Paterson : le test complet du Blu-ray

Réalisé par Jim Jarmusch
Avec Adam Driver, Golshifteh Farahani et Kara Hayward

Édité par Le Pacte

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Le 03/05/2017
Critique

Paterson

Il faudra vous lever à 6h15 pétantes tous les matins, à partir de lundi prochain, pour suivre, pendant une semaine, la vie tranquille de Paterson, chauffeur de bus et poète…

Paterson, coproduit par Le Pacte et Amazon Studios, est le douzième long métrage de Jim Jarmusch, cinéaste très indépendant qui avait fait une entrée remarquée avec son deuxième film, Stranger Than Paradise, Caméra d’or à Cannes en 1984, suivi, deux ans plus tard, par Down by Law. Paterson vient après Only Lovers Left Alive, une histoire de vampires, mais pas banale dans le genre histoires de vampires.

Voilà qui tranche avec son dernier film qui retrace, justement, dans toute sa banalité quotidienne, le traintrain de Paterson, chauffeur de bus sur la ligne 23 à… Paterson (!), 153 000 âmes, dans le New Jersey, à une quinzaine de kilomètres à vol d’oiseau à l’ouest de Central Park.

Paterson

« We have plenty of matches in our house and we keep them on hand always… »

« Nous avons plein d’allumettes chez nous que nous gardons toujours sous la main… » Chauffeur de bus, certes, mais aussi créateur de poèmes en vers libres, sans rimes, ni mesure, sans sujet épique ou romantique, à l’instar de ceux qu’un enfant du pays, William Carlos Williams, a commencé à composer il y a un siècle. Juste des poèmes tout simples, improvisés le matin avant que ne vienne l’heure à laquelle le bus doit quitter le dépôt et notés, sans ratures, dans un petit « carnet secret ».

Lever à 6h15 pétantes, le bol de céréales, la déambulation, gamelle à la main, le long de bâtiments en brique, vestiges d’un passé industriel révolu, jusqu’au dépôt des bus, quelques lignes jetées sur le petit carnet, jusqu’à ce le signal du départ soit donné par Ronny, le chef qui débite la litanie de tous ses petits tracas, de santé et autres, si l’on se risque à lui demander si ça va.

En fin de journée, la gamelle vide, retour à la maison où l’accueillent Laura, l’épouse, et Marvin, le chien, dont la particularité est d’être un bouledogue anglais, à courtes pattes et souffle rauque. Il faut plus de mots pour décrire Laura, une jolie brunette investie dans trois activités : la peinture en noir sur fond blanc, ou en blanc sur fond noir, de lignes géométriques et de courbes (souvent des cercles), sur les rideaux, sur les murs, sur les meubles, sur les tapis, partout… Sa seconde spécialité, c’est la fabrication de cupcakes… noirs et blancs, décorés de courbes. La troisième idée, qui vient de germer, devenir chanteuse country, l’a conduite à acheter une guitare à la table d’harmonie décorée de losanges… noirs et blancs. Le soir, il faut sortir le chien, l’occasion pour Paterson d’aller siroter sa pinte de bière chez Doc, le bistrotier du coin qui, pour tuer le temps, baratine les jolies clientes quand il ne joue pas aux échecs… contre lui-même.

Paterson

Vous l’avez deviné, ce ne sont pas les scènes d’action qui font l’intérêt de Paterson, mais la marginalité des deux personnages principaux… et des autres. Pas, non plus, de rebondissements spectaculaires mais, tout de même, quelques hoquets dans la routine : l’apparition récurrente de jumelles et, le vendredi, une suite d’événements hors du commun : un réveil à 6h30, une panne du bus à mi-parcours, une violente altercation entre deux amants chez Doc…

Paterson, aux antipodes du film dramatique ou d’action, tient pourtant la gageure de soutenir l’attention pendant deux heures par l’énumération de petits détails révélés avec humour, par les conversations entre passagers qui, peut-être, vont nourrir l’inspiration du poète, par la beauté et l’inventivité sans fioritures de la photographie. À 51 minutes du début, par exemple, une envoutante séquence montre le temps qui passe : les aiguilles de la montre de Paterson commencent à s’emballer, des images se superposent en glissant l’une sur l’autre, les vues de la rue se confondent avec les reflets sur les vitres du bus.

La distribution de Paterson ajoute au charme discret du film : Adam Driver (le petit ami récurrent de Lena Dunham dans la série Girls), lunaire, très à l’aise dans la peau du chauffeur de bus rêveur, et, dans le rôle de Laura, Golshifteh Farahani (À propos d’Elly…, d’Asghar Farhadi, 2009).

Paterson

Édition - 7 / 10

Paterson (118 minutes) tient sur un Blu-ray double couche dont le menu animé et musical propose le choix entre version originale, avec sous-titres imposés placés légèrement trop haut sur le cadre, ou doublage en français, les deux au format DTS-HD Master Audio 5.1, ainsi qu’une piste d’audiodescription DTS Digital Surround 2.0.

Sous-titres pour malentendants.

Pas de bonus, si ce n’est une bande-annonce.

L’image (1.85:1, 1080p, AVC) est propre et agréable, avec des couleurs délicates, mais un peu douce dans les plans larges qui manquent un tantinet de piqué.

Le son DTS-HD Master Audio 5.1 restitue clairement les dialogues, un peu mats dans le doublage. L’image sonore, centrée sur les voies frontales, diffuse çà et là une discrète impression d’immersion.

Paterson

Crédits images : © 2016 Window Frame Films Inc. Photo by Mary Cybulski

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
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Philippe Gautreau
Le 4 mai 2017
Paterson, aux antipodes du film dramatique ou d’action, tient pourtant la gageure de soutenir l’attention pendant deux heures par l’énumération de petits détails, révélés avec humour, du train-train quotidien de Paterson, chauffeur de bus à… Paterson, New Jersey, et poète à ses moments perdus. Une nouvelle confirmation du talent si particulier de Jim Jarmusch.

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Multimédia
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