Réalisé par Ridley Scott
Avec
Russell Crowe, Cate Blanchett et Max von Sydow
Édité par Universal Pictures Home Entertainment
Il faut remonter au temps du cinéma muet pour les premières apparitions sur les écrans de Robin des Bois, comme on l’appelle de ce côté de la Manche, avec Douglas Fairbanks, en 1922. Le film mythique est Les Aventures de Robin des Bois, réalisé en 1938 par Michael Curtiz et William Keighley, avec Erroll Flynn et Olivia de Havilland ; puis, si l’on passe vite sur la farce de Mel Brooks, , Kevin Reynolds réalise en 1991 Robin des Bois, prince des voleurs, avec Kevin Costner dans le rôle-titre, vision noire et violente de la légende, fraîchement accueillie par la critique.
Le scénario écrit par Brian Helgeland pour Ridley Scott renouvelle l’approche du héros rebelle qui dépouille les riches pour donner aux pauvres. Ici, nous le retrouvons juste avant la mort de Richard Coeur de Lion, au retour des croisades, chargé de rapporter l’épée que Robert Loxley, agonisant, lui a demandé de rendre à son père. Il mènera la résistance contre les Français qui, derrière la bannière de Philippe Auguste, ont entrepris d’envahir la perfide Albion.
Les personnages sont plus complexes que dans les versions antérieures. Le Prince John, qui coiffe la couronne de Richard, prend conscience le l’ampleur de sa mission et a même ses bons moments, à défaut de rester sympathique jusqu’au bout. Le vilain Sheriff de Nottingham (interprété par Matthew Macfadyen, un des personnages principaux de la série d’espionnage MI-5) n’est pas aussi foncièrement mauvais que l’image qu’il a laissée dans l’inconscient des cinéphiles. Et le film rappelle, à juste titre, que Richard Coeur de Lion revenait vers un pays qu’il avait conduit à la ruine par sa croisade, ce qu’il refuse d’admettre, puisqu’il condamne Robin à être mis au pilori et marqué au fer rouge pour avoir répondu honnêtement à une demande d’appréciation sur sa façon de régner. Ridley Scott renonce à l’approche manichéenne retenue dans d’autres versions, sauf pour le personnage de Godfrey, un fieffé méchant à la tête d’une horde de mercenaires français qui mettent à sac les villages des pauvres Anglais.
Que l’on rechigne ou non à cette désacralisation du mythe, on est obligé de reconnaître les qualités du film. À commencer par la photographie de John Mathieson, avec de très beaux clairs-obscurs dans les scènes de nuit (il était aussi le chef opérateur de plusieurs réalisations de Ridley Scott, dont Kingdom of Heaven et Gladiator.) Mais, surtout, on est obligé de saluer la maîtrise du réalisateur. La préparation minutieuse de certaines scènes, dont il dessine lui-même le storyboard, aboutit à des images composées comme des tableaux, à des scènes de bataille puissantes, en particulier toutes celles du débarquement des Français (non, ce ne sont pas les Anglais qui débarquent !), filmées par cinq caméras, dont l’intensité rappellera probablement aux cinéphiles le débarquement, à une toute autre époque, de Il faut sauver le soldat Ryan.
Le casting est à la hauteur du reste : derrière Russell Crowe, à l’aise dans son rôle, Cate Blanchett, Max von Sydow, William Hurt, Max Strong (l’ignoble Frank d’Amico de Kick-Ass), Oscar Isaac, vu récemment dans Mensonges d’état et Agora et, moins connue… jusque-ici, notre jeune compatriote Léa Seydoux, dans le rôle d’Isabelle d’Angoulême. À noter que les dialogues en français ont été soigneusement doublés.
Ces aventures, bien racontées et bien filmées, tiennent sans lasser la distance des 156 minutes de la version longue.
Comme l’édition Blu-ray, le DVD offre la version cinéma et le director’s cut, plus long d’une quinzaine de minutes. Les sous-titres anglais jaunes des dialogues de la version originale, incrustés en dur dans l’image, continuent d’apparaître sur la version française.
10 scènes coupées… rien d’autre, c’est bien maigre !
Parfaite avec de superbes contrastes
Version originale et doublage en français, toutes deux au format DD 5.1. Très dynamique, avec des basses profondes et une spatialisation réaliste : toutes les enceintes participent à la fête !