Tarzan (2016) : le test complet du Blu-ray 3D

Tarzan, maintenant Jack Clayton, Lord Greystoke, vit désormais en Angleterre en bon père de famille. Il accepte pourtant d’accomplir une mission commandée par la reine Victoria : enquêter sur les agissements douteux au Congo Belge d’un certain Leon Rom. Il retrouve donc l’Afrique, dix ans après l’avoir quittée, en compagnie de Jane, son épouse, et de George Washington Williams, un émissaire de la Maison Blanche qui suspecte que des colons ont réduit des indigènes en esclavage pour produire du caoutchouc à bon compte.

Tarzan (The Legend of Tarzan) est le dernier avatar sur les écrans du personnage imaginé par un marchand de taille-crayons de Chicago, Edgar Rice Burroughs, qui publia en 1912 son plus célèbre roman, Tarzan of the Apes, dont le succès l’encouragea à exploiter le héros à travers d’autres médias, la bande dessinée et, surtout, le cinéma.

Tarzan of the Apes, réalisé en 1918 par Scott Sidney, est la première, fidèle au roman, de plus d’une centaine d’adaptations pour l’écran, grand et petit, dont beaucoup prendront beaucoup de libertés avec l’histoire originale. Si la plupart des aventures de Tarzan sont situées dans la jungle africaine, d’autres l’ont amené en Inde ou encore à Manhattan.

Une impressionnante collection de navets cache quelques gemmes. En 1932, Johnny Weissmuller, d’origine hongroise, champion olympique de natation aux cinq médailles d’or se glisse pour la première fois dans son pagne en peau de léopard et rencontre Jane, délicieusement incarnée par Maureen O’Sullivan (la mère de Mia Farrow) dans Tarzan, réalisé par W.S. Van Dyke. Le succès du film encouragea les producteurs à confier à Cedric Gibbons, Jack Conway et James C. McKay la réalisation, avec le même couple, de l’inoubliable Tarzan et sa compagne, empreint de poésie et d’un doux érotisme, notamment dans une scène où Jane, à laquelle certains reprochaient déjà ses tenues légères, enfonce le clou en nageant dans le plus simple appareil sous l’oeil indiscret d’une caméra sous-marine. Ce qui fit pousser aux ligues de vertu des cris d’orfraie jusqu’à ce que les producteurs se résolvent à sortir leurs ciseaux et, pire, à devoir modifier l’histoire originale : Jane et Tarzan, n’étant pas mariés, ne pouvaient pas avoir d’enfant. Rien de plus simple pour expliquer l’arrivée d’un bébé dans le couple : le faire tomber du ciel (d’un avion) avant son adoption par Jane et Tarzan dans Tarzan trouve un fils (Richard Thorpe, 1939), le cinquième et avant-dernier volet de l’association entre Johnny Weissmuller et Maureen O’Sullivan. Tarzan et Tarzan et sa compagne n’auront pas été égalés par Greystoke, la légende de Tarzan, réalisé par Hugh Hudson en 1984, avec Christophe Lambert dans le rôle-titre.

Revenons à nos moutons (et à nos animaux de la jungle) avec le Tarzan réalisé en 2016 par le Britannique David Yates, précédemment très occupé par la réalisation des quatre derniers chapitres de la saga Harry Potter.

Toi Tarzan. Moi Jane

On n’entendra pas cette fameuse réplique : l’histoire commence bien après que Tarzan ait quitté son pagne pour revêtir une tenue plus adaptée à son nouvel état de membre de la chambre des Lords. Une suite de flashbacks nous ramènera pourtant à son passé d’homme-singe, en remontant même jusqu’à sa naissance et à son adoption par une guenon.

Si le film ne se hisse pas au niveau de ceux que nous venons de citer, il se hausse néanmoins nettement au-dessus du lot commun. Pas pour la rigueur de son scénario qui mêle, assez maladroitement, à la fiction des réminiscences historiques un peu floues. Pas, non plus, pour le magnétisme des deux interprètes principaux, encore qu’Alexander Skarsgård (le Eric Northman de la série True Blood) et Margot Robbie (loin d’être passée inaperçue dans Le Loup de Wall Street) soient d’une beauté sculpturale. Mais deux acteurs tirent bien leur épingle du jeu, Samuel L. Jackson dans le rôle de George Washington Williams et, surtout, dans celui du très vilain Leon Rom, Christoph Waltz (oscarisé pour sa tenue d’un second rôle dans deux films de Quentin Tarantino, Inglourious Basterds en 2010 et Django Unchained en 2013.

Tarzan tire plutôt ses atouts de la richesse de ses décors, d’une jungle reconstituée dans les Warner Studios de Leavesden, près de Londres, plus photogénique que la vraie, et de la fusion, tout à fait réussie, des plans de paysages filmés au Gabon avec les prises en studio et, en prime, de la qualité des effets visuels : les animaux de tout poil, gorilles, lions, crocodiles, hippopotames et autres gnous, sont tous créés en images de synthèse parfaitement trompeuses à quelques exceptions près, confirmant la règle.

