Réalisé par Tim Burton
Avec
Eva Green, Asa Butterfield et Samuel L. Jackson
Édité par 20th Century Fox
À la mort de son grand-père, Jacob découvre les indices et l’existence d’un monde mystérieux qui le mène dans un lieu magique : La Maison de Miss Peregrine pour Enfants Particuliers. Mais le mystère et le danger s’amplifient quand il apprend à connaître les résidents, leurs étranges pouvoirs… et leurs puissants ennemis. Finalements, Jacob découvre que seule sa propre « particularité » peut sauver ses nouveaux amis.
La cité des enfants reclus
À la lecture du livre Miss Peregrine et les enfants particuliers de Ransom Riggs, on pense très rapidement à d’autres sagas aux enfants « particuliers » comme les X-Men ou Harry Potter. Et si l’on connait un peu l’oeuvre de Tim Burton en dehors du cinéma, on ne peut s’empêcher de penser très fortement à son livre La triste fin du petit Enfant Huître et autres histoires, recueil de poèmes dont les personnages principaux sont des enfants pour le moins étranges. Si Burton n’a jamais adapté ce livre au succès assez confidentiel en film ou en animation, il a trouvé de quoi se rattraper avec le livre, bien plus bankable, de Riggs.
Quelques réécritures (sous la bénédiction de l’auteur) et concepts burtoniens plus tard, Miss Peregrine et les enfants particuliers marque le 18ème passage de Tim Burton derrière la caméra avec un thème qui lui colle à la peau : les personnages décalés et inadaptés à la société qui les entoure. De Pee-wee’s Big Adventure à Alice au Pays des Merveilles, en passant par Edward aux mains d’argent, Ed Wood ou Sweeney Todd, le diabolique barbier de Fleet Street (mais on pourrait citer toute la filmographie du réalisateur), son affection pour les « misfits » ne fait aucun doute et lui permet sans doute de purger sans fin les souvenirs d’une enfance solitaire et recluse.
Miss Peregrine et les enfants particuliers manie donc habilement le thème de la différence tout en y mêlant la manipulation du temps et aussi des créatures très peu recommandables dont Samuel L. Jackson prend la tête avec une malice contagieuse. Puisque l’on parle de casting, il faut une fois de plus louer le talent et la beauté d’Eva Green, deux caractéristiques qui ne lui font jamais défaut. Dans le rôle titre, elle arrive une fois de plus à faire passer toute une palette d’émotions, que ce soit de la malice, de la crainte ou de la ténacité, avec un grace confondante.
Ayant su se délecter d’effets spéciaux très artisanaux dès ses débuts, Tim Burton mêlent ici des décors richement fournis avec des images de synthèse dernier cri très convaincantes et au service d’un spectacle qui n’oublie jamais de rester ancré dans le merveilleux plutôt que de basculer dans l’esbroufe.
Un mot forcément sur la musique car l’habituel collaborateur de Tim Burton, Danny Elfman, n’est pas au rendez-vous cette fois et laisse la place Michael Higham et Matthew Margeson qui ne peuvent s’empêcher de copier le style d’Elfman en y insufflant une touche de modernité pas toujours bienvenue, mais qui donne un résultat qui colle assez bien aux images du film sans les transcender non plus.
Hésitant moins à faire peur qu’avec un Alice au Pays des Merveilles, Tim Burton livre avec Miss Peregrine et les enfants particuliers un film qui lui ressemble vraiment, qui rappelle ses grandes heures et qui permet de patienter gentiment avant son 19ème long métrage qui devrait être nul autre que le retour de Beetlejuice (un autre personnage « particulier »), avant, pourquoi pas, le retour dans l’univers de Miss Peregrine qui compte déjà deux autres volumes écrits.
Testé sur check-disc, Miss Peregrine et les enfants particuliers en Blu-ray final n’a rien de particulier. Boîtier Blu-ray standard, pas de surétui, des menus animés et sonorisés faciles d’accès et le leaflet pour la copie digitale. Pour cette dernière Fox semble s’éloigner du système UltraViolet/Flixster et oblige à passer par l’application Google Play en ne proposant que la VF du film. Ces histoires de copies digitales sont décidément de moins en moins satisfaisantes…
Il faut de plus en plus se faire une raison : les making of classiques disparaissent au profit des featurettes. Miss Peregrine et les enfants particuliers n’échappe pas à cette mode envahissante et propose 19 featurettes réparties en différentes sections.
Une histoire particulière est un peu l’entrée en matière avec un module qui décrit la conception et la production globale du film à grand renfort d’interview de Ransom Riggs et Tim Burton. C’est intéressant bien sûr, mais ça reste très en surface.
Permettant d’aller un peu plus loin, les 15 featurettes réunies sous le titre Des enfants particuliers part à la rencontre des acteurs (pas seulement les enfants d’ailleurs) et propose quelques images supplémentaires en coulisses tout en donnant des renseignements sur l’origine des personnages et leur adaptation au cinéma.
Les Sépulcreux et les ex-Sépulcreux s’attarde bien évidemment sur les créatures cauchemardesques du film, et là aussi sur leurs origines et adaptations.
Les deux modules de La carte des boucles temporelles permet de prendre un peu plus son temps en coulisses en découvrant les impressionnants décors et leur fabrication.
Et on arrive à la fin des bonus avec un clip vidéo de la chanson du générique de fin du film (qui ne montre que des images du film et pas la chanteuse et les musiciens) ; 2 galeries qui regroupent des photos du film et surtout des croquis préparatoires signés Tim Burton ; et enfin 2 bandes-annonces du film en VO sans sous-titres alors que les autres bonus sont bien évidemment sous-titrés.
Soit pas loin de 2 heures de contenus qui auraient mérités un traitement moins promotionnel.
Captées en 2.8K et mastérisées par la suite en 4K, les images de Miss Peregrine et les enfants particuliers sont d’une grande richesse, que ce soit dans les palettes de couleurs, dans la lumunisoté, les contrastes ou tout simplement la multitude de détails qui les habitent. Bruno Delbonnel qui orchestre la photographie du film, a déjà travaillé avec Burton sur Big Eyes et Dark Shadows, mais aussi avec Jean-Pierre Jeunet sur Le Fabuleux destin d’Amélie Poulain et Un Long dimanche de fiançailles. On est donc pas étonné de le voir ici aux prises avec un univers tantôt coloré, tantôt sombre, avec des palettes très affirmées. L’encodage AVC du Blu-ray retranscrit ce travail à merveille et n’en perd pas une miette.
Très belle piste VOST DTS-HD Master Audio 7.1 qui sollicitera à merveille les installations les plus exigeantes avec une spatialisation formidablement dosée et des basses qui soulignent l’action sans la submerger. On ne peut évidemment pas en dire autant de la VF, cantonnée à un DTS standard 5.1, dans un mixage non seulement moins naturel, mais qui ne peut pas combler l’écart technique qui la sépare de la VO. Les majors américaines, ne semblent décidément pas prêtes à faire de la VF une priorité HD.
Crédits images : © 20th Century Fox