Le Profond désir des dieux (1968) : le test complet du Blu-ray

Kamigami no fukaki yokubô

Combo Blu-ray + DVD

Réalisé par Shôhei Imamura
Avec Rentarô Mikuni, Chôichirô Kawarasaki et Kazuo Kitamura

Édité par Elephant Films

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Le 12/12/2016
Critique

Le profond désir des dieux

Un ingénieur de Tokyo arrive à Kurage, dans l’archipel d’Okinawa, pour amener l’eau sur le site de construction d’une raffinerie de canne à sucre, principale culture de l’île. Il doit s’adapter à des règles sociales d’un autre temps. C’est pour ne pas s’y être conformés que les membres de la famille Futori doivent vivre à l’écart, comme des parias.

Le Profond désir des dieux (Kamigami no fukaki yokubô) nous propose une image du Japon bien différente de celle qu’il nous a, jusque-là, montré dans ses films, sous les tropiques, sur une petite île aux falaises déchiquetées, perdue au milieu du Pacifique. Malgré son exotisme, ce film, réalisé en 1968, s’inscrit dans la lignée des autres oeuvres de Shôhei Imamura. Il revendique, en effet, de ne s’intéresser qu’aux petites gens et à leurs conflits intérieurs, principalement entre l’esprit et les pulsions sexuelles qui prennent toujours le dessus.

Le profond désir des dieux

Le Profond désir des dieux nous immerge, pendant près de trois heures, au sein de la communauté de Kurage, encore plus pauvre que celle du village minier d’une autre petite île à l’est de l’archipel japonais, au centre de l’intrigue de Mon deuxième frère, sorti en 1959. Et la famille Futori est pauvre parmi les pauvres. Le patriarche, trop âgé, ne peut plus travailler et son fils Nekichi, banni du village pour sa liaison incestueuse avec sa soeur Uma de laquelle est née Toriko, une jeune fille attardée qui se frotte à tous les hommes, expie sa faute en creusant un trou, au fond duquel il est enchaîné, destiné à engloutir un énorme rocher entraîné là par un tsunami.

Dès les premières images, Le Profond désir des dieux, le premier film en couleurs de Shôhei Imamura, nous fait découvrir un univers où rien ne nous est familier, où grouillent des animaux bizarres, une sorte de paradis qui peut devenir un enfer, où les moustiques vous dévorent par une chaleur accablante, où se déroulent d’étranges rituels en l’honneur d’une multitude de dieux « habitant jusqu’à chaque brin d’herbe », où les plus graves infractions sont sanctionnées par la mort selon des lois non écrites…

Le profond désir des dieux

Édition - 7 / 10

On comprend mal comment Le Profond désir des dieux, magnifiquement photographié, dépaysant, était toujours introuvable dans nos bacs. Merci donc à Elephant Films qui poursuit, avec une nouvelle livraison de quatre titres, l’édition de films de Shôhei Imamura inédits en vidéo, entreprise en novembre 2015 avec Cochons et cuirassés, La Femme insecte et Le Pornographe.

Espérons que La Ballade de Narayama, Palme d’or 1983, aujourd’hui épuisé, sera prochainement rééditée.

Le Profond désir des dieux (174 minutes), accompagné de modestes suppléments, tient sur un Blu-ray et un DVD double couche bien remplis, logés dans un boîtier de 14 mm au format Blu-ray. Le menu animé et musical, dans le style de la Collection Cinéma MasterClass, propose le film dans sa seule version originale (DTS-HD Master Audio 1.0), avec sous-titres français optionnels.

À l’intérieur du boîtier, un livret de 20 pages intitulé Shôhei Imamura, maître des désirs inassouvis, contenant, écrites par Bastian Meiresonne, une notice sur la jeunesse dissipée du réalisateur et une courte analyse (+ fiche technique) des sept films édités par Elephant Films en 2015 et 2016.

En supplément vidéo, une présentation du film par Stephen Sarrazin (8’). Il rappelle que l’archipel, une sorte de paradis, fut un enfer pendant la guerre du Pacifique quand les îliens, femmes et enfants compris, durent se jeter du haut des falaises pour ne pas tomber entre les mains de l’ennemi. Le film qui met la femme en avant comme souvent dans l’oeuvre de Shôhei Imamura, fut froidement reçu par la critique et le public : peut-être est-il arrivé trop tôt, bien avant que le retour à la nature, loin de villes, ne soit dans l’air du temps ? Cet échec commercial le conduira à réaliser des documentaires pour la télévision, avant de revenir au cinéma avec La Vengeance est à moi, puis de réaliser ses plus grands films, notamment La Ballade de Narayama et L’Anguille, tous deux Palme d’or en 1983 et 1997.

S’ajoutent à cela une galerie de photos et la bande-annonce des autres films de Shôhei Imamura édités par Elephant Films, dont ceux sortis en même temps que Désirs volés (1958), Mon deuxième frère (1959) et Désir meurtrier (1964).

L’image (2.35:1, 1080p, AVC), assez soigneusement nettoyée, déploie une délicate palette de couleurs, mais avec des noirs poreux ayant une forte tendance à se boucher dans les scènes peu éclairées.

Le son mono d’origine (DTS-HD Master Audio 1.0) est, lui aussi, propre, avec peu de souffle, un spectre relativement ouvert et une assez bonne dynamique mettant en valeur la composition musicale de Toshirô Mayuzumi qui a signé l’accompagnement de huit autres films de Shôhei Imamura.

Le profond désir des dieux

Crédits images : © Éléphant Films

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
7 / 10
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Philippe Gautreau
Le 12 décembre 2016
Le Profond désir des dieux nous emmène sur une petite île tropicale, à la fois paradisiaque et hostile, au sein d’une communauté aux mœurs d’un autre temps, dans l’intimité d’une famille vraiment particulière. La loi, même non écrite, peut être inflexible à l’encontre de ceux qui défient les tabous. Le premier film en couleurs de Shôhei Imamura. Dépaysant !

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Le Profond désir des dieux
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