L'Intendant Sansho (1954) : le test complet du DVD

Sansho dayu

Réalisé par Kenji Mizoguchi
Avec Kinuyo Tanaka, Yoshiaki Hanayagi et Kyoko Kagawa

Édité par Films sans Frontières

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Le 24/10/2016
Critique

L'intendant Sansho

Japon, XIe siècle. Un gouverneur est destitué pour sa trop grande bonté envers les paysans et les pauvres : sa famille le rejoint sept ans plus tard mais sa mère, sa fille et son fils sont enlevés par des criminels qui prostituent la mère sur une île lointaine et vendent le fils et la fille au terrible intendant Sansho qui règne sur un camp d’esclaves faisant partie du domaine privé d’un ministre. Le sacrifice de la soeur permettra au fils, devenu adulte mais corrompu, de se régénérer moralement, de devenir à son tour gouverneur, d’abolir l’esclavage et de faire justice avant de partir à la recherche de sa mère sur l’île de Sado.

Premier des trois films réalisés par Mizoguchi en 1954 avant Les Amants crucifiés (Chikamatsu monogatari) et l’inédit en France Une Femme dont on parle / La Femme crucifiée (Uwasa no onna), L’Intendant Sansho (ou Sancho, au gré des filmographies francophones) est adapté par Yoshikata Yoda et Yahiro Fuji d’un roman historique (paru en 1915) de Mori Ogai (1862-1922) retraçant une légende médiévale du XIe siècle, durant l’ère Heian (794-1185). Sa ligne mélodramatique est, en apparence, simple mais son traitement est complexe (retour en arrières entrecroisés) et marie peintures historiques, sociales, psychologiques et morales avec une ahurissante virtuosité. À la description d’un microcosme infernal, Mizoguchi rajoute deux portraits de femmes hallucinantes de présence, la mère (Kinuyo Tanaka) et la soeur (Kyoko Kagawa) de Zushio. Comme dans tous les grands films de Mizoguchi, la condition de l’homme et de la femme sont matières à une réflexion philosophique et religieuse discrètement intégrée au réalisme de la narration. L’Intendant Sansho constitue, au sein de la filmographie de Mizoguchi, un des meilleurs exemples de ce qu’on pourrait nommer son réalisme symbolique. Les séquences finales sur l’île de Sado comptent parmi les plus impressionnantes du cinéma de Mizoguchi en raison de leur tension psychologique et de leur rigueur esthétique.

L'intendant Sansho

Présentation - 4,0 / 5

Un DVD Pal zone 2 édité par Film Sans Frontières, collection « Auteurs », section « Mizoguchi ». Durée vidéo PAL du film : 119 minutes. Image au format respecté 1.37 en N&B, compatible 4/3. Son mono japonais en VO ou VOSTF ou VOSTA, au choix. Boîtier Amaray standard avec, au verso, outre les informations usuelles (résumé de scénario, spécifications techniques) deux extrait d’une critique (ici anonyme) parue dans Le Figaro et une autre de P. Macabru parue dans Combat. Les DVD des films de Mizoguchi édités par FsF bénéficient de copies chimiques mieux nettoyées et de masters vidéo d’une qualité supérieure à celle des anciennes éditions DVD sorties en 2004 par Opening puis en 2006 par Aventi. Suppléments : témoignage du scénariste, sources littéraires, extraits d’études critiques universitaires, contexte historique de l’histoire.

Bonus - 4,0 / 5

Il s’agit de fiches très précises réparties sur plusieurs écrans sur le contexte historique du film, ses sources littéraires, et un apparat critique varié. La plus importante est un témoignage écrit de Yoshikata Yoda, extrait de ses Souvenirs de Kenji Mizoguchi traduits à la petite bibliothèque des Cahiers du cinéma. Yoda explique comment il a remanié de fond en comble l’oeuvre initiale de Ogai, à la suite de l’éviction du premier scénariste Fuji Yahiro qui avait, pour sa part, écrit une adaptation fidèle du texte de Ogai mais qui ne donnait pas satisfaction à Mizoguchi pour plusieurs raisons. On trouve également des précisions écrites sur l’écrivain Ogai, sur l’époque historique Heian, enfin des extraits critiques concernant L’Intendant Sansho, provenant des monographies de Vé-Hô (éditions Universitaires, collection Classiques du cinéma n°14, Paris 1963) et de Daniel Serceau (éditions du Cerf, collection 7ème art). Un seul regret : l’absence du jeu complet des photos japonaises d’exploitation.

Image - 4,0 / 5

Format 1.37 N&B compatible 4/3. Copie chimique (plus aucune griffure ni rayure, plus aucune poussière négative ni positive) dans un état supérieur de restauration, master vidéo (compression, encodage, définition, contrastes) dans un état supérieur aussi, à ceux des anciennes éditions Opening et Aventi sur DVD Pal zone 2 sorties en 2004 puis 2006. Qu’on n’attende pas, cela dit, la qualité d’un bluray mais on dispose, avec cette édition, de la meilleure image actuellement disponible chez nous, de ce grand classique.

Son - 4,0 / 5

Son mono japonais d’origine en VO ou VOSTF ou VOSTA, au choix. Le souffle a été convenablement réduit sans altérer la sonorité originale des voix de la piste mono d’origine. Là aussi, progrès évident par rapport aux pistes sonores de l’ancienne édition Opening. Effets sonores et musique bien restitués. Inutile de regretter une VF d’époque qui n’a jamais existé : le film fut exploité dans le circuit Art et Essais en France, qui exigeait la VOSTF mais ne nécessitait pas la VF, afin de permettre aux distributeurs français de diminuer les frais de sortie.

L'intendant Sansho

Crédits images : © Films Sans Frontière

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Panasonic FullHD
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Sony
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p