Phantasm (1979) : le test complet du Blu-ray

Combo Blu-ray + DVD - Édition Limitée boîtier métal

Réalisé par Don Coscarelli
Avec A. Michael Baldwin, Reggie Bannister et Angus Scrimm

Édité par ESC Editions

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Le 07/07/2017
Critique

Phantasm

Tommy est poignardé dans le cimetière de Morningside par une jeune femme avec laquelle il faisait l’amour. Peu après la cérémonie d’inhumation de Tommy, Mike, 13 ans, est le témoin d’une scène étrange : un croque-mort très grand porte à lui seul le lourd cercueil qu’il dépose à l’arrière d’un corbillard. Plus tard, Mike est poursuivi par d’agressives petites créatures encapuchonnées. Il va essayer, avec l’aide de Jody, son frère aîné, et de Reggie, le marchand de glaces, d’en savoir plus sur ce qui se passe dans l’étrange maison en bordure du cimetière…

Phantasm est le troisième film de Don Coscarelli qui avait à peine 18 ans quand il réalisa, en 1976, ses deux premiers films, Jim, the World’s Greatest et Kenny & Company, avec, dans l’un et l’autre, deux des acteurs de Phantasm, Angus Scrimm (The Tall Man) et Reggie Bannister (le marchand de glaces). Le jeune Michael Baldwin tenait aussi un des rôles principaux de Kenny & Company.

What the hell is going on?

Cette interrogation de Reggie, le marchand de glaces caractérise à elle seule Phantasm, un film totalement à part, risquant fort de déplaire à celles et ceux qui ont besoin d’un scénario structuré, soumis à une certaine logique, fût-ce dans l’irrationnel, à celles et ceux qui préfèrent que les questions ne restent pas systématiquement sans réponse. Les autres, ceux qui aiment les histoires où tout peut arriver, sans qu’on sache ni comment, ni pourquoi, risqueront fort de tomber sous le charme d’un film qui n’oppose aucune barrière au possible, où l’on entraperçoit une étrange planète au ciel rouge où sont déportés comme esclaves les morts, après avoir été remis en vie et réduits à une toute petite taille, où un doigt coupé laissant couler un sang jaune et épais, continue à bouger avant de se muter en une énorme mouche carnassière, où une mystérieuse boîte noire apparaît, puis disparaît, où des boules métalliques volantes se plantent sur les crânes qu’elles taraudent jusqu’au cerveau, etc., etc.

Phantasm

C’est la peur qui tue

Phantasm crée un univers équivoque dans lequel il devient vite impossible de démêler le rêve de la réalité, le réel du fantasme, au point que le danger vient peut-être, comme dans la saga Freddy, de l’abandon au rêve, ou simplement de la peur pour peu qu’on la laisse prendre le dessus.

Les lieux, eux-mêmes, sont insolites, comme le repaire du croque-mort en bordure du cimetière, dans une maison de style colonial qui semble abriter des salles bien plus grandes qu’elle, ou encore comme ce magasin d’antiquités bourré d’objets insolites, dont une photographie jaunie par le temps qui s’anime…

Le personnage du Tall Man, le croque-mort géant, engoncé dans des vêtements trop petits pour lui, bien qu’il n’ait pratiquement aucun dialogue est, à lui seul l’icône de Phantasm. C’est pourtant une de ses premières apparitions sur l’écran, après une expérience sur la scène. On le reverra dans une cinquantaine de films, téléfilms et séries, dont Alias, une création de J.J. Abrams. Homme polyvalent, il dit avoir tiré une bonne part de ses revenus de l’écriture de commentaires au dos des pochettes de disques de musique, y compris de musique classique, ce qui lui a valu un Grammy Award. Il est parti dans une autre dimension en janvier 2006, à 89 ans.

Phantasm

Présentation - 4,5 / 5

Phantasm (89 minutes) et ses suppléments (60 minutes) tiennent, dans cette édition combo limitée, sur un Blu-ray BD-50 et un DVD-9, logés dans un boîtier métal Futurepak noir et rouge sang, décoré de la fameuse boule métallique et du titre embossé.

Sort simultanément une édition DVD seul avec les mêmes bonus.

C’est la première sortie en haute définition du film en France, dans une édition limitée entreprise conjointement par ESC Éditions et Sidonis/Calysta, à partir d’une restauration 4K financée par Bad Robot, la société de production de J.J. Abrams.

