Les Grands Ducs

Les Grands Ducs (1996) : le test complet du DVD

Réalisé par Patrice Leconte
Avec Jean-Pierre Marielle, Philippe Noiret et Jean Rochefort

Édité par Videodis

Voir la fiche technique

Avatar Par
Le 04/07/2022
Critique

Un hommage aux comédiens forcés de jouer les utilités rendu par trois grands acteurs. Une comédie farfelue et débridée de Patrice Leconte.

Les Grands Ducs

Trois vieux comédiens, sans le sou, minables et au chômage, sont engagés dans une comédie de boulevard médiocre qui part en tournée. Le spectacle est monté par un producteur en cessation de paiements, bien décidé à le saboter afin de toucher l’argent des assurances. Mais les trois acteurs se prennent au jeu et s’investissent dans ce qui sera peut-être la dernière chance de leur vie…

Les Grands ducs, sorti en février 1996, est le treizième des 31 longs métrages de Patrice Leconte. Le scénario, le premier des quatre que Serge Frydman coécrira avec le réalisateur, suit trois acteurs ratés, prêts à tous les coups fourrés pour se faire engager dans une tournée théâtrale. Le ton résolument farfelu de l’aventure peut rappeler Les Producteurs (The Producers, Mel Brooks, 1967) qui décrocha l’Oscar du meilleur scénario original. Assez mal reçu par la critique et un peu boudé par le public, le film fut vite éclipsé par cet autre long métrage de Patrice Leconte, Ridicule, sorti trois mois plus tard, en mai 1996, nommé aux Oscars et à la Palme d’or, au César du meilleur film et lauréat du Prix du meilleur film étranger aux BAFTA Awards.

Les Grands ducs, après une parenthèse intimiste délicatement illustrée par Le Mari de la coiffeuse et Le Parfum d’Yvonne (les trois films viennent d’être proposés, pour la première fois en haute définition, par Rimini Éditions), marquait un retour de Patrice Leconte à la comédie, le genre qui assura sa popularité avec Les Bronzés (1978) et Les Bronzés font du ski (1979).

Les Grands Ducs

L’agitation de la mise en scène, accentuée par les prises par caméra portée sur l’épaule et le découpage en plans très courts, des choix délibérés du réalisateur pour accélérer le rythme du film, même qui finissent par lasser, sans que la minceur du scénario rachète cette faiblesse. On retrouve, cependant, le solide appui de l’équipe des fidèles de Patrice Leconte, Eduardo Serra, le chef-opérateur, Ivan Maussion, directeur artistique et décorateur, et Joëlle Hache, pour le montage.

Les Grands ducs a un grand atout : le trio formé par Jean-Pierre Marielle, Philippe Noiret et Jean Rochefort, à nouveau réunis une vingtaine d’années après Que la fête commence (Bertrand Tavernier, 1975). Les trois cabotinent à qui mieux mieux, tous les excès étant non seulement permis, mais encore encouragés.

On trouve, dans le reste de la distribution, un vieux complice de Patrice Leconte, Michel Blanc (sous une apparence insolite, sa calvitie cachée sous une perruque marronnasse). Personnage noir de cette comédie débridée, il arpente les cintres avec des intentions homicides dans une scène qui renvoie à la mythologie du Fantôme de l’opéra. En retrait dans un microcosme assez macho, deux femmes : Catherine Jacob, aux airs de diva, exposée aux assauts répétés du vieux beau Jean Rochefort et Clotilde Courau, une débutante taraudée par le doute sur son avenir dans le théâtre.

Les Grands Ducs

Présentation - 2,0 / 5

Les Grands ducs (84 minutes) et ses généreux suppléments (93 minutes, sans compter le commentaire audio du film) tiennent sur un Blu-ray BD-50, logé dans un boîtier non fourni pour le test.

Le menu animé et musical propose le film au format audio DTS-HD Master Audio 2.0 stéréo.

Une édition DVD est disponible, avec le même contenu.

