Réalisé par Elia Kazan
Avec
James Woods, Patrick McVey et Patricia Joyce
Édité par Wild Side Video
Une maison isolée, dans une campagne vide et glacée. Le lieu
de tournage, choisi par économie, est la propre maison de
Chris Kazan, fils du réalisateur et auteur du scénario. Un
budget spartiate, dans les 100 000 $, limitera l’équipe de
tournage à… quatre personnes !
Mais, c’est bien connu, si pléthore de moyens ne suffit pas à
faire un bon film, le manque de moyen peut, en revanche,
stimuler la création.
L’idée du film est venu de la lecture d’un fait divers. La
vengeance n’est que le point de départ du récit, centré sur
l’évolution des relations entre cinq personnages. La tension
entre eux monte très progressivement : il faut attendre une
demi-heure pour sentir se préciser la menace que font peser
les deux visiteurs sur le couple.
Kazan, cinéaste de l’ambiguïté, tel qu’il se définit dans le
supplément, nous confirme que, quand on gratte un peu, les
choses ne sont pas toujours aussi simples qu’elles paraissent
être, superficiellement. Ainsi, Martha, d’abord franchement
hostile aux visiteurs, se laisse aller à flirter le temps
d’une danse avec Mike. C’est l’ambiguïté qui fait l’originalité
de ce huis clos, sur le thème, souvent exploité au cinéma, des
intrus qui troublent la tranquillité du cercle de famille. On
se souvient immédiatement de The desperate hours
de William Wyler, avec Humphrey Bogart, et du remake
par Michael Cimino en 1990. Seule une courte séquence, à la
fin du film, évoque les faits qui se sont déroulés au Vietnam,
quelques années plus tôt, comparables à ceux relatés dans
l’intéressant Casualties of War de Brian
de Palma.
James Woods fait ici sa première apparition sur le grand écran.
Il était alors âgé de 25 ans et allait parcourir une longue
route, jalonnée par près de 120 films ou téléfilms, avant le
rôle-titre de Shark, l’excellente série dont nous attendons
avec impatience la sortie de la saison 2.
Wild Side Vidéo a eu la bonne idée d’ajouter à sa collection
Les introuvables - L’âge d’or du cinéma américain
ce film d’Elia Kazan, assez peu connu, l’avant-dernier de ses
21 films. Voilà qui donnera envie de voir ou revoir les autres,
en particulier, Panic in the Streets,
On the Waterfront, East of Eden,
A Face in the Crowd,
Splendor in the Grass et
America, où il
raconte comment il est arrivé aux USA avec sa famille, alors
qu’il aurait pu rester à Istanbul et peut-être devenir, comme
il le dit dans le supplément, marchand de tapis…
Le DVD n’offre que la version originale, avec sous-titres
français imposés.
Film divisé en 12 chapitres.
Elia Kazan, An Outsider. Ce documentaire de 53 minutes,
réalisé par Annie Tresgot en 1982, nous permet, d’autant plus
facilement que Michel Ciment maîtrise parfaitement la langue
anglaise, d’entrer dans l’intimité d’Elia Kazan, acteur,
metteur en scène de théâtre, écrivain et cinéaste.
Cet Américain venu d’ailleurs (d’où le qualificatif d’outsider),
issu d’une famille grecque vivant à Istanbul, s’est installé à
New York et allait devenir l’un des plus grands cinéastes de
son temps. Il nous confie les relations difficiles qu’il
entretenait avec son père, ce qui sera le thème de
East of Eden, adaptation pour l’écran
de roman de John Steinbeck, avec James Dean dans le rôle
principal.
Créateur de l’Actors’ Studio avec Lee Strasberg et Harold
Clurman, Elia Kazan nous parle de la Méthode qui visait à
enseigner aux acteurs comment contrôler leurs émotions,
comment voir des choses invisibles, comment exprimer des
sentiments avec autant de conviction que s’ils étaient
réellement ressentis. Pour lui, le cinéma, contrairement au
théâtre, donne la préséance à l’image sur les dialogues. Le
film met en application ce credo : au long des dernières cinq
minutes, sans musique, quatre mots sont échangés, pas un de
plus !
Voilà un bonus passionnant, comme on aimerait en voir plus
souvent !
À côté de ce documentaire, les broutilles habituelles :
- galerie de photos
- filmographie sélective d’Elia Kazan
- liens internet
La photo manque notablement de contraste et est affectée par un fourmillement, particulièrement gênant dans les scènes, nombreuses, filmées dans la semi-obscurité. Les arrières-plans sont flous. Mais l’image filmée avec une caméra 16 mm, ne pouvait pas être parfaite, ce dont la note tient compte. Les taches, toutefois, ont été correctement éliminées.
Son clair, en mono 2.0, avec très peu de souffle.