Tu ne tueras point (2016) : le test complet du Blu-ray

Hacksaw Ridge

Édition SteelBook limitée

Réalisé par Mel Gibson
Avec Andrew Garfield, Vince Vaughn et Teresa Palmer

Édité par Metropolitan Film & Video

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Le 24/03/2017
Critique

Tu ne tueras point

Lynchburg, Virginie, pendant la seconde guerre mondiale. Desmond Doss, un objecteur de conscience, s’engage dans l’armée américaine comme infirmier. Son refus de porter une arme lui vaut d’être traité de couard par les autres soldats et pressé par sa hiérarchie d’accepter de rentrer dans le rang ou de quitter l’armée. Il tient bon et, en mai 1945, lors du sanglant assaut de Hacksaw Ridge à Okinawa, il ignorera l’ordre de repli, restera seul sur le champ de bataille et, en 12 h sauvera d’une mort certaine 75 soldats blessés.

Tu ne tueras point (Hacksaw Ridge) est le cinquième film réalisé par Mel Gibson. Dix ans se sont écoulés depuis Apocalypto. Une longue traversée du désert, le prix payé, probablement, pour quelques dérèglements de conduite et, certainement, pour des propos peu contrôlés, certains jugés antisémites. Sa carrière de directeur semblait pourtant sur de bons rails : Braveheart, son second film, avait glané en 1995 une trentaine de prix, dont cinq Oscars, un Golden Globe et trois BAFTA Awards. Les deux suivants, moins prestigieusement honorés, avaient néanmoins reçu un accueil critique dans l’ensemble très favorable : La Passion du Christ, en 2004, accompagné par une grande polémique, et Apocalypto, en 2006.

L’attribution de deux Oscars à Tu ne tueras point, celui du meilleur montage et du meilleur mixage du son, serait-elle annonciatrice d’un retour du cinéaste dans les bonnes grâces de Hollywood ?

Espérons-le, car il a su, avec ses trois derniers films, apporter la preuve d’un talent certain dans l’exposition, sans complaisance, mais sans fard, de ce qui semble être son thème de prédilection, celui de la violence qui peut parfois gouverner les rapports entre les hommes.

Tu ne tueras point

Tu ne tueras point, c’est une belle histoire, pour commencer, avec, pour l’effet de surprise, d’être complètement ignorée du grand public. Encore fallait-il qu’elle soit bien racontée, ce que Mel Gibson réussit à faire. Le spectateur, au long des deux scènes de combats, celle qui ouvre le film, avant un long flashback, et celle qui conduit au dernier chapitre, est emporté par dans le déchaînement crûment réaliste des horreurs de la guerre, rarement aussi bien filmé auparavant, sauf peut-être en 1998 par Steven Spielberg dans Il faut sauver le soldat Ryan (cinq Oscars, lui aussi) ou dans un film beaucoup moins connu, Frères de sang (Taegukgi hwinalrimyeo, 2004) du Coréen Kang Je-gyu.

Reprocher à Mel Gibson de se complaire dans la violence serait un mauvais procès, l’objet du film étant, tout à l’inverse, humaniste en ce qu’il fustige la violence. Ce serait aussi vouloir fermer les yeux sur ce que le combat, pour une bande de terre large d’une cinquantaine de mètres, a coûté : 7 500 morts en quelques jours, 2 500 dans les rangs américains, le double dans les rangs japonais.

Certains ont aussi épinglé un regard manichéen sur le conflit opposant les « anges » Américains, aux « diables » Japonais qu’on voit achever systématiquement les blessés ou feindre de se rendre pour se faire exploser en tuant le maximum d’ennemis. Soutenir ce jugement serait oublier que selon le code de l’honneur du soldat nippon, la mort valait mieux que la reddition. D’autre part, Tu ne tueras point ne montre que le côté américain du conflit, les ennemis n’apparaissant souvent qu’en silhouette ou dans des plans trop courts pour qu’on puisse les dévisager. Dans son diptyque de 2006, Mémoires de nos pères et Lettres d’Iwo Jima, Clint Eastwood donnait à voir l’affrontement dans une double perspective, du côté américain, puis du côté japonais.

Tu ne tueras point

Une autre critique souvent faite au film est de donner trop de place à la romance assez mièvre entre Desmond Doss et l’infirmière qu’il épousera. Si l’on peut concéder que cet aspect du film aurait gagné à être resserré, le caractère banal, tiède, de la relation entre les deux n’était probablement pas éloigné de la réalité, Desmond Doss paraissant, d’après les quelques témoignages recueillis dans le documentaire qui accompagne le film, avoir été un personnage assez falot, qui mènera, après le conflit, une vie insignifiante, ennuyeuse.