Bonus - 4,0 / 5

La tournée des grands ducs (12’, Rimini Éditions, 2022), un entretien avec Patrice Leconte conduit par Frédéric-Albert Lévy. Le réalisateur rappelle que le film devait s’appeler La Tournée des grands ducs, une forme de salut aux « comédiens de quinzième zone (…), la foi chevillée au corps ». L’histoire « calme » avait besoin d’être bousculée par une suite « d’empêchements, de bâtons dans les roues » pouvant faire « dérailler la tournée ». Il dit avoir été déçu pendant le tournage par l’humeur de Michel Blanc, « pas dans son assiette (…) comme s’il n’avait fait ce film que pour le plaisir du chèque ». Il continue à rêver d’un film musical qui ne soit pas, comme La La Land, « une copie d’ancien ». Il aime cette répartie de Jean-Pierre Marielle, « Au théâtre, c’est à ses silences qu’on juge un acteur », une maxime qui s’applique à la vie en général.

Commentaire du film par Patrice Leconte (Dolby Digital 2.0 mono, repris de l’édition M6 Vidéo de 2000). Bien qu’il ait eu un succès public limité, il a « adoré réaliser ce film hirsute qui va à 250 à l’heure, même dans les virages », tourné rapidement, « comme un reportage » avec des plans très courts, pris avec une caméra portée à l’épaule, les seuls plans fixes étant ceux tournés devant la scène de plusieurs théâtres, dans les décors « boulevardiers et ringards ». Le tournage des séquences était précédé d’une « mise en place », comme au théâtre, avec une règle importante : « on ne s’interdit rien ! ». Sur le plateau, « avec des amis », il laissait une grande liberté aux acteurs, surpris par le tempo du tournage, incapables de contenir les fous-rires déclenchés sur le plateau, notamment quand Jean-Pierre Marielle fait appel à la générosité du public… Des scènes additionnelles ont été prises après le tournage, notamment celles de la fin du film.

Comme celui enregistré pour Le Parfum d’Yvonne, un commentaire utile et plaisant, fait quatre ans après le tournage.

Les Grands ducs : le film du film (17’, 1.33:1, 1996, inédit). C’est le film au rythme le plus rapide de tous ceux réalisés par Patrice Leconte, assurant tous les cadrages, portant souvent la caméra, ce que montrent plusieurs scènes de tournage. Les acteurs évoquent leurs personnages, « nourris par leur expérience d’acteurs ».

Rochefort en baskets (64’, 2015). Un documentaire d’Alain Teulère, tourné en 2015 sur le lieu de vacances de l’acteur « en bretelles mauves et baskets citron ». Sa longue carrière défile, « 150 films, 40 pièces, des dessins animés, des pubs, deux livres, trois Césars ». Acteur dans la peau, il ne se sentait « pas capable de faire quoi que ce soit d’autre ». Après une enfance voyageuse, la bohème à Paris, les cours du conservatoire en 1951, les premières timides apparitions sur les écrans en 1954, commence « sa sortie de l’ombre » avec Cartouche (Philippe de Broca, 1962), ce qui l’a obligé à apprendre à monter à cheval en huit jours, son ami Jean-Paul Belmondo l’ayant fait embaucher en vantant ses talents de cavalier ! Il évoque son expérience des planches avec la création en France de deux pièces de Harold Pinter, son admiration pour Albert Camus, Céline, Cervantès. Puis la consécration venue avec le César du meilleur second rôle pour Que la fête commence, et le César du meilleur acteur pour Le Crabe tambour (Pierre Schoendoerffer, 1977) et la belle audience de huit films populaires, fruits de sa rencontre avec Yves Robert. Emporté par la passion du cheval, il est devenu éleveur : « Je suis un homme à crottin » souligne-t-il. Vient la maturité avec Tandem (1987), le premier des sept films avec Patrice Leconte. Il se met à l’anglais à 70 ans pour le cauchemardesque L’Homme qui tua Don Quichotte (The Man Who Killed Don Quixote), le film maudit que Terry Gilliam ne put jamais réaliser. Floride (Philippe Le Guay, 2015), l’histoire d’un homme en fin de vie, perdant la mémoire, sera son dernier rôle, à 85 ans.

Avec un apport limité au film Les Grands ducs, voilà un précieux documentaire sur l’acteur, enrichi par les témoignages de Catherine Deneuve, Jean-Pierre Marielle, Guillaume Canet, Patrice Leconte, Sandrine Kiberlain, Édouard Baer, Philippe Le Guay, Jacques Perrin et Patrice Leconte.

Les Grands Ducs

Image - 4,5 / 5

L’image (2.35:1, 1080p, AVC), très propre, stable, au piqué qui fait bon ménage avec le grain du 35 mm, aux contrastes fermes, déploie une riche palette de couleurs joliment saturées. Un transfert en haute définition réussi !

