Réalisé par Mamoru Oshii
Édité par @Anime
2029, Newport City. Le Major Motoko Kusanagi, femme cyborg ultra-perfectionnée, à la tête de la Section 9, une unité d’élite anti-terroriste, enquête sur un nouveau cyber-virus capable de contrôler les esprits et d’altérer les souvenirs de ses victimes. Le suspect principal, surnommé le « Marionnettiste », à la réputation aussi mystérieuse qu’insaisissable, devient la cible d’une traque intense sur fond de rivalité avec la section 6, à la solde du Ministère des Affaires Etrangères et de son mystérieux Projet 2501. Ecoutant sa voix intérieure, Motoko se lance corps et âme dans une quête sans relâche qui l’amènera à questionner son existence et sa part d’humanité.
Masterpiece in the Shell
Quand on aborde le sujet de la japanimation de qualité, de celle qui a laissé des traces indélébiles dans les mémoires et qui a posé des jalons historiques, deux titres surgissent instantanément et indiscutablement : Akira et Ghost in the Shell. Si le premier fut un choc culturel, artistique et technique pour l’occident, le second aura terminé d’enfoncer le clou et de faire rentrer définitivement l’animation « adulte » dans les esprits.
Adaptant assez librement le manga de Masamune Shirow (Appleseed), Mamoru Oshii (Patlabor 1 : The Movie, Patlabor 2 : The Movie, Lamu - Only You, Jin-Roh, la Brigade des Loups, Avalon) signe avec Ghost in the Shell une oeuvre intemporelle, qui pose une fois de plus l’éternelle question de la disparition de la spécificité humaine dans l’ocean de technologie qui nous entoure, voire même l’émergence de nouvelles formes de conscience et donc de vie, dans ce bouillon cybernétique.
Même gavé d’images de synthèse dernier cri, on reste bouche bée devant la qualité technique, visuelle et narrative de l’animation dont Ghost in the Shell profite. Dans une recherche de réalisme, Mamoru Oshii truffe son cadre de détails, ose les plans fixes et prend le temps de nous faire plonger profondément dans les pensées cyber-philosophiques de la splendide Major Kusanagi grâce à des dialogues qui méritent amplement plusieurs visionnages.
Au-delà du culte, on touche ici à l’oeuvre incontournable qui, même si elle appartient au monde parfois fermé de l’animation, peut se targuer sans l’ombre d’un doute de faire partie de la culture SF cinématographique, au même titre qu’un Blade Runner.
Si Ghost in the Shell a officellement 22 ans, il fête en France ses 20 ans puisque sa sortie s’était faite chez nous en janvier 1997. Pour l’occasion (et puisqu’il est intéressant de profiter du battage autour du remake avec Scarlett Johansson) @Anime a mis les petits plats dans les grands et propose (en parallèle d’une édition plus modeste une édition SteelBook à faire frémir les fans de plaisir.
Le SteelBook lui-même est habillé à la perfection avec l’une des affiches originale sur le devant, une image plongeante de la ville au dos et la matrice de chiffres verts du générique à l’intérieur.
Les menus sont simples, sonorisés et donnant accès facilement aux éléments.
À l’intérieur du SteelBook, outre l’excellente galette Blu-ray du film, on trouve un livret de 20 pages sur le film, contenant une interview et une biographie passionnante de Mamoru Oshii, une discussion amusante et éclairante entre Oshii et Kenji Kawai, et enfin un court extrait du storyboard.
Cerise plus ou moins utile (selon les personnes) sur le gâteau, un second Blu-ray contenant la version 2.0 du film, remastérisation/modification du film par Oshii lui-même qui date de 2008 et dans laquelle certains plans cultes animés à la main étaient remplacés par des images de synthèse d’une qualité discutable. La colorimétrie du film avait aussi viré vers des teintes plus jaunes dorées… on aime ou on aime pas, quoiqu’il en soit le master de cette version 2.0 semble lui aussi, avoir bénéficié d’une remise à jour avec une tonalité verte rabaissée et une définition 1080p.
Plus complet et plus abouti que ce SteelBook, pour l’instant, il n’y a pas !
La partie supplément est le seul endroit de cette édition où l’habitué sentira comme une impression de déjà vu. On retrouve ici les 2 making of bien connus des fans et qui suivent les différentes éditions du film depuis de nombreuses années puisqu’ils sont aussi vieux que le film. Le making of de 30 minutes et ses images en vignette sur fond marbré survole toutes les étapes de création du film avec beaucoup de précision. Le module intitulé Digital Works, comme son nom l’indique, s’intéresse de plus près à l’utilisation des ordinateurs (techniques encore peu répandues à l’époque) dans la production du film, que ce soit pour les images de synthèse, le compositing ou le montage (Ghost in the Shell est certainement l’un des tous premiers films d’animation montés sous AVID). On connait déjà ces deux modules par coeur, mais il était impératif de les retrouver dans cette édition. On retrouve également les 40 secondes d’interview (et non 36 minutes comme l’annonce le carton du SteelBook) de Mamoru Oshii, manifestement issues du montage de Digital Works.
On trouve également deux bandes-annonces, l’une japonaise, assez courte et l’autre américaine, d’une durée de trois minutes, assez musclée et montée pour la présentation du film au Festival de Cannes en 1995.
Seul élément inédit, la présentation de la restauration présente 3 minutes d’images avant/après. Les plans ne sont pas toujours bien choisis pour se rendre compte du travail et c’est bien dommage, car il est exemplaire.
Le gros morceau de bravoure de cette édition se trouve donc dans la remastérisation complète de l’image, remastérisation supervisée par @Anime. Partant d’une HD-CAM-SR en provenance directe du Japon, l’éditeur a su tirer le meilleur parti de cette source numérique en ajustant et corrigeant encore les quelques défauts résiduels. Le résultat est totalement bluffant et offre de loin la meilleure version du film disponible à ce jour, quelque soit le pays.
Au-delà de la version 1080i offerte en bonus dans l’édition UK de Ghost in the Shell 2.0, la seule version acceptable du film était le Blu-ray américain de 2014. Et si le master 1080i de 2008 est bien évidemment enterré par ce nouveau master (voir la comparaison ci-dessous), même celui de 2014 passe en seconde position avec un piqué moins évident et des couleurs plus ternes.
Grain maîtrisé, définition poussée sans être chirurgicale, couleurs boostées mais pas à outrance, défauts majeurs de pellicule éliminés… la quête est enfin terminée, cet encodage 1080p AVC est LA version que les fans attendaient depuis que le Blu-ray existe.
Image 1 : Master 1080i de 2008 / Image 2 : Master @Anime de 2017
La partie sonore ravira également les puristes. Car non content de proposer uniquement du DTS-HD Master Audio en VF et VOST, cette édition propose les mixages 5.1 et 2.0 côte à côte. Il faut savoir que le mixage original du film est en Dolby stéréo et que le mixage 5.1 est le fait des américains. L’ambiance originale est donc préservée avec une scène sonore déjà très convaincante en stéréo, mais les salles dédiées profiteront sans rougir d’une ambiance 5.1 finement amenée qui approfondie encore l’immersion dans cette oeuvre unique.
Crédits images : © @Anime