Réalisé par H.B. Halicki
Avec
Eleonor, H.B. Halicki et Marion Busia
Édité par CTV International
Long Beach, Californie. Maindrian Pace est membre d’un gang
qui projette de voler 50 voitures dans la semaine. Tout y
passe : roadsters hors de prix, limousines (américaines, genre
bateau-mouche), Rolls et, même
camions ! Les véhicules volés,
affublés de noms de femmes pour détourner l’attention, se
refont une virginité avec les numéros de série récupérés sur
des épaves, dont les restes vont au broyeur.
Un grain de sable va faire dérailler un plan bien huilé :
Eugène le Pollack, humilié par Maindrian Pace, rencarde la
police.
Maindrian s’échappe de la souricière à bord d’un coupé Ford
Mustang V8 1973 (un modèle plus récent -et plus puissant
aussi- que celui que pilotait Steve McQueen dans les rues de
San Francisco, six ans auparavant, dans Bullitt, le
film de Peter Yates. La voiture répond au doux nom d’Eleanor.
S’ensuit une poursuite qui dure (excusez du peu)… 40
minutes !
Il ne faut pas plus de dix minutes (juste le temps d’atteindre
le Golden Gate Bridge), pour perdre le compte des voitures
réduites à l’état d’épave. Minute après minute, de nouvelles
voitures de police remplacent celles (ou ce qu’il en reste)
qui sont bonnes pour la casse. Dans leur sillage, dépanneuses,
voitures de pompiers, ambulances, sirènes hurlantes.
Maindrian, ou plutôt Eleanor, la véritable héroïne du film,
tout comme dans la chanson… « sème la terreur dans toute la
région » ! Un vrai carnage, filmé d’hélicoptère… pour être
retransmis en direct sur les écrans de télé.
Si vous êtes accroc de courses-poursuites en voiture, ne
cherchez plus : vous ne trouverez pas mieux ! Ce n’est pas
seulement la plus longue de l’histoire du cinéma, elle est
aussi très bien filmée.
Si l’introduction n’est pas trop mal ficelée, elle n’est
jamais qu’un prétexte à la chevauchée haletante et déjantée
qui est la seule raison d’être de ce film indépendant,
produit, interprété et réalisé, en 1974, par Toby Halicki,
cascadeur fou-dingue de voitures, qui allait se tuer quinze
ans plus tard, à peine âgé de 50 ans, au cours du tournage
d’un autre film du même tabac… au volant d’une voiture.
L’ambiance est là, avec une introduction dans le style des
films de gangsters de série B des seventies : blousons
ajustés, pantalons pattes d’eph’, secrétaires Barbie Doll.
Puis, quand tout démarre vraiment, c’est une profusion de
fumée lâchée par les pneus brûlant l’asphalte, de nuages de
poussière levés par les accélérations rageuses ou les virages
en dérapage pas toujours contrôlé, une débauche de
carambolages cataclysmiques, de sauts spectaculaires,
d’incendies, de crissements, de vrombissements, de
fracassements, d’explosions… Bref, il y en a autant pour les
yeux que pour les oreilles, avec moult morts ou blessés pour
faire bonne mesure.
La qualité de la restauration de l’image et du son peut
étonner pour un film de série B qui, toutefois, figura
honorablement au box office américain.
Découpage en 16 chapitres, avec vignettes animées, mais pas
sonorisées. Le chapitre 15 (celui de la poursuite) est
subdivisé en 12 sections, allant de « a » à « l ».
Pour changer de langue, obligation de repasser par le menu. De
plus, l’éditeur ne s’est pas encore débarrassé de sa méchante
habitude d’imposer les sous-titres français sur la VO.
(Toutefois, si la langue de Shakespeare n’a pas trop de
secrets pour vous et si vous utilisez un lecteur Philips DV
957, exonérez-vous des sous-titres qui polluent l’image en
suivant la recette détaillée dans la rubrique « Suppléments » de
Bad Luck ! (Double Whammy) : it works…
perfectly!).
Enfin, le second disque, intitulé « le garage », sérigraphié
comme celui du film, contient une « flopée » de bonus.
