Réalisé par Edward L. Bernds
Avec
Vincent Price, Brett Halsey et David Frankham
Édité par Lancaster
Venons-en à l’essentiel. Si le premier film était une
réussite, le second est une catastrophe. Commençant vingt ans
après la mort de André-la-mouche, c’est son fils, Philippe,
qui reprend le flambeau du désintégrateur-réintégrateur. Dans
cette optique, il requiert l’aide d’Alan, un anglais distingué
et gentil garçon, et fait chanter son oncle François (Vincent
Price) pour que ce dernier le finance, à contrecoeur.
Or, il se trouve qu’Alan est en fait un criminel brutal qui
a copiné avec un croque-mort mafieux, pour lui voler son
invention. Démasqué, Alan fera disparaître Philippe dans cette
dernière et s’enfuira avec les plans du télétransporteur.
Réintégré de justesse, le pauvre Philippe se trouve tranformé
en mouche mondaine avec smoking…
Catastrophe, c’est peu dire tant le scénario aligne des
intrigues secondaires qui partent dans tous les sens dans le
but de rallonger le métrage. L’invention n’est plus ici qu’un
gimmick, une machine à tout faire dans laquelle le méchant du
film passe son temps à faire disparaître des cadavres
encombrants (« Ciel mon mari, cache-toi dans le
désintégrateur-réintégrateur ») pour les faire réapparaître
transformés en hamsters.
Quant au look de la mouche, il est ridicule : il s’agit d’un
pauvre type avec une tête de drosophile en papier mâché trois
fois trop grosse pour son corps, qui ballotte de gauche à
droite tout au long du film. Ici, plus de lutte de l’homme
contre son côté animal. Dès le début, l’animal a gagné et
c’est un simple film de monstres qu’il nous est donné de voir,
excepté que, quand le monstre est effrayant, le film fait
peur.
L’interdiction aux moins de seize ans ne se justifie plus,
sauf peut-être comme élément marketing. En fait, il faudrait
l’interdire aux plus de seize ans, âge au-delà duquel on n’a
plus assez le sens de l’humour pour pouvoir apprécier une
oeuvre pareille. Bref, on peut se poser la question de savoir
qui pourrait bien avoir envie de voir ce film.
Un simple coup d’oeil à la jaquette et on a compris à quel
film on a affaire. L’image prête déjà à rire, avec cette
mouche en smoking qui attrape Vincent Price par le col, celui-
ci détournant la tête et semblant dire « Prenez un chewing-gum,
Emile ! ».
Le menu, dans l’esprit des films d’horreur des années 50, est
hélas fixe et muet (disponible en quatre langues) et se
contente de banales photos. Une mouche valide les selections
que vous faites. Bref, un petit effort, ne serait-ce qu’un
fond musical bien dramatique aurait bien relevé cette sauce un
peu fade.
Une sélection de bandes-annonces (La Mouche en 16/9,
La Mouche II, La Mouche noire et
Le Voyage fantastique) en guise de bonus.
Une série de filmographies (pour savoir ce que sont devenus
ces acteurs méconnus, qui ne semblent pas tous avoir eu la
carrière de Vincent Price), des notes de production expliquant
les choix artistiques aussi redoutables que ceux du masque de
mouche.
On peut glosser sans fin les bonus qu’il aurait fallu ajouter,
mais en fait « Le retour de la mouche » aurait gagné à être
présenté en face B sur La Mouche noire, comme en
Zone 1, car la faible qualité artistique de ce film ne
justifie pas cette édition unique.
Une sublime photo en noir et blanc et une pellicule bien conservée (bravo, pourtant le film est médiocre) sont les atouts principaux de cette édition, malgré trois séquences difficiles parsemées de points blancs. Tout comme dans les autres films de la collection, le rendu de ce DVD est d’une tenue exemplaire, et ce, malgré la difficulté que représente l’encodage sur un film noir et blanc. Un très beau travail.
Des trois versions, la version allemande est cristalline. En
fait, il semble aussi que ce soit la plus récente et la
perfection de la restitution des voix crée une distanciation
d’autant plus gênante avec l’image ; on notera aussi une
nouvelle création de nombreux bruitages (souvent loin de
l’esprit original : le ronronnement d’une machine se
transforme en bip-bip à la Spoutnik). La version italienne
(sûrement d’époque) est honnête, bien que les sons d’ambiance
semblent un peu étouffés.
Enfin, la VO est de loin la plus réussie puisqu’elle a vieilli
avec le film et apporte beaucoup de richesse avec une
multitude d’accents différents (anglais, canadien, français)
et d’effets électroniques dans l’esprit du générique de
« Planète interdite ».