Je doute, en revanche, qu’on puisse trouver le film ennuyeux. Les scènes de combat, dantesques, sont, nous l’avons dit, filmées avec une maîtrise consommée. Celles rappelant l’enfance de Desmond ont un double mérite : d’abord celui d’expliquer ce qui a pu le conduire à une telle détermination dans le rejet du port d’une arme, des raisons tenant à son éducation religieuse, mais peut-être aussi à deux incidents familiaux. L’autre mérite du flashback est de retrouver, dans le rôle des parents de Desmond, deux acteurs attachants, Rachel Griffiths et Hugo Weaving, cde dernier tout à fait remarquable dans la peau d’un homme cassé par la guerre, la « Grande » qui a emporté tous ses amis en France.

Andrew Garfield, dans le rôle principal, confirme qu’il a conservé son talent, même après avoir quitté la combinaison de Spider-Man. Ce que confirment deux films : 99 Homes, puis Silence de Martin Scorsese.

Tu ne tueras point trouve d’emblée sa place en compagnie des grands films de guerre, parmi ceux qu’on ne peut jamais oublier, même après un seul visionnage.

Tu ne tueras point

Présentation - 4,5 / 5

Tu ne tueras point (139 minutes) et ses suppléments (75 minutes) tiennent sur un Blu-ray double couche logé dans un SteelBook, non fourni pour le test effectué sur un check disc. Le menu animé et musical propose le film en version originale, avec sous-titres optionnels, ou dans un doublage en français bénéficiant, privilège assez rare, du super-format audio de la VO : un stupéfiant DTS-HD Master Audio 7.1 !

En plus, des sous-titres pour malentendants et une piste d’audiodescription DTS-HD Master Audio 2.0 stéréo.

Tu ne tueras point

Bonus - 3,5 / 5

LEs bonus sont intégralement repris de l’édition Lionsgate Films sortie eux USA en février.

Coulisses du tournage (70’). Derrière ce titre un peu trompeur se glissent des commentaires répétés et peu utiles sur le courage de Desmond Doss, sur les difficultés que son état d’objecteur de conscience l’ont obligé à surmonter. On nous dit et redit aussi combien il fut agréable de tourner sous la direction de Melo Gibson, lequel, en retour, n’est pas avare de compliments envers les acteurs, le scénariste et les autres…

Soyons juste, on nous donne aussi quelques informations sur le film dont l’idée remontait à 2002. Les studios de Hollywood n’étant pas emballés par les « histoires du passé », il a fallu attendre une douzaine d’années pour trouver le financement, 40 millions de dollars, un budget plutôt serré en regard des ambitions de la production. D’où l’idée d’un tournage moins dispendieux en Nouvelle-Galles du Sud, en Australie. On découvre encore que James Horner (oscarisé pour Titanic), engagé pour composer la musique du film, s’était tué dans le crash de son avion et qu’il avait été remplacé par Rupert Gregson-Williams qui n’a eu que cinq semaines pour remplir son office. Que le champ de bataille, labouré et modelé au milieu d’un champ verdoyant, ne mesurait pas plus de 100 m sur 75 m. Mais on ne nous dit pas que le vrai théâtre des opérations était bien plus petit encore, tout comme la vraie falaise, cinq à six fois moins haute que celle, nettement plus photogénique, qui domine l’écran. Mel Gibson nous assure, également, mais sans plus de détails, que le recours à des images de synthèse a été très limité. On arrive au bout de ce documentaire en n’ayant reçu que bien peu d’informations concrètes sur le tournage.

Suivent quelques scènes coupées (4’)

Pour finir, les bandes-annonces de quatre films du catalogue Metropolitan, dont Silence de Martin Scorsese.

Tu ne tueras point

Image - 5,0 / 5

L’image (2.35:1, 1080p, AVC) est parfaite, d’une netteté telle qu’aucun détail n’échappe au regard du spectateur, y compris ceux des corps déchiquetés, abandonnés aux rats. Des couleurs naturelles, soigneusement étalonnées, des contrastes assurés, une lisibilité sans problèmes, y compris dans les scènes les plus sombres. Le top du top !

Tu ne tueras point

Son - 5,0 / 5

Le son (DTS-HD Master Audio 7.1) dispense une forte dynamique, une bande passante couvrant tout le spectre audible, avec des aigus cristallins et des basses fermes. Une utilisation toujours pertinente des sept voies assure une spectaculaire immersion dans les scènes de combats dont elle décuple l’efficacité. Un Blu-ray de démonstration !

Les dialogues du doublage, un peu trop mats, paraissent parfois insuffisamment intégrés à l’ambiance.

Tu ne tueras point

Crédits images : Mark Rogers © Cross Creek Pictures Pty Ltd

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

Moyenne

4,2
5
3
4
1
3
0
2
1
1
0

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domuk789
Le 10 décembre 2017
Pas de commentaire.
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Jean Manuel
Le 22 août 2017
Pas de commentaire.
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ouioui
Le 9 août 2017
Pas de commentaire.

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