Vénus blonde (1932) : le test complet du Blu-ray

Ned Faraday, un ingénieur américain, a épousé Helen, une chanteuse de cabaret qu’il avait rencontrée lors d’un voyage d’étudiant en Allemagne. Helen mène depuis une vie tranquille avec son fils Johnny et Ned jusqu’à ce que celui-ci apprenne qu’il souffre d’un empoisonnement au radium et qu’il ne lui reste qu’un an à vivre s’il ne suit pas un traitement onéreux en Allemagne. Helen, contrainte de retourner au music-hall, attire l’attention de Nick Townsend, un riche playboy qui lui donnera, en échange de ses faveurs, la somme nécessaire au traitement de Ned.

Vénus Blonde (1932) est le deuxième des sept films que Josef von Sternberg réalisera avec Marlene Dietrich. C’est lui qui découvrit l’actrice et la choisit pour interpréter Lola Lola dans L’Ange bleu (Der blaue Engel), tourné en Allemagne en 1930. L’air de ce pays étant vite devenu irrespirable, le premier des six autres films tournés aux USA sera Vénus Blonde (Blonde Venus), pour la Paramount qui cherchait une actrice pouvant concurrencer Greta Garbo, sous contrat avec la MGM.

Dans Vénus Blonde, on voit Marlene Dietrich occupée, en bonne ménagère, à laver Johnny dans une baignoire. Il n’y aura pas de récidive : cet emploi, à l’opposé de celui de femme fatale, fut certainement la raison de l’accueil mitigé du film par le grand public. Le film montre pourtant l’actrice dans ses apparitions les plus séduisantes : dans son plus simple appareil quand elle s’ébroue dans une rivière d’Allemagne (derrière un saule pleureur malencontreusement planté là !), dans la peau de gorille dont elle s’extirpe (la fameuse scène du « hot voodoo ») et dans l’étincelant accoutrement androgyne du cabaret parisien.

Pourtant, Vénus Blonde a toutes les qualités des autres films de Josef von Sternberg, la magnifique photographie de Bert Glennon qui sera le chef opérateur de L’Impératrice rouge, un scénario mélodramatique bien construit, Herbert Marshall, une star de l’époque (il avait perdu une jambe pendant la première guerre mondiale, ce qui ne se voit guère), et un séducteur apparaissant tout juste sur les écrans, Cary Grant, venu d’Angleterre.

Les deux éditions Universal de 2005 et 2012 étant épuisées, une réédition s’imposait donc, d’autant plus qu’elle est, cette fois, accompagnée d’intéressants suppléments.

Vénus Blonde ressort simultanément dans la même collection Cinéma MasterClass d’Elephant Films avec deux autres films de Marlene Dietrich, Le Cantique des cantiques de Rouben Mamoulian (The Songs of Songs, 1933), encore inédit en vidéo, et La Belle ensorceleuse de René Clair (The Flame of New Orleans, 1941).

Vénus Blonde (94 minutes) et ses suppléments (25 minutes) arrivent dans une édition combo Blu-ray/DVD (BD-25 et DVD-9). Les deux disques sont logés dans un boîtier glissé dans un surétui.

Le menu fixe et musical propose le film dans sa seule version originale, avec sous-titres optionnels (un peu trop haut sur l’image).

En supplément, deux intéressants entretiens avec le critique Xavier Leherpeur.

Portrait de Marlene Dietrich (13’). Xavier Leherpeur voit dans Marlene Dietrich, au-delà du sex symbol, un aperçu de l’histoire du XXe siècle. Née en 1901 dans une famille rigoriste, elle va s’en affranchir dans le Berlin des années 30, devenu pour un temps un pôle de la vie culturelle. Marlene Dietrich incarnera un modèle pour le féminisme naissant, celui d’une femme qui n’a jamais baissé les yeux devant les hommes. Sa beauté, la facilité avec laquelle son visage prend la lumière, ses dons d’actrice et de chanteuse, fascineront les plus grands cinéastes.

Dans sa présentation du film (12’), Xavier Leherpeur rappelle les autres films tournés aux USA pendant la mythique association de Josef von Sternberg avec Marlene Dietrich, Agent X27 (Dishonored, 1931), Shanghaï Express (1932), L’Impératrice rouge (The Scarlet Empress, 1934) et La Femme et le pantin (The Devil Is a Woman, 1935). Vénus Blonde, après une ouverture légère comme une opérette viennoise, montrant la rencontre de Ned et Helen, le récit tourne au mélodrame avec la trahison, puis la déchéance. Le réalisateur adapte sa mise en scène à ces changements de tonalité : il utilise, par exemple, les éclairages de l’impressionnisme allemand pour diffuser l’atmosphère oppressante des moments noirs vécus par Helen. Xavier Leherpeur détaille quelques cadrages et plans séquences remarquables.

Pour finir, une galerie de photos et des teasers ou bandes-annonces de plusieurs films de la collection.

L’image (1.37:1, 1080p, AVC) est propre (seules subsistent quelques petites égratignures ou instabilités, à peine décelables) et les contrastes ont été bien restaurés, avec des blancs lumineux et des noirs denses. Le grain argentique a été préservé, au prix d’un léger fourmillement, surtout décelable sur les grandes surfaces unies. On peut toutefois relever un léger manque de résolution dans les plans larges.

Le son (DTS-HD Master Audio 1.0) restitue clairement les dialogues et donne une bonne présence à la musique, sans trop de distorsions, mais avec un spectre étroit. Un souffle assez fort se fait occasionnellement entendre.

Crédits images : © Éléphant Films