Réalisé par Lars Blumers
Avec
Marc-André Grondin, Christa Théret et Eric Elmosnino
Édité par Diaphana
Kembs. 4284 habitants. Mike, Fred et J-C, 20 ans, ont grandi dans ce village d’Alsace, à la frontière de l’Allemagne et de la Suisse. Ici, il n’y a pas grand-chose à faire… Dans l’indifférence quasi générale, le trio fonce tête baissée, sourire aux lèvres. Il s’amuse entre parties de foot de division d’honneur, plans foireux échafaudés au fond du garage, et virées en moto. Mais Mike a quelque chose en plus : depuis des années, il voue une véritable passion pour les voitures et a la fâcheuse habitude de les voler avant de les remettre à leur place, en toute innocence. C’est son moyen de locomotion très personnel. Plus que tout, il aime les conduire. C’est au volant d’une Porsche qu’il séduit Sandy. Avec elle, une véritable histoire d’amour commence. Elle apparaît comme sa meilleure chance, la plus lumineuse. Mais Mike est à cet âge incertain où des choix et de nouvelles règles s’imposent. Saura-t-il les accepter ?
Inspiré d’un fait divers survenu en 2005, le premier long métrage du réalisateur allemand Lars Blumers met en scène un gentil flemmard d’une vingtaine d’années dont l’unique passion se résume au vol de voitures qu’il restitue une fois après avoir fait un petit tour dans la campagne alsacienne. Mike est un petit film doux-amer, à la fois cocasse, burlesque et tragique, impeccablement interprété par Marc-André Grondin, Christa Théret et Eric Elmosnino.Fasciné par ce jeune homme qui ne faisait jamais ce qu’on lui demandait et qui ne faisait que ce qu’il avait envie de faire, le jeune réalisateur Lars Blumers, ayant fait ses classes dans la publicité, s’est documenté et a même enquêté auprès de la famille du véritable Mike afin de coller au plus près de la réalité, dont nous tairons évidemment la principale intrigue et ses aboutissements pour vous en préserver l’intérêt. Marc-André Grondin prête son regard las et sa démarche nonchalante au personnage principal et confirme tous les espoirs que l’on avait mis en lui après C.R.A.Z.Y. et Le Premier Jour du Reste de ta Vie pour lequel il avait reçu le César du meilleur espoir masculin en 2009. A ses côtés, Christa Théret impose sans mal une sensibilité à fleur de peau ainsi qu’un talent à suivre de très près.
Inspiré du cinéma existentiel de Monte Hellman, en particulier par Macadam à deux voies, Lars Blumers instaure un univers singulier, joliment mis en scène et dialogué, chaleureusement photographié et attachant, le tout étant soutenu par la plume pertinente du tandem Laurent Tirard-Grégoire Vigneron (Mensonges et trahisons et plus si affinités…, Le petit Nicolas). Simple, franc et sincère, Mike est un premier long métrage séduisant à plus d’un titre et mérite amplement qu’on s’y attarde.
Un menu musical et partiellement animé nous introduit directement à l’avant d’une voiture volée par Mike tandis que les images du film défilent dans le rétroviseur. Comme quoi il en suffit de peu pour présenter quelque chose de sympa.
En dehors de quelques bandes-annonces issues du catalogue de l’éditeur, Diaphana livre un making of original et très second degré avec l’utilisation d’une voix-off commentant avec emphase les images de tournage comme s’il s’agissait d’un film épique. C’est ici l’occasion de voir une grande partie de la jeune équipe technique tandis que les comédiens déconnent entre les prises. Les images de tournage abondent et nous avons même droit à un petit bêtisier très communicatif.
Le master de Mike est assez beau. Le film ayant été tourné en numérique avec la Red One Camera, le transfert restitue joliment les images douces et chaudes voulues par le réalisateur. Ces partis-pris esthétiques renvoyant à certains films des années 70 (à l’instar de Macadam à deux voies souvent cité par Lars Blumers) occasionnent un grain sensible, quelques flous sporadiques et un piqué délicat. Les séquences diurnes sont claires et nettes, la définition estimable mais les détails manquent au niveau du rendu des visages des comédiens que l’on attendait plus précis. Notons également des noirs sensiblement spongieux sur les scènes nocturnes.
La piste Dolby Digital 5.1 demeure facultative pour cette comédie-dramatique mais quelques ambiances naturelles parviennent à percer sur les enceintes latérales. Si certains dialogues manquent parfois d’intelligibilité, les frontales assurent un bon confort acoustique et le caisson de basses a l’occasion de faire parler de lui, même si ses effets sont limités. Privilégiez la piste stéréo de fort bon acabit, dynamique et précise, laissant une large place à la musique et bénéficiant d’une large ouverture des enceintes. L’éditeur ne propose pas les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.