5 interviews en VOST, 1.33 :
J.C. Agajanian, un ami du réalisateur, n’est pas avare
d’anecdotes, notamment sur les dégâts involontaires
occasionnés par le tournage. (11’16”)
Denise Halicki nous raconte la passion de son père pour
les voitures de toutes sortes et son obsession à réussir le
film, qu’il avait financé de ses propres deniers (2’45”).
Parnell Jones nous dit la joie qu’éprouvait Toby à
faire visiter son musée privé, à communiquer un peu de sa
passion aux autres (5’03”).
Lee Lanosa, lui-même passionné de voitures (il dit
avoir dans son garage une Maserati et une Lamborghini !), se
souvient de la naissance de la première Mustang, en 1964,
après une gestation de trois ans, alors qu’il était le chef de
la division Ford dans le groupe Ford Motor Company. Eleanor,
le modèle du film, fut le plus puissant jamais construit et…
solide avec ça ! Il nous assure qu’aucun autre film comme
celui-ci ne pourra plus jamais être tourné : les règles de
sécurité actuelles aux USA l’interdiraient absolument (9’12”).
Bobby Ore, directeur d’une école de cascades, a analysé
les gros risques pris pendant le tournage de « Gone in 60
Seconds » dont les conséquences auraient pu aller au-delà de
quelques amas de tôles tordues et calcinées. Il fait « évoluer »
Eleanor, aussi froissée aujourd’hui qu’en 1974. Il prétend
qu’elle marche encore comme au premier jour ; je n’y connais
pas grand chose, mais les cliquetis émis par moteur au ralenti
ne manqueraient pas de m’inquiéter… (5’34”).
Bande-annonce originale en VOST, 1.33 (1’32”). Avec ses
couleurs passées, dans les tons roses, cette bande-annonce,
gravée sur le DVD du film, montre l’amélioration spectaculaire
de l’image et du son obtenue avec la remastérisation.
Bandes-annonces remastérisées 1, 2 et 3 en VOST 1.33
(30 », 60 » et 1’18”) nous fournissent une information clé : 93
voitures ont été détruites au cours de la poursuite (soit une
moyenne de 2,325 voitures par minute, si mes calculs sont
bons).
Bande-annonce de « Junkman » en VOST 1.33 (1’51”). Dans
ce film de la même eau, réalisé en 1982, Toby Halicki
pulvérise son record en envoyant à la casse pas moins de…
150 voitures ! Qui dit mieux ?
Scènes inédites : trois scènes muettes d’une durée
totale de 10’ (Eleanor, Les gars et Maindrian Pace) ; la
première séquence, la plus intéressante, contient une dizaine
de rushes d’une même scène de poursuite, filmés avec caméra
embarquée. Pas de doute : le réalisateur était exigeant.
Galerie de photos : 26 séries de photos de plateau,
d’une dizaine de photos chacune, en format 1.33, classées par
chapitres.
Affiches internationales. Voilà un bonus original, avec
des affiches dans le style des années 70, et le titre du film
dans plusieurs langues : La grande Casse, Die Blech-Piraten,
Rollercar: sessanta secondi e vai !, Blåst på 60 sekunder,
Inpikken & wegwezen. Ah bon… ça vous suffit ? Vous ne voulez
vraiment pas du grec et du japonais ?
Etonnante restauration de l’image (le film n’accuse pas ses trente ans) mettant en valeur, dans le prologue, chromes étincelants et carrosseries lustrées aux couleurs éclatantes.
Bravo pour la remastérisation ! Les graves, en particulier,
rendent un hommage « vibrant » aux rugissements du V8 de la Ford
Mustang.
Les aigus, toutefois, n’ont pas la même présence.
La spatialisation est correcte, en particulier pour les
déplacements d’Eleanor ; la cohérence laisse parfois à désirer
pour les dialogues qui, dans ce genre de film, ne sont pas
prioritaires.
Le DTS apporte un petit plus à la version 5.1. Le son de la
version française en 2.0 est aussi clair, avec moins de relief
bien sûr.