Réalisé par Jacques Maillot
Avec
Marie Payen, Sami Bouajila et Cécile Richard
Édité par Blaq Out
Il était une fois six amis…
Il y a Julie (Marie Payen) qui, après une tentative de
suicide, sort de l’hôpital avec toutes ses illusions encore
intactes. Elle rencontre Ali (Sami Bouajila), un Marocain
sans papiers, qui fait à peu près tout, en échange d’un
salaire symbolique, dans le restaurant géré par Sylvie avec,
aux fourneaux, son mari, Lucas (Jean-Michel Portal), que les
garçons ne laissent pas indifférent. Puis Émilie (Camille
Japy), la gaffeuse, qui vient de quitter Antoine, toujours
prêt à décrocher la lune pour revenir auprès d’elle. Et
Cécile (Cécile Richard), à la dérive, qui partage
l’appartement d’Émilie et ne fait rien, sauf prendre des
photos, sans trop savoir pourquoi. Et enfin, Jean-Paul (Éric
Bonicatto), très actif au secours catholique, qui rêve du
grand amour m’ais n’a jamais su comment s’y prendre avec les
filles.
Au long des 140 minutes du récit, les personnages se
croisent, font un bout de chemin ensemble, se quittent et se
retrouvent. Ont-ils la maîtrise de leurs actes ou sont-ils
conduits par leur destinée ? Difficile à dire. La seule
certitude, c’est qu’il aspirent tous à un changement, à un
certain équilibre.
Ce film (à l’instar de Dancing at the Blue Iguana,
situé dans un environnement tout à fait différent) laisse
beaucoup de liberté aux acteurs qui « font » le film, sans être
cantonnés à la stricte interprétation d’un rôle, bien que,
cette fois, il y ait un scénario élaboré, co-écrit par le
réalisateur et Éric Veniard.
Avant, Jacques Maillot avait réalisé quatre courts métrages,
dont « 75 centilitres de prière » (1995) qui remporta le prix
Jean Vigo.
Un premier long métrage, donc, débordant d’émotion et de
tendresse ; un regard un peu nostalgique porté sur la vie,
telle qu’elle est, avec les joies qu’elle apporte, et les
douleurs qu’elle peut aussi infliger. La cohésion de toute
l’équipe de jeunes acteurs (les seconds rôles ne sont pas
sacrifiés) est remarquable. Plans-séquences, caméra à
l’épaule, éclairages naturels, l’écriture filmique concourt à
l’authenticité de ce beau film qui procure un réel plaisir.
Sérigraphie sobre, boîtier keep-case et surétui. L’image est
propre, à quelques petites imperfections près. Le son Dolby
Stéréo est clair.
Les suppléments sont particulièrement intéressants.
Les menus sont du genre assez spartiate, accompagnés par la
belle musique originale d’Allie Delfau. Découpage en 25
chapitres (sur 6 pages), repérés par des vignettes fixes et
des intitulés.
Pour le film, des sous-titres anglais sont accessibles à la
volée.
Les suppléments sont en 16/9 anamorphique en mono et d’un
intérêt nettement au-dessus de la moyenne.
Deux interviews : le premier (18’55”), de Jacques
Maillot qui nous confie qu’après avoir envisagé d’être
écrivain, avait choisi de raconter des histoires avec une
caméra. Encouragé par l’accueil réservé à ses courts
métrages, il se lance dans l’écriture du scénario de Nos vies
heureuses, dont une partie du matériau lui a été donnée par
le récit d’une amie, dont le compagnon, étranger en situation
irrégulière, avait été reconduit à la frontière. Le scénario
fini, commence une quête de 18 mois, à la recherche d’un
financement, jusqu’à ce qu’il rencontre Laurent Bénégui.
Dans le second document, le producteur Laurent Bénégui
(aussi réalisateur de trois longs, dont « Au Petit Marguery »
(1995) et de « Mauvais genre » (1997), nous rappelle que le
projet n’obtint pas d’avances sur recettes, pourtant assez
libéralement accordées, et qu’à force d’opiniâtreté, il
réussit à obtenir un premier financement de Canal+ ; acteurs
et techniciens durent se satisfaire d’un petit salaire, le
même pour tous, et d’une participation aux éventuels
bénéfices.
Une scène coupée (18’55”), écartée au montage pour les
raisons expliquées par le réalisateur.
Suit une analyse de rushes, (« Cécile annonce à sa mère
qu’elle est enceinte » et « L’accident de Cécile ») ce qui
fournit l’occasion pour Jacques Maillot de justifier son
choix entre les prises (pas moins de 8 prises pour l’une des
scènes !).
Cerise sur le gâteau : Entre ciel et terre (11’38”).
C’est le quatrième court métrage du réalisateur : un couple
au réveil ; on devine après quelque temps la cause de la
tristesse de la jeune femme : elle va subir un avortement…
Pour finir, les filmographies sélectives du
réalisateur et des principaux interprètes, la
bande-annonce (16/9, 1’29”) et 20 photos de
Céline Larmet.
L’image a du grain, ce qui résulte du choix d’écriture en lumière naturelle et convient bien au caractère intimiste de l’oeuvre. L’image est, dans l’ensemble, propre, sauf quelques petites taches blanches occasionnelles.
Le son Dolby stéréo est clair. La musique sonne très bien.