Equus (1977) : le test complet du Blu-ray

Édition Collector Blu-ray + DVD

Réalisé par Sidney Lumet
Avec Richard Burton, Peter Firth et Colin Blakely

Édité par Outplay

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Le 18/09/2017
Critique

Equus

Lors d’un accès de folie, le jeune Alan Strang a crevé les yeux des six chevaux de l’écurie où il travaillait. Martin Dysart, un psychanalyste chargé de découvrir les raisons de ce geste, plonge peu à peu dans l’âme torturée d’Alan, où se mêlent sexe, passion et un secret profondément gardé…

Equus, l’adaptation d’une pièce du dramaturge britannique Peter Shaffer créée en 1973, est réalisée en 1977 par Sidney Lumet, à l’apogée de sa carrière, peu après la sortie, en 1973, de The Offence et Serpico, suivis par Le Crime de l’Orient Express en 1974 et Un Après-midi de chien (Dog Day Afternoon) en 1975. Après des débuts à la télévision, il a réalisé cinquante films, de 12 hommes en colère, en 1957, à 7h58 ce samedi-là (Before the Devil Knows You’re Dead), en 2007.

Equus, sur un scénario écrit par Peter Shaffer, est très fidèle à la pièce dont il reprend tous les dialogues. Peter Firth, l’interprète d’Alan Strang, avait d’ailleurs tenu ce rôle dès la création de la pièce au Royal National Theatre de Londres en 1973, puis, à Broadway, au Plymouth Theatre, en 1974.

On sait d’emblée pour quel acte Alan se retrouve face à un psychiatre : c’est la recherche de son motif qui constitue le premier thème du film. Mais le scénario laisse aisément percer ce qui l’a poussé à une telle transgression, pour développer le deuxième thème du film, essentiel, une interrogation sur la folie et la normalité.

Equus

Equus, à une époque de remise en cause générale des valeurs et des institutions, instille le doute : la normalité n’étouffe-t-elle pas la personnalité, le particularisme de l’individu, ses passions ? Les parents d’Alan, archétypes de la normalité, menant une vie confinée, monotone, terne, le père surpris dans un cinéma porno, la mère confite dans la bigoterie, n’ont-ils pas, sans le vouloir, poussé leur fils à s’abandonner à sa passion trouble pour les chevaux pour échapper à l’étouffement ?

Ce doute existentiel finit par submerger Martin Dysart. Il réalise non seulement qu’il n’a éprouvé aucune passion et que sa vie n’est pas éloignée de celle des parents d’Alan, mais, pire encore, que la mission assignée au psychiatre est de faire rentrer le patient dans le moule, de gommer toutes ses aspérités, de refouler sa différence pour qu’il se fonde dans la normalité sociale.

Equus a donné à Richard Burton son dernier grand-rôle au cinéma (on le reverra et dans le rôle-titre de la série Wagner, réalisée par Tony Palmer de 1981 à 1983 et, au cinéma, dans le rôle secondaire de Big Brother/O’Brien de 1984, réalisé par Michael Radford en 1984). Peter Firth, déjà célèbre, sa performance saluée par un Golden Globe, réapparaîtra sans discontinuer sur les écrans, dans le rôle d’Angel Clare, le mari de Tess (Roman Polanski, 1979) et dans de nombreuses séries, dont la remarquable MI-5 (Spooks, créée par David Wolstencroft en 2002). Une solide distribution des seconds rôles avec Jenny Agutter, dans le rôle de Jill, Joan Plowright et Colin Blakely, dans celui des parents d’Alan.

Equus, film unique, un peu sulfureux, modèle d’adaptation du théâtre au cinéma, envoûte par la qualité de ses dialogues et le jeu des acteurs. Et, de plus, il invite le spectateur à réfléchir.

Equus

Présentation - 4,0 / 5

Equus (138 minutes) et son supplément (60 minutes) tiennent sur un Blu-ray double couche et un DVD-9 logés dans un Digibook. Le menu animé et musical propose le film dans sa version originale, avec sous-titres optionnels, et dans un doublage en français, les deux au format DTS-HD Master Audio 1.0.

Sous-titres pour malentendants.

Inséré dans la couverture, un livret de 20 pages, le dossier de presse de 1978 (le film est sorti en France le 22 mars) contenant les fiches technique et artistique, le synopsis, des commentaires sur la psychanalyse, sur le sens mystique du film, sur la fidélité aux dialogues de la pièce de Peter Shaffer. Le livret contient aussi un article de Claire Gallois paru dans Elle, des commentaires de Peter Shaffer sur sa pièce, une note sur Sidney Lumet et sur les acteurs, Richard Burton, Peter Firth, Joan Plowright et Colin Blakely, les parents d’Alan, etc.

Bonus - 5,0 / 5

Sidney Lumet, cinéaste du doute (45’). Jean-Baptiste Thoret, critique et historien du cinéma, et Derek Woolfenden, programmateur et cinéaste, résument la carrière de Sidney Lumet, cinéaste prolifique qui a exploré presque tous les genres et fut, un temps, sous-estimé par la critique, son style n’étant pas immédiatement identifiable. Entraîné par son expérience à la télévision à tourner rapidement, il attachait une grande importance au texte et aux acteurs qu’il faisait répéter pendant deux à quatre semaines avant de commercer le tournage. Cette préparation est l’un des atouts d’Equus, dont le réalisateur n’a pas cherché à dissimuler la nature théâtrale de l’oeuvre. Un film riche qui, au-delà de son intrigue première, questionne les valeurs sociales.

L’oeil du psy, un entretien avec Pascal Laëthier (12’). Le film montre l’affrontement entre deux personnages qui devient presque un jeu à armes égales quand le psychiatre accepte le marché que lui propose le patient : « Je répondrai à vos questions si vous répondez aux miennes ». Cette concession affaiblit les défenses de Martin Dysart, point de départ de sa remise en cause de la psychiatrie, en suivant un courant d’idées qui s’est largement répandu depuis la fin des années 60.

Pour finir, la bande-annonce de 1978.

Image - 4,0 / 5

La restauration de l’image (1.85:1, 1080p, AVC) a opéré une efficace réduction du bruit, mais suffisamment discrète pour qu’elle respecte la texture argentique originelle. Un soigneux nettoyage a fait disparaître pratiquement toutes les taches et griffures.

Bons en général, définition et contrastes faiblissent occasionnellement, particulièrement, vers la fin du film, lors de la rencontre entre Alan et Jill dans le grenier.

Son - 4,5 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 1.0 mono, débarrassé des bruits parasites et du souffle, restitue les dialogues avec une grande clarté. Le timbre des voix du doublage en français, assez réussi, est plus mat que celui de la version originale.

Crédits images : © Outplay

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

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Philippe Gautreau
Le 19 septembre 2017
Equus, film unique, un peu sulfureux, modèle d’adaptation du théâtre au cinéma, envoûte par la qualité de ses dialogues et le jeu des acteurs. Avec Richard Burton dans son dernier grand rôle.

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Equus
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