Jo (1971) : le test complet du DVD

Auteur à succès, Antoine Brisebard est victime d’un maître chanteur, Jo, qui menace de compromettre sa réputation en révélant le passé de sa femme Sylvie. Alors que ce dernier doit passer le soir même pour prendre possession de la somme d’argent exigée, Brisebard le tue accidentellement…

Après avoir tourné deux fois chez Serge Korber, L’Homme orchestre et Sur un arbre perché, deux de ses films les plus anecdotiques, Louis de Funès revient en grande forme dans Jo, comédie à l’humour noir proche de la dérision anglo-saxonne. Cela n’a rien d’étonnant puisque Jo est l’adaptation de la pièce de théâtre The Gazebo créée par le britannique Alec Coppel. En réalité le film de Jean Girault est la deuxième transposition à l’écran de la pièce d’origine (après Un mort récalcitrant de George Marshall en 1959), adaptée en France par Claude Magnier, plus connu pour avoir écrit la pièce de théâtre Oscar … avec Louis de Funès en 1961.

Jo demeure à part dans la filmographie de Louis de Funès. D’une part parce que le comédien y prémédite un meurtre de sang-froid, d’autre part parce-que l’humour noir et le slapstick sont omniprésents. Le cadavre d’un maître chanteur devient vite encombrant et tout le scénario repose sur les moyens mis en oeuvre par le personnage principal pour le cacher à défaut de pouvoir s’en débarrasser le plus vite possible. Louis de Funès court, saute, crie, remonte une rampe d’escalier sous l’oeil éberlué d’un commissaire dubitatif, débite ses dialogues à 100 à l’heure dans cette comédie menée tambour battant où même la caméra de Jean Girault a parfois du mal à rester focalisée sur Fufu qui passe d’un coin à l’autre du cadre. C’est bien simple, véritable courant d’air, Louis de Funès aide la mise en scène de Jean Girault à aérer la pièce d’origine qui enferme les personnages dans un décor unique. Porté également par d’indispensables seconds rôles, Claude Gensac, Michel Galabru, Bernard Blier, Paul Préboist, Ferdy Mayne, Jo est un pur vaudeville qui n’a rien perdu de sa fraîcheur et s’avère être l’une des meilleures collaborations Louis de Funès-Jean Girault. N’oublions pas la superbe composition signée Raymond Lefèvre qui inscrit le film dans un genre plus dramatique.

Un menu vif et coloré à l’image de la jaquette nous invite sous les cris, les grimaces de génie et les dialogues du film à faire notre choix entre démarrer le film, sélectionner un chapitre ou accéder directement aux suppléments.

Bertrand Dicale, journaliste et auteur de Louis de Funès : grimaces et gloires (chez Grasset), propose en vingt minutes une présentation concise de Jo, huitième collaboration de Louis de Funès avec le réalisateur Jean Girault. Cette association est d’ailleurs au centre de cet exposé, finement analysé. Richement illustré par de rares images issues du tournage et d’entretiens rapides avec Fufu, Claude Gensac et Jean Girault sur le plateau, ce module est véritablement passionnant et permet d’en savoir plus sur la réalisation de certains gags comme celui du canapé.

L’attente a été longue pour découvrir Jo en DVD et heureusement bien récompensée. Tout d’abord, la copie 1.66 restaurée proposée est propre et immaculée, aucune poussière n’apparaît à l’écran et la colorimétrie kitsch composée de verts, oranges et bleus vifs est pétillante à souhait. Les contrastes sont soignés, les noirs concis et les ambiances nocturnes très belles. En revanche, la séquence abimée apparaissant à la 35ème minute n’a malheureusement pas pu être restaurée. Pour information, cette scène de 30 secondes a toujours été altérée et présente des couleurs désaturées, des rayures verticales et une sérieuse perte de la définition au moment ou Louis de Funès invite Bernard Blier à s’entretenir avec lui en catimini. Passons sur ces quelques secondes car le transfert est impeccable et le grain limité.

L’éditeur ne propose qu’une piste en mono d’origine 1.0 d’excellente qualité. Si le souffle est parfois palpable, les dialogues et la superbe composition de Raymond Lefèvre demeurent clairs et distincts malgré les cris de la bonne qui tendent à la saturation. Notons l’absence de sous-titres français destinés au public sourd et malentendant. Comme nous l’indiquons dans la critique image, la séquence abimée voit également sa bande-son quelque peu gâtée.