Réalisé par Ernst Lubitsch
Avec
Carole Lombard, Jack Benny et Robert Stack
Édité par Films sans Frontières
A l’aube de la Seconde Guerre mondiale en Pologne, une troupe
de théâtre est entraînée, bien malgré elle, dans une aventure
visant à sauver la résistance des espions de la Gestapo.
Jouant de leurs talents pour le déguisement et la comédie, les
comédiens se feront tantôt passer pour des espions nazis, des
généraux tortionnaires ou grimeront Hitler en personne. Bien
que l’aspect comédie domine, c’est un très bon film
d’espionnage. Lors de sa sortie française en 1946, le titre
français « Jeux dangereux » soulignait plutôt le côté aventure
du film.
Malgré son sujet sensible (les camps de concentration, la
guerre, le nazisme), Lubitsch parvient à nous faire rire de
bon coeur avec ce film. Les désordres amoureux (l’histoire
d’amour du couple Tura ou l’amour propre de Joseph Tura), la
description cocasse du monde des comédiens, sont sujets à de
nombreuses répliques pleines d’esprit. Un régal. Vous ne
pourrez plus regarder Hamlet sans éclater de rire à la
réplique : « To be or not to be ».
Mais quand il aborde les problèmes de l’invasion allemande en
Pologne, le film prend un ton grave qui ne laisse aucun doute
sur le propos humaniste et engagé du réalisateur.
Sorti la même année que Le Dictateur, de Chaplin, le film
ne trouva pas son public car il avait été précédé de deux
drames : principalement Pearl Harbor, qui laissa l’opinion
américaine sous le choc, et la mort de Carole Lombard, la star
du film.
Lombard était une de ces figures fortes d’Hollywood. Remarquée
à l’âge de douze ans alors qu’elle jouait au base-ball dans la
rue, elle était devenue une star du muet, puis s’était
reconvertie au parlant avec succès. Alliant un physique de
rêve à un caractère bien trempé, elle jurait comme un
charretier entre les prises, ce qui n’empêchait pas son public
de l’aimer. Au milieu des années trente, elle était la star la
mieux payée, juste devant celui qui allait devenir son mari :
Clark Gable. Après l’accident de Pearl Harbor, elle sillonna
l’Amérique vendant des bons pour contribuer à l’effort de
guerre. Ce fut au cours de l’un de ces voyages qu’elle périt
dans un accident d’avion.
« To Be or Not to Be » nous permet de la redécouvrir dans un de
ses meilleurs rôles.
Menu fixe et muet sous forme de photomontage légèrement colorisé, plutôt agréable. Un peu de musique aurait été la bienvenue. Une ergonomie sympathique : des casquettes d’officier ou des masques de comédie servent de curseurs pour la navigation, en parfaite adéquation avec l’humour de Lubitsch.
Une fiche « historique » replace le film dans son contexte.
Sans être exhaustive, elle est tout de même très riche en
informations sur Lubitsch. On retrouve aussi une filmographie
complète du réalisateur et enfin une bande-annonce (édulcorée
semble-t-il) sous-titrée en français et en hollandais.
Puisque nous avons affaire à une édition pour cinéphiles, une
interview avec un historien du cinéma aurait été la bienvenue
; un petit supplément pas cher à produire et souvent riche en
enseignements, qui serait venu compléter cette édition de
façon idéale. À méditer pour d’autres éditions de classiques.
Une filmographie des comédiens principaux aurait également été
souhaitable.
Ayant eu l’occasion de voir « To Be or Not to Be » au cinéma,
l’image présentée ici est meilleure que dans mon souvenir :
une image nette, avec un piqué honorable, de très bon
contraste et, de surcroît, une compression jamais prise à
défaut.
En revanche, une pellicule très abîmée par endroit, pleine de
puces (ces petits points blancs agaçants), de déchirures et,
lors de certaines scènes, l’image tremblote. On aurait
souhaité une restauration pour gommer ces défauts.
Un mono de très bon aloi, net, sans souffle (pourtant le film
date de 1941), mais parfois des dialogues inintelligibles.
Il s’agit d’une pellicule française (des panneaux en français
y ont été insérés lors du montage,) alors pourquoi n’avons-
nous pas droit à une version française ? Est-ce un DVD
uniquement destiné aux cinéphiles puristes ?