Réalisé par Wes Craven
Avec
Heather Langenkamp, John Saxon et Robert Englund
Édité par Metropolitan Film & Video
Il était un fois une fille pleine de vie qui vivait dans un
pavillon sur la Elm Street. Mais la fille avait des troubles
de sommeil : elle craignait de ne jamais plus se réveiller.
Des cauchemars rouge sang. Les griffes d’acier. Le visage
brûlé. Le chapeau. Le nom de Freddy Krueger.
Comme toute mythologie moderne, chaque conte a ses débuts, et
chaque croquemitaine son créateur. Wes Craven, l’une des
deadheads de la nouvelle vague de l’horror dur et sans
compromis, offre au monde un clown du mal aussi scary que
Michael Myers et aussi létal que Jason, tout en permettant à
New Line Cinema de devenir la mini Major que l’on connaît
aujourd’hui.
Encore une fois, le danger vient de ces paisibles banlieues de
l’âge Reagan qui renferment bien de secrets, et bien de fautes
commises par les parents. Et encore une fois, pour toute Bête,
il y a une Belle pleine de courage pour lui faire face (la
subliiiiiime Heather Langenkamp). Et la Belle est secondée par
un garçon au visage angélique : un certain Johnny Depp dans
l’un de ses premiers rôles…
Impossible de parler de Freddy Krueger sans mentionner Robert
Englund, le visage derrière du masque. Dans les chapitres
suivants, les maquillages seront retravaillés pour mieux
ressortir les traits d’Englund. Mais ici, l’acteur montre ses
talents de mime (la façon de Freddy de bouger, de rire, etc.),
qui seront codifiés tout au long de la « franchise ».
De milliers de pages - voire de livres entiers - ont été
consacrés au phénomène de Freddy et au symbolisme sensuel du
personnage. Mais ce qui faut retenir, est que celui-ci était
le film qui a donné une image à nos cauchemars, le film qui a
subverti le réalisme pour visualiser les choses qui ne
pourraient pas être vues. Ce qui est - en fin de compte -
l’essence même du cinéma.
Deux ans après la sortie en Zone 1, la saga intégrale des
Freddy arrive en France. Seuls (en Digipack 3 volets à
l’unité), ou accompagnés (le tout dans un coffret).
L’attente a permis à Seven7 de soigner la localisation du
produit et corriger les erreurs de jeunesse du Z1. Le design
du packaging - jaquette française rouge sans d’un coté, visuel
US sur l’entre-volet - est luxueux. Des petits compléments sur
les cotés montrent que l’éditeur sait bichonner les gore-fans.
Sans être chargée, l’ergonomie des menus va droit au but.
Si la remasterisation audio en 5.1 (même en français) est un
réel atout, S7 étonne pour « locker » le changement de langue à
la volée. Et même si cette tendance à vouloir fragmenter les
interviews en de nombreux micro-documentaires est franchement
irritante, dans l’ensemble le DVD est un killer.
Un commentaire audio comme on les aime bien : solide et
croustillant en anecdotes. Première surprise : Wes Craven
n’est pas seul, mais il est accompagné par deux de ses stars
(Heather Langenkamp et John Saxon), et par le directeur de la
photo Jacques Haitkin.
Pas mal de propos qui gravitent autour du rôle de Johnny Depp
(hélas absent de la réunion de famille) et sur la pauvreté des
moyens (« on a tourné avec le budget sushi d’un long-métrage
d’aujourd’hui ») qui contrastent bien avec l’efficacité des
moyens artisanaux mis en oeuvre - du mur en Spandex à la
chambre tournante. Rien que du solide. A écouter.
Les documentaires joints au DVD sont au nombre de
trois : un très long (46’25”) et les autres très courts (de 1
à 2 minutes environ), le tout en VOST.
« Dans les griffes de Freddy » est un complément essentiel pour
comprendre rétrospectivement la genèse et le pourquoi du
comment de la saga. Plusieurs intervenants à tour de rôle
(Craven, Langenkamp, Englund, les gens de New Line, etc.)
jamais en panne de souvenirs, et avec des propos souvent très
francs. La première partie, où Wes Craven s’attarde sur une
série d’événements réels (!) qui ont servi d’inspiration au
film, est très intéressante.
Dulcis in fundo, le documentaire se conclut avec l’une des
deux fins alternatives des « Griffes » - aussi connues parmi les
fans de la saga que rares..
Oui, il y en a clairement une autre, mais en attendant on
passe par les deux mini-featurettes suivantes, qui sont plutôt
accessoires, et qui auraient mérité un emplacement plus
périphérique sur le DVD pour mieux mettre en valeur le
documentaire précédent.
La bande-annonce (VOST) est en 16/9 et 5.1. Autre
élément commun à tous les DVD de la saga, l’accès direct
aux cauchemars du film.
Deux pages de filmographies (8 personnes) bouclent le
tout…
… enfin presque, car il est grand temps de passer à la
deuxième fin alternative ! Celle-ci est disponible en
bonus caché : il suffit de retourner dans la page des
documentaire, mettre en surimpression le visage de Freddy en
bas à gauche, et le tour est joué.
Dommage pour l’absence - pour des raisons de droits - des
nombreux bonus DVD-Rom inclus sur la galette yankee.
Un encodage qui tient presque du miracle. New Line Cinema doit
beaucoup à Les Griffes de la nuit, et a donc travaillé sur les
sources au peigne fin et sans se soucier des moyens. La
qualité de la vidéo n’a rien à envier aux megaproductions
contemporaines, et elle est stupéfiante.
Par curiosité, on aimerait tout de même savoir si le budget de
la remasterisation des « Griffes » s’est révélé supérieur… à
celui du film tout court.
Une VO délicieusement retravaillée en 5.1, qui offre au
premier Freddy tout le mordant qu’il ne pouvait pas se
permettre à l’époque. Dire qu’elle enterre la VF 5.1 est un
euphémisme, mais aussi une injustice. La VF ne part pas du
même pied d’égalité : cette dernière consiste plutôt en une
spatialisation - en style Arkamys - de la source existante en
mono (par ailleurs présente sur le DVD). Il faut donc comparer
ce qui est comparable. Dans la limite de ses possibilités, la
VF s’en tire plutôt bien.
N’empêche que nous recommandons vivement de voir le film en
VOST : Freddy acquiert une toute nouvelle dimension.