Réalisé par Cristian Mungiu
Avec
Adrian Titieni, Maria-Victoria Dragus et Rares Andrici
Édité par Le Pacte
La priorité de Romeo, médecin dans un petit hôpital roumain : assurer un bel avenir à sa fille Eliza. Bonne élève, elle est certaine d’obtenir la moyenne de 18/20 requise pour l’obtention de la bourse nécessaire au financement de ses études à Oxford. Mais le tableau s’assombrit soudain : victime d’une agression sexuelle quelques jours avant l’examen, Eliza, le bras droit dans un plâtre et choquée, est totalement découragée. Romeo va tout faire pour l’aider à réussir.
Baccalauréat, écrit et réalisé par le cinéaste roumain Cristian Mungiu, dans l’environnement économique difficile d’une petite ville de Roumanie, traite d’un sujet universel : l’éducation des enfants. Pas seulement de l’acquisition de connaissances pour obtenir des diplômes, mais aussi de la transmission de valeurs morales.
Le personnage central est un homme, alors que les femmes occupaient les premiers rôles dans ses trois premiers longs métrages, L’Occident (2002, absent de nos bacs), 4 mois, 3 semaines, 2 jours (2007, Palme d’or) et Au-delà des collines (Dupa dealuri, Prix du meilleur scénario à Cannes en 2012).
Romeo, interprété avec beaucoup de naturel par Adrian Titieni (que nous avions découvert dans Illégitime (Adrian Sitaru, 2016), réussit à communiquer le désarroi du personnage qui s’enlise peu à peu dans les mensonges et les compromissions depuis « l’accident » de sa fille, symboliquement annoncé, dès la première scène, par une pierre lancée de l’extérieur qui vient briser une vitre de l’appartement.
La caméra ne le lâche pas, dans une succession de longs plans séquences, de plans fixes ou de travellings avant au volant de sa voiture, une marque de fabrique du cinéaste que saluera le Prix de la meilleure mise en scène à Cannes en 2016 (partagé avec Olivier Assayas pour Personal Shopper).
Cristian Mungiu a confié le rôle d’Eliza, dont elle s’acquitte avec beaucoup de simplicité, à la jeune Roumaine Maria-Victoria Dragus qu’il avait remarquée dans Le Ruban blanc (Das weiße Band - Eine deutsche Kindergeschichte), l’extraordinaire film de Michael Haneke, Palme d’or en 2009.
Baccalauréat, coproduit par les frères Dardenne, un conte moral universel, raconté sans fioritures, est enrichi par la vision impressionniste que donne Cristian Mungiu de la société roumaine touchée par la corruption, à la recherche d’un meilleur avenir vers l’Ouest, de petits arrangements pour sortir des difficultés de la vie.
Baccalauréat (128 minutes) et ses suppléments (50 minutes) tiennent sur un Blu-ray double couche logé dans l’habituel boîtier bleu. Le menu animé et musical propose le film dans trois versions audio : en roumain (avec sous-titres imposés, mais bien placés sur la bande noire) ou doublé en français, au format DTS-HD Master Audio 5.1, et en audiodescription, au format DTS Digital Surround 2.0.
Sous-titres pour malentendants.
En supplément, un entretien entre Cristian Mungiu et Michel Ciment (45’). Bien préparé, comme tous les entretiens conduits par le directeur de la revue Positif, il donne une somme d’informations utiles à la découverte du réalisateur, de son œuvre, de la genèse du film. La phase la plus difficile et la plus laborieuse de la création d’un film est, pour Cristian Mungiu, la conception du sujet, souvent puisée dans les faits divers, comme ce fut le cas pour Baccalauréat. Une fois le sujet arrêté dans ses grandes lignes, l’écriture du scénario (Mungiu écrit lui-même le scénario de ses films) coule de source. Puis vient le tournage, où il privilégie une mise en scène frontale et des longs plans-séquences, plus réalistes (« Il n’y a pas de montage dans la vie ») et multiplie les prises (jusqu’à une trentaine pour certaines scènes !), la fatigue des acteurs rendant leur jeu plus spontané. Pas d’accompagnement musical dans ses films : la seule musique est celle qu’écoutent les personnages, ici Purcell et Haendel. Il évoque l’école de cinéma, son apprentissage comme stagiaire et assistant de Bertrand Tavernier sur le tournage de Capitaine Conan, ses courts métrages, ses influences, le néoréalisme italien, Andrei Tarkovsky, Krzysztof Kieslowski, Milos Forman…
Pour finir, deux scènes coupées (4’) et une bande-annonce.
L’image (2.35:1, 1080p, AVC), précise, lumineuse et bien contrastée, avec des noirs denses, se caractérise par des couleurs délicatement insaturées et une agréable texture rappelant celle de la pellicule.
Le son DTS-HD Master Audio 5.1 de la version originale et du doublage procure une sensation d’immersion assez réaliste dans l’ambiance. Les dialogues sont clairement restitués dans les deux versions, mais un peu mats et moins intégrés dans l’image sonore pour le doublage.
Crédits images : © Mobra Films