Son - 4,5 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 2.0 stéréo restitue clairement les dialogues, dans un bon équilibre avec l’accompagnement musical de Paul Estève. La séparation des deux voies génère un effet immersif discret, mais cohérent, dans l’ambiance des salles de théâtre.

Crédits images : © M6 Film, Zoulou Films, Lambart Productions

Configuration de test
  • Vidéo projecteur SONY VPL-VW790ES
  • Sony UBP-X800M2
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

Moyenne

3,3
5
0
4
2
3
1
2
1
1
0

Je donne mon avis !

Avatar
Philippe Gautreau
Le 5 juillet 2022
Jean-Pierre Marielle, Philippe Noiret et Jean Rochefort, à nouveau réunis une vingtaine d’années après Que la fête commence, cabotinent à qui mieux mieux, tous les excès étant non seulement permis, mais encore encouragés par Patrice Leconte, revenu à la comédie après une belle parenthèse intimiste ouverte pour Le Mari de la coiffeuse et Le Parfum d’Yvonne, également réédités.
Avatar
Josquin
Le 15 décembre 2005
On ne peut pas dire que le cinéma français de ces 15 dernières années nous ait confortés de son image. Il y a bien sûr des exceptions : Ridicule; Cyrano; Delicatessen; Bernie; La Crise; Les truffes; Lautrec, et quelques autres dont les Grands Ducs.
Comment ne pas se prendre d'amitié pour ces trois zigotos guettant depuis des années le succès sans y parvenir ? Jean Rochefort pétille, entre hidalgo de pacotilles et clown surréaliste, à l'occasion se surprenant à revivre sa jeunesse d'Apollon. Philip Noiret joue celui qui y croit, se bat pour toucher les étoiles et finalement retomber, faisant de son mieux dans l'illusion du sommet. Le duo fougueux / ramollo ne serait pas complet sans un énervé de service, un gueulard qui vanne sévère et remet en place de qui de droit : Jean-Pierre Mariel. Ses soufflantes régalent avec sadisme le spectateur qui aimerait tant, lui aussi, courser le voisinage masse en main, et casser les petits qui se sentent l'obligation de fournir des conseils si importants qu'ingérables.
La mise en scène a quelque chose de radieux dans son rythme, rappelant les comédies françaises vieille école où chaque minute apportait son lot de surprises. Patrice Leconte sait nous emporter dans l'univers clos des acteurs méconnus, qui ne cessent de galérer. Pas d'état d'âme ou presque, mais au fond une tendresse envers les choses insignifiantes de la vie, autour d'un ridicule et d'un réalisme de personnages sans masques.
Cette ironie sombre de l'envers du décor, bariolée d'incongruités, de caricatures, l'est au point qu'une scène rend hommage au Fantôme de l'Opéra ( à la différence près que Michel Blanc ne parvient pas à tuer Catherine Jacob avec la chute d'un lustre ). L'esprit routard d'une tournée théâtrale est respecté, ce qui fait que l'histoire vibre, trucule au gré des lieux visités, de même que les rivalités entre acteurs engendrent quiprocos, audaces, coups de gueule et situations loufoques.
Un film distillé jusque dans la plus infime émotion, titillant notre humanité.
Avatar
Jean-Luc
Le 24 février 2003
Voilà un film agréable par son extrême légerté. Pour qui a un peu d'intêret pour le théâtre et certains de ses vieux cabotins, la satyre ne doit pas manquer de piquant. C'est une oeuvre évidemment toute en excès, mais il est vrai que même les gourmets exigeants peuvent un jour de fringale, préférer un bon gros chou à la crème à un Opéra, c'est exactement ce que ce film est à la pâtisserie. Une dernière chose: c'est en habitant à l'étranger que j'ai découvert ce film qui fleur bon le pays. En France, je ne l'aurais peut-être pas remarqué, mais voilà, quand on habite hors de son pays, on ose regarder tout ce qui nous tombe entre les mains. Conclusion: une bonne surprise, et un bon moment... et puis on peut bien gloser sur notre humour national, celui des autres n'est pas souvent meilleur...

Lire tous les avis »

Multimédia

Proposer une bande-annonce

Du même auteur
(publicité)

(publicité)