Miss Oyu (1951) : le test complet du DVD

Oyû-sama

Réalisé par Kenji Mizoguchi
Avec Kinuyo Tanaka, Nobuko Otowa et Yuji Hori

Édité par Films sans Frontières

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Le 24/10/2016
Critique

Miss Oyu

L’amour, socialement impossible, d’une veuve pour l’homme qu’a épousé sa soeur. Cette dernière ira jusqu’au sacrifice total pour assurer son bonheur.

Mademoiselle Oyu (Oyu sama) (Jap. 1951) de Kenji Mizoguchi inaugure sa période finale classique 1951-1956. Filmographiquement, il se situe juste avant La Vie d’O’Haru, femme galante (Saikaku ichida onna) (Jap. 1952). Il avait été présenté, lors des diverses rétrospectives du cinéma japonais et des diverses rétrospectives entièrement consacrées à Mizoguchi, sous trois titres distincts : Oyu-sama / Oyû-sama /Oyusama (Miss Oyu / Madame Oyu / Mademoiselle Oyu).

Adapté du roman Ashikari de l’écrivain Junichiro Tanizaki, Mizoguchi avouait n’en être nullement satisfait. Le film est cependant intéressant et annonciateur à plus d’un titre : il comporte à son générique deux des plus constants collaborateurs de la période classique de Mizoguchi, à savoir son directeur de la photographie Kazuo Miyagawa et son musicien Fumio Hayasaka. Il est produit par Masaichi Nagata pour la Daiei, tourné dans ses studios de Kyoto. Sa star est Kinuyo Tanaka et l’un des seconds rôles Eitaro Shindo, deux des acteurs fétiches cette période. Son scénario est une adaptation d’un grand écrivain. Et son thème central est bien celui de cette période classique, à savoir la condition de la femme japonaise, sa souffrance, son mystère psychologique et même ontologique. Oyu est une femme sur le fil du rasoir, secrètement puis ouvertement déchirée entre son désir et l’amour qu’elle porte à sa famille, le respect qu’elle attache aux traditions et aux usages de son pays.

Miss Oyu / Mademoiselle Oyu n’est cependant pas du niveau des chefs-d’ oeuvre postérieurs : il lui manque, en dépit d’une admirable direction d’acteur ici encore manifeste, une secrète rigueur, une secrète collusion entre son sujet et sa mise en scène. Peut-être la personnalité de Tanizaki et son écriture ont-elles heurté secrètement les propres aspirations de Mizoguchi : sa mise en scène reste un peu extérieure au film et au sujet en dépit de sa perfection technique, de la beauté de sa photographie, de la grâce innée des actrices, de certaines prouesses de photographie comme celles de la séquence finale. Le naturalisme symbolique de Tanizaki n’a pas rencontré le symbolisme naturaliste de Mizoguchi alors qu’il s’accordera très bien avec le surréalisme baroque, le réalisme fantastique de son disciple Yasuzô Masumura lorsque celui-ci adaptera son La Femme de Seisaku (Seisaku no tsuma) (1966).

Miss Oyu

Présentation - 3,0 / 5

Un DVD Pal zone 2, édité par Film Sans Frontières, collection « Auteurs », section « Mizoguchi ». Durée vidéo PAL du film : 89 minutes. Image au format respecté 1.37 en N&B, compatible 4/3. Son mono japonais en VO ou VOSTF ou VOSTA, au choix. Boîtier Amaray standard. Les DVD des films de Mizoguchi édités par FsF bénéficient de copies chimiques mieux nettoyées et de masters vidéo d’une qualité supérieure à celle des anciennes éditions DVD sorties en 2004 par Opening puis en 2006 par Aventi. Suppléments : témoignage du scénariste, apparat critique, bio-filmographie de Mizoguchi, extraits de films asiatiques édités par FsF.

Bonus - 3,0 / 5

De cette série de fiches constituant les suppléments, la fiche majeure est celle du témoignage de Yoshikata Yoda (provenant de ses Souvenirs sur Mizoguchi traduits par la petite bibliothèque des Cahiers du cinéma) qui explique comment le roman de Tanizaki fut adapté et en quoi Mizoguchi n’en fut pas satisfait. Suivent d’Intéressantes critiques ou simples extraits, selon les cas, signées Michel Pérez, article paru dans Le Matin, Charles Tesson, article paru dans les Cahiers du cinéma, Serge Daney, article paru dans Libération, Dominique Païni dans Cinémathèque n°14), enfin vient une bio-filmographie succincte mais précise de Mizoguchi.

Image - 4,0 / 5

Format 1.37 N&B compatible 4/3. Copie chimique (plus aucune griffure ni rayure, plus aucune poussière négative ni positive) dans un état supérieur de restauration, master vidéo (compression, encodage, définition, contrastes) dans un état supérieur aussi, à ceux des anciennes éditions Opening et Aventi sur DVD Pal zone 2 sorties en 2004 puis 2006. Demeurent cependant une certaine instabilité de certains plans, notamment au début et à la fin du film, ainsi qu’au début et à la fin des bobines chimiques, ainsi que certains plans isolés en état moyen. Qu’on n’attende pas, cela dit, la qualité d’un bluray mais on dispose, avec cette édition, de la meilleure image actuellement disponible chez nous, de ce grand classique.

Son - 4,0 / 5

Son mono japonais d’origine en VO ou VOSTF ou VOSTA, au choix. Le souffle a été convenablement réduit sans altérer la sonorité originale des voix de la piste mono d’origine. Là aussi, progrès évident par rapport aux pistes sonores de l’ancienne édition Opening. Effets sonores et musique bien restitués. Inutile de regretter une VF d’époque qui n’a jamais existé : le film fut exploité dans le circuit Art et Essais en France, qui exigeait la VOSTF mais ne nécessitait pas la VF, afin de permettre aux distributeurs français de diminuer les frais de sortie.

Miss Oyu

Crédits images : © Films Sans Frontière

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Panasonic FullHD
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Sony
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p