À l’intérieur du boîtier, un livret de Marc Toullec intitulé Au cœur du Phantasm, illustré de photos. Les années 70-80 furent un âge d’or du cinéma fantastique et d’horreur américain indépendant avec Massacre à la tronçonneuse (The Texas Chainsaw Massacre), La Colline a des yeux, Evil Dead, Les Griffes de la nuit (A Nightmare on Elm Street), Maniac, Basket Case (Frère de sang)… Après avoir vu le public sursauter dans une scène de son deuxième film, Don Coscarelli souhaite réaliser un film d’horreur. Après avoir songé à adapter une nouvelle de Ray Bradbury, il se lance, avec son coproducteur Paul Pepperman, dans l’écriture d’un scénario original, à partir d’une interrogation : que fait un croque-mort des corps après les avoir présentés à la veillée mortuaire ? Les idées lui viennent, l’une après l’autre, dans l’isolement d’un chalet de montagne. Marc Toullec rassemble des témoignages du réalisateur et d’Angus Scrimm et des anecdotes sur la genèse du film, presqu’une histoire de famille, avec le père du réalisateur dans le rôle de producteur et sa mère, sous deux pseudonymes, dans une contribution à la direction artistique et au maquillage quand elle n’était pas là pour rappeler à l’ordre Michael Baldwin, âgé de seulement 14 ans ! La réalisation chaotique, sans plan de tournage, s’est étirée sur un an, reprenant en fonction des allocations au budget très serré et des vacances scolaires de Michael Baldwin. Les effets spéciaux sont improvisés et bricolés sur le terrain : la boule foreuse de crâne et les jets de sang qui en sortent ont donné du fil à retordre à la petite équipe. Don Coscarelli s’aperçoit, en plein tournage, que le scénario ne fonctionne pas : il le modifie sur le champ ! La première projection publique est un désastre : le montage, repris à zéro élague nombre de scènes inutiles dont certaines seront recyclées sous forme de flashbacks dans Phantasm IV ! Dégraissé, remonté, accompagné par la musique originale de Fred Myrow, le film qui aura coûté 300 000 dollars rapporte 12 millions rien qu’en Amérique du Nord.

Phantasm

Bonus - 4,0 / 5

Cette édition ne reprend qu’une partie des bonus qui complétaient le film dans le coffret Phantasm Special Edition Boxset édité par Well Go USA en avril 2017. Mais, en compensation, on nous propose un bonus inédit, une présentation du film par Guy Astic et Julien Maury (20’) qui mettent en avant l’approche originale du fantastique par Don Coscarelli, selon lequel le cinéma peut montrer des réalités alternatives, faire coexister deux dimensions, engendrer la confusion entre réel et imaginaire, métamorphoser les humains en nains-esclaves, entretenir le doute sur la nature des personnages, particulièrement celui du Tall Man… Phantasm est une œuvre surréaliste et l’on peut se demander quels autres films Don Coscarelli aurait pu réaliser s’il n’avait pas été « enfermé » dans le cinéma d’horreur.

Entretien avec Don Coscarelli et Angus Scrimm (1979, 28’). C’est le désir de concevoir un film bizarre et effrayant qui a poussé Don Coscarelli à réaliser son premier film d’horreur. Angus Scrimm se souvient de son premier grand rôle du cinéma, après une expérience au théâtre, dans la peau du croque-mort, un personnage totalement sinistre, une représentation de la mort.

Angus Scrimm à la Fangoria de 1989 (10’). Plein de fantaisie, l’acteur récite les vingt mots, en cinq répliques, auxquels l’avait contraint le scénario, mais reconnaît que les auteurs se sont surpassés avec Phantasm II en le gratifiant de dix répliques ! Il compare sa prestation aux interventions, également très discrètes, de Bela Lugosi dans le Dracula de Tod Browning et de Boris Karloff dans le Frankenstein de James Whale, deux jalons du fantastique plantés en 1931.

Pour finir, une bande-annonce et une galerie de photos.

Phantasm

Image - 4,0 / 5

L’image (1.85:1, 1080p, AVC), sans laisser paraître le moindre défaut de compression, assure une excellente netteté, des couleurs très chaudes (avec des tons de peau parfois un peu trop rouges), des contrastes fermes, avec des noirs assez denses qui peuvent avoir occasionnellement une légère tendance à se boucher.

Ces petites réserves faites, on n’est pas très loin de la perfection.

Son - 4,5 / 5

La version originale est proposée dans le seul remixage DTS-HD Master Audio 5.1, ce qui rend impossible la comparaison avec la version mono proposée parallèlement par l’édition Well Go USA (DTS-HD MA 2.0 mono).

Certains puristes pourront ronchonner, mais la plupart des autres devraient se réjouir de la qualité des résultats obtenus, des dialogues d’une grande clarté, d’un accompagnement musical sans saturations, d’une excellente dynamique, tout ça sans dénaturation de la bande-son originale.

Et, cerise sur le gâteau, tous les effets sonores, qui contribuent largement à l’étrangeté de l’œuvre, jouent maintenant pleinement leur office en se déplaçant tout autour du spectateur. Même celui qui ne dispose pas d’une installation multicanal appréciera l’efficace séparation des deux voies centrales.

En comparaison, le doublage en français DTS-HD MA 2.0 mono) paraît bien étriqué.

Phantasm

Crédits images : © ESC/Sidonis

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

Moyenne

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Philippe Gautreau
Le 8 juillet 2017
Phantasm crée un univers équivoque dans lequel il devient vite impossible de démêler le rêve de la réalité, le réel du fantasme, au point que le danger vient peut-être, comme dans la saga Freddy, de l’abandon au rêve, ou simplement de la peur pour peu qu’on la laisse prendre le dessus.
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francky75
Le 4 avril 2017
depuis toujours j'attent cette saga en video et l'éditeur annonce pour la fin 2017 (octobre ou novembre) un super coffret intégrale avec les 5 films de la saga est pleins de bonus avec la sphère vivement fin 2017 pour avoir cette pepite du fantastique en intégrale dans sa videothéque :)

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