Jesus Camp (2006) : le test complet du DVD

Un film d’horreur. Voilà le terme utilisé par certaines critiques à l’encontre de ce film documentaire. Le fait est que ça n’est pas si simple.

Cela peut même paraître rédhibitoire, ce qui est dommage. Ce film doit être vu; et en parler ainsi pourrait dissuader bon nombre de personnes.

Alors qu’est-ce qui, dans ce film, déclenche une telle réaction ? Des enfants. Des enfants pris dès leur plus jeune âge, des enfants à qui l’on bourre le crâne d’idées guerrières au nom de Jésus Christ, des enfants que l’on enferme dans des idées extrémistes et qui ne présentent plus aucune ouverture d’esprit, des enfants que l’on embrigade et que l’on prépare à envahir toutes les couches de la société (surtout les hautes sphères) afin d’imposer leurs idées au plus grand nombre…

Ces enfants ne sont pas « habités » par Jésus Christ comme le prétend Becky Fisher la femme pasteur pentecôtiste de ce documentaire, ils sont tout simplement entraînés tels des soldats pour devenir « l’armée de Dieu »…

Extrémisme, armée, soldat, guerre, … des termes qui n’ont pas leur place dans la parole originelle de la Bible et qui sont ici superposés à une éducation religieuse afin d’être digérés plus facilement.

Et afin de faire passer leur message, ces évangélistes n’hésitent pas à utiliser les mêmes « armes » que « l’ennemi » : émissions télévisées, dessins-animés, spectacles, musique (saviez-vous qu’il existe du hard-rock évangéliste ?)… tout est bon pour maintenir l’enfant dans un cadre strict et contrôlé. Le spectre du mot « secte » plane tout au long du film.

Mais là où les choses se compliquent, c’est que certains des messages ou des thèmes abordés par cette communauté méritent aussi d’être (re)vus. L’avortement en particulier, considéré aujourd’hui comme un droit, pourrait faire l’objet d’une éducation et d’une information plus importante afin de ne pas être banalisé comme cela semble être le cas actuellement. Il s’agit de ne pas prendre ce genre de décision à la légère ou par commodité. En cas d’abus sexuel, la femme doit en effet pouvoir rester maîtresse de son corps. Mais l’avortement ne doit pas non plus devenir un moyen de contraception qui affranchirait d’une réflexion sur ses propres pratiques…

Quoiqu’il en soit, la grande force de ce film est justement de ne pas prendre ouvertement parti. Il pourrait tout aussi bien être récupéré tel quel par les évangélistes comme film de propagande. C’est donc à chacun de remettre son cerveau en route et de considérer avec attention tout ce qui est montré ici. Il y a autant matière à s’interroger sur nos certitudes qu’à s’inquiéter pour un futur qui pourrait être dirigé par des « fous de Dieu »…

Nous n’avons eu qu’un disque-test entre les mains. Donc pas de packaging et pas non plus de livret (16 pages) annoncé par l’éditeur. Le DVD en lui-même est forcément simple avec un choix immédiat du sous-titrage (français ou français pour sourds et malentendants) qui lance le film.

Près d’une demi-heure de scènes coupées compose la partie bonus de ce DVD (avec la bande-annonce du film). Ces scènes coupées sont tout aussi importantes que le reste du film. Des informations supplémentaires s’y trouvent. Leur retrait du film n’est pas expliqué, mais l’on peut facilement imaginer un problème de durée car ce genre de film doit pouvoir rentrer sas problème dans les grilles de programmes des chaînes de télé. Quoiqu’il en soit, à la fin du film, ne faites pas l’économie de ces scènes coupées.

Image vidéo avec toutes les contraintes que ça impose. Qualité inégale donc tout le long du film, mais on n’est pas venu pour du grand spectacle.

Ici aussi, on ne vient pas chercher du grand spectacle. Cependant les dialogues sont clairs.