. Elle est suivie au menu par un entretien avec le cinéaste Christophe Gans (environ 20 minutes : je suis d’accord avec l’idée que Fleischer adopte un axe particulier, transversal, lorsqu’il tourne certains sujets noirs, alors que sa mise en scène est plus classique ailleurs) et un entretien avec l’actrice Judy Geeson dont ce fut le premier très grand rôle (environ 25 minutes) et qui apporte des informations de première main sur le tournage (le maquillage de Richard Attenborough durait des heures afin que son front ressemblât à celui de Christie), puis la bande-annonce originale très intéressante car elle confirme la volonté réaliste et documentaire de Fleischer. L’ensemble constitue une honnête «  édition spéciale  ».

A noter que le copyright mentionné au générique d’ouverture de L’Etrangleur de Rillington Place est bien 1970 et non pas 1971 comme incrusté sur la plupart des mentions du titre et comme écrit un peu partout, y compris sur internet. On aurait pu songer à reprendre l’entretien avec l’acteur et cinéaste Richard Attenborough qu’on trouvait sur une ancienne édition DVD : c’était un témoignage de première main probablement supérieur en quantité d’informations à celui de Judy Geeson. Pas de galerie photos ni affiches : dommage.

L'Étrangleur de Rillington Place

Image - 5,0 / 5

Format 1.66 couleurs, compatible 16/9 et full HD en 1080 / 23.98p. L’ancien DVD Sony était 1.85 mais le Blu-ray en édition limitée sortie le 15 mars 2016 aux USA, a récemment restitué le format initial correct 1.66, suivi à présent par ce Blu-ray Carlotta. Texture chimique parfaitement respectée, grain argentique respecté, couleurs et nuances très riches, précision de la définition presque chirurgicale. Pratiquement parfait.

Son - 5,0 / 5

Son mono anglais d’origine en VOSTF ou VF d’époque, au choix : offre nécessaire et suffisante pour le cinéphile francophone. Comme souvent, la dynamique et la précision des effets sonores sont supérieures dans la VOSTF mais la VF d’époque est en bon état elle aussi. Il faut ici privilégier la VOSTF à cause, notamment, de la voix de Richard Attenborough et de celles de John Hurt, aux accents et à l’élocution impossibles à rendre en français.

L'Étrangleur de Rillington Place

Crédits images : © Columbia Pictures

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Panasonic FullHD
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Sony
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p
Note du disque
Avis
Multimédia
L'Étrangleur de Rillington Place
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