J'accuse : le test complet du Blu-ray

Coffret Collector Blu-ray + DVD, Édition Numérotée, inclus un Livre inédit et deux scénarios en Fac similé

Réalisé par Abel Gance
Avec Victor Francen, Line Noro et Marie Lou

Édité par Gaumont

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Le 04/12/2017
Critique

J'accuse

Trois personnes habitant le même village provençal vivent le drame de la guerre : Jean Diaz, un poète pacifiste, François Laurin, un ivrogne brutal, et son épouse Édith. Édith et Jean sont secrètement amoureux l’un de l’autre. Jean, sous-lieutenant, et François, 2e classe, mobilisés le 2 août 1918, sont affectés dans le même bataillon, près de Verdun. Dans les tranchées, leur hostilité va céder la place à l’entraide…

Abel Gance a commencé le tournage de J’accuse en juin 1918, près de cinq mois avant la fin de la Grande Guerre. Le film sortira sur les écrans français le 25 avril 1919. Le réalisateur a entrepris, en 1937, une nouvelle version parlante de l’oeuvre, avec un nouveau scénario, son combat pour empêcher le déclenchement d’un nouveau conflit. Le film sortit à Paris le 22 janvier 1938, moins de huit mois avant la déclaration de la seconde guerre mondiale…

En ce temps-là, on savait encore en France ce qu’était la joie…

Tout commence sur la Côte d’Azur, dans le village d’Orneval où l’on travaille et où l’on s’amuse jusqu’à ce que, le 2 août 1914, le tocsin sonne la déclaration de guerre et la mobilisation générale qui conduira les hommes valides sur le front.

Le J’accuse de 1919 eut un énorme succès critique, non seulement en France, mais aussi au Royaume Uni et aux USA. Le drame de la jalousie opposant Jean et François est le prétexte choisi par Abel Gance, auteur du scénario, pour susciter l’empathie du spectateur pour les personnages et mieux l’impliquer dans la boue et le froid des tranchées et l’horreur de la guerre, soulignés par l’insert d’archives filmées sur les champs de bataille. Le film est divisé en trois époques de 50, 53 et 63 minutes.

J'accuse

Pacifiste déterminé, inquiété par les tensions internationales, Abel Gance tenta, à sa manière, d’empêcher une nouvelle guerre en réactualisant J’accuse dans une version parlante. On retrouve le même trio, Jean, François et Édith, installés cette fois à Saint-Paul de Vence, mais le nouveau scénario modifie sensiblement leurs relations et les épreuves que la guerre leur fera subir, surtout à Édith.

J’accuse se distinguait du cinéma de son époque, coutumier des longs plans fixes, par son découpage de certaines scènes dans une succession de plans très courts, des « tableaux », précisément décrits par le scénario.

Morts de Verdun, levez-vous, je vous appelle !

On retrouve dans les deux versions l’appel de Jean aux morts pour qu’ils sortent de leur tombe et aillent conjurer les vivants de ne plus jamais faire la guerre. Jean tient là la promesse qu’il avait faite à ses compagnons disparus, incrédules : « J’empêcherai la guerre… tout seul ! » La mise en image de cette idée, ébauchée dans la version de 1919, est longuement développée dans la version de 1938 où les croix des cimetières de Douaumont disparaissent, où, en surimpression du paysage, les morts de toutes nationalités sortent de terre, errent sur les routes, tels des zombies, à la recherche de leur pays d’origine pour porter leur message. Ces scènes fantastiques deviennent déchirantes quand les fantômes sont remplacés par des « gueules cassées » qu’Abel Gance avait fait défiler devant les caméras.

J’accuse de 1938, tout à la fois pessimiste et optimiste, écrit, puis filmé, en 1937, montre la déclaration de la deuxième guerre mondiale, deux ans avant l’heure, alors que la plupart des gouvernements ont cru aux chances de la paix jusqu’au dernier moment. Le film est aussi optimiste, voire utopiste, en croyant que le seul souvenir des morts de Verdun allait pouvoir susciter un élan international qui conduirait à l’abolition définitive de la guerre et au désarmement immédiat.

J'accuse

Présentation - 5,0 / 5

J’accuse nous revient dans un imposant coffret Gaumont en édition numérotée. Un indiscutable objet de collection que ce solide coffret noir toilé (31,3 x 22,5 x 7 cm, pesant près de 1,7 kg), une édition définitive que nous avons déballée le 20 novembre 2017.

On y découvre huit disques (deux Blu-ray et six DVD, insérés dans les pages d’un cahier à quatre volets), proposant les deux versions, celle de 1919 (165 minutes, sur 1 Blu-ray et 2 DVD) et celle de 1938 (120 minutes, sur 1 Blu-ray et 1 DVD), ainsi qu’un nouveau montage en Magirama (56 minutes), sur trois écrans (ratio 3.66:1), présenté en 1957 au Studio 28 par Abel Gance et Nelly Kaplan. Deux DVD de bonus complètent la collection.