Ce sont quelques prises de risque, un minimum d’audace qui font défaut à Tarzan. À vouloir, en ménageant la chèvre et le chou, gommer tout ce qui pourrait susciter le moindre mouvement de sourcil des gardiens de la morale, les auteurs ont fait un produit trop aseptisé, à l’exception d’une courte scène, celle de la première rencontre de Jane et Tarzan, dans laquelle ce dernier, qui ne s’exprime encore que par grognements, renifle (hors champ) l’intimité de sa future compagne.

Cette édition combo Blu-ray 2D et 3D + DVD de Tarzan (2016) contient, en SteelBook, le film (110 minutes) sur deux Blu-ray, l’un avec le film seul en 3D, l’autre avec le film en 2D et six suppléments (46 minutes). Sur le DVD, le film est accompagné de seulement trois suppléments (20 minutes).

Les Blu-ray offrent le choix entre deux versions audio, version originale et doublage en français, les deux au format Dolby Atmos (compatibilité Dolby Digital Plus 7.1 pour la version originale et Dolby TrueHD 7.1 pour le doublage). Sur le DVD, deux versions audio supplémentaires, en allemand et en italien.

Sous-titres anglais pour malentendants et français sur les Blu-ray ; sur le DVD, en plus des sous-titres en néerlandais et, pour malentendants, en allemand et en italien.

Trois autre éditions sont sorties simultanément : un combo 4K Ultra HD + Blu-ray, une édition Blu-ray 2D et une édition DVD.

Copie digitale offerte avec chacune au format Digital UltraViolet.

Six suppléments sur le Blu-ray 2D :

La renaissance de Tarzan (15’) fait défiler réalisateur, scénaristes et acteurs pour mettre en avant l’originalité du film et montre Alexander Skarsgård occupé à faire des pompes et soulever des haltères entre deux prises.

Batailles et combats à mains nues (5’) : Tarzan se bat contre des cascadeurs emmitouflés dans des combinaisons grises rembourrées pour l’aider à exécuter des mouvements réalistes. Les faire-valoir seront, en post production, remplacés par des gorilles en image de synthèse que les auteurs disent préférer à la motion capture.

L’amour éternel de Tarzan et Jane (6’) : les deux acteurs principaux nous assurent que le courant passe parfaitement entre eux. Le contraire n’aurait pas été bon à dire !

La création de la jungle virtuelle (15’), le supplément intéressant du lot, montre les décors en construction, particulièrement celui, impressionnant, de la forêt. Mais aussi celui du village africain et de la ville de Boma, à l’embouchure d’un fleuve. On suit aussi les prises de vues panoramiques de paysages africains, à bord d’un hélicoptère, à l’aide d’une caméra Hydra, l’assemblage de six objectifs disposés en arc de cercle. On peut également voir comment l’image finale apparaît, en postproduction, avec la superposition, l’un après l’autre, de plusieurs calques. Dommage que ce documentaire soit trop vite expédié.

Pour finir, Le Gabon sur grand écran (2’) sur les paysages intégrés en postproduction et Stop Ivory, le relais d’un message de l’ONG qui lutte contre le massacre des éléphants d’Afrique dont la population aurait été réduite de 19 millions dans les années 30 à 500.000 aujourd’hui.

Sur le DVD seuls figurent ces deux derniers petits suppléments et La renaissance de Tarzan.

L’image (2.40:1, 1080p, AVC), très détaillée, sur toute la profondeur de champ. Lumineuse, bien contrastée, elle propose une palette de couleurs joliment saturées.

L’encodage MVC procure à la version 3D (obtenue par conversion en postproduction) une sensible impression de relief et quelques effets réussis de jaillissement, utilisés avec une modération de bon aloi. La photographie reste suffisamment lumineuse. Un plus indiscutable qui compense largement l’inconfort du port de lunettes pendant près de deux heures.

Le son Dolby Atmos a été testé dans les deux formats compatibles avec une installation 7.1, Dolby Digital Plus 7.1 pour la version originale et Dolby TrueHD 7.1 pour le doublage, situés au même niveau de qualité. Ouvert sur toute la largeur du spectre, avec des basses fermes et une bonne dynamique, il procure une impressionnante sensation d’immersion avec des effets spectaculaires d’explosions et de fusillades. Mais il réussit avant tout à restituer avec finesse tous les bruissements de la jungle. Difficile de faire mieux.

Crédits images : © 2014 Warner Bros. Entertainment Inc., WV Films IV LLC and Ratpac-Dune Entertainment LLC—U.S., Canada, Bahamas & Bermuda © 2014 Village Roadshow Films (BVI) Limited, Warner Bros. Entertainment Inc. and Ratpac-Dune Entertainment LLC — All Other Territories