Le coffret offre beaucoup à voir, mais aussi beaucoup à lire.

À commencer par Abel Gance et la Grande Guerre - le visionnaire contrarié (120 pages en français et autant en anglais dans une édition bilingue) pour tout savoir sur la réalisation des deux oeuvres pacifistes, sur le film de 1919 et sur la nouvelle version tournée en 1937, « la réalisation de la dernière chance », sur la ressortie de J’accuse sur les écrans… Une remarquable étude de l’oeuvre rédigée par Laurent Véray, universitaire, spécialiste du cinéma muet et du cinéma français de l’entre-deux-guerres, auteur de La Grande guerre au cinéma, de la gloire à la mémoire (Ramsay, 2008). L’ouvrage, bien écrit et abondamment illustré, passe en revue les premiers pas d’Abel Gance en direction du cinéma, la naissance du projet de J’accuse, avec le soutien de Charles Pathé, le tournage, l’aspect révolutionnaire de l’écriture filmique, influencée par le style de D.W. Griffith, l’accueil du film en France et à l’étranger, le tournage de la nouvelle version en 1937, le montage de la version Magirama en polyvision…

Sont également inclus dans le coffret deux facsimilés, celui du scénario de 1919 (les 124 pages qui ont pu être retrouvées), de la main d’Abel Gance, et celui de la version 1937, 194 pages dactylographiées et annotées au crayon par le réalisateur.

J'accuse

Bonus - 5,0 / 5

En complément de J’accuse 1919, Les Mères françaises (73’), un film réalisé en 1916 par Louis Mercanton et René Hervil, avec Sarah Bernhardt dans le rôle d’une femme qui a perdu son fils et son mari à la guerre et se consacre au secours des blessés,  La Paix à tout prix ! (21’), un entretien de Laurent Véray, Un jour au Studio 28  (24’), un entretien de Laurent Véray et Nelly Kaplan sur la présentation de J’accuse en polyvision, appelée Magirama, Parcours d’une restauration (19’), par Nicolas Ricordel, chef du département numérique du CNC., et les bandes-annonces.

On y trouve également d’autres films d’Abel Gance, Les Gaz mortels (1916, 71’), inédit en vidéo, et La Fin du monde (1931, 90’) que Gaumont avait déjà sorti en juin 2015 dans le volume 2 de la collection Gaumont 120 ans.

J'accuse

Image - 4,5 / 5

Les trois versions de J’accuse et les trois autres films (Les Mères françaises, Les Gaz mortels et La Fin du monde) sont en noir et blanc.

J’accuse 1919, au format 1.37:1, utilise les filtres de couleur du code du cinéma muet, bleu pour la nuit, jaune pour les intérieurs éclairés, rose pour l’aube, rouge pour le crépuscule… L’image, vieille de près d’un siècle, a été rendue parfaitement lisible par une restauration qui reste cependant perfectible : si certaines scènes frisent l’excellence, il reste une certaine instabilité et, sur une grande partie du métrage, des griffures et des taches.

J’accuse 1938, au format 1.33:1 (le cadre s’est resserré pour laisser sur la pellicule une bande au son optique) a bénéficié d’une restauration apparemment plus poussée qui donne une image débarrassée de tous les signes d’usure (taches, griffures, déchirures…), parfaitement contrastée, avec des blancs lumineux, des noirs d’encre, un fin dégradé de gris et une excellente stabilité. Le bruit vidéo a été éliminé jusqu’à la limite à ne pas dépasser, celle d’un lissage qui aurait dénaturé la texture argentique.

L’image du film Les Gaz mortels (1916) est assez propre, mais faiblement contrastée, avec des noirs poreux et des blancs légèrement brûlés. Celle de La Fin du monde est assez altérée par taches et rayures. L’image sépia de Mères françaises, au fin dégradé, est marquée par plusieurs taches, griffures et quelques sauts.

J'accuse

Son - 5,0 / 5

Le son de J’accuse 1938 a été parfaitement nettoyé. Reste, inévitablement, un léger souffle, assez régulier pour se faire facilement oublier. La dynamique et l’ouverture du spectre atteignent ce qu’on peut faire de mieux pour un film de cet âge et s’apprécient dans la fureur des canonnades et des explosions. Les dialogues sont clairement restitués.

Le son de La Fin du monde est très métallique, avec un assez fort bruit de fond et quelques distorsions dans les passages forte de l’accompagnement musical.

J'accuse

Crédits images : © Gaumont

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

Moyenne

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Philippe Gautreau
Le 7 décembre 2017
J’accuse, le film d’Abel Gance, est proposé dans ses trois versions, celle de 1919, le remake de 1938, un appel désespéré à la paix, et le montage en polyvision, sorti en 1957. Gaumont livre là l’édition définitive d’un chef-d’œuvre, sur huit disques, avec le livre d’un spécialiste du cinéma muet et du cinéma français de l’entre-deux-guerres. Un magnifique objet de collection !

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