Les Ordres sont les ordres (1974) : le test complet du DVD

Un après Super témoin, le réalisateur Franco Giraldi retrouve Monica Vitti pour Les Ordres sont les ordres, une fable féministe avant-gardiste dans laquelle une femme au foyer et épouse dévouée, commence à entendre des voix qui lui ordonnent de faire des choses bizarres pour se libérer de son rôle de femme objet. Premier film issu la 7ème vague de la collection des Maîtres italiens, Les Ordres sont les ordres est une comédie de moeurs à découvrir de toute urgence.

Adapté de l’oeuvre d’Alberto Moravia, Les Ordres sont les ordres permet à Monica Vitti d’y exprimer toute la palette de son immense talent grâce à ce rôle de desperate housewife qui après avoir été toute sa vie aux petits soins pour son mari, va se révéler à elle-même par la « voix » d’un subconscient trop longtemps refoulé.

La muse de Michelangelo Antonioni y va alors à fond quand son personnage doit se livrer à des actes aussi saugrenus qu’inexplicables, tandis que le réalisateur Franco Giraldi dresse un constat cinglant sur la situation de la femme en Italie vivant sous le joug de l’homme macho et despote. Si l’ensemble manque parfois de rythme, la beauté et l’énergie comique de Monica Vitti l’emportent aisément, certaines séquences à l’instar de la poursuite finale sont délicieusement extravagantes et l’étude sociale est toujours autant d’actualité.

Le boîtier Keep Case renferme le DVD sérigraphié aux couleurs de la collection des Maîtres Italiens SNC. Le menu principal reprend également l’habillage habituel, sobre et efficace.

En dehors des habituelles bandes-annonces issues de la collection des Maîtres Italiens SNC et des notes de production, l’éditeur nous propose un documentaire inédit de 50 minutes sur le poète, écrivain, dramaturge et scénariste italien Tonino Guerra, né en 1920. Certains cinéastes tels que Francesco Rosi et les frères Taviani témoignent sur leurs collaborations, tandis que Tonino Guerra s’exprime lui-même sur son travail avec les cinéastes Theo Angelopoulos (Le Pas suspendu de la cigogne), Michelangelo Antonioni (L’Avventura, Le Désert rouge), Giuseppe De Santis, Vittorio De Sica (Mariage à l’italienne), Federico Fellini (Amarcord), et les réalisateurs susmentionnés. Un beau portrait à ne pas manquer.

En dépit de contrastes légers, l’image du film a bénéficié d’une belle restauration qui profite pleinement à la colorimétrie vive et psychédélique de l’époque. Les teintes rouge et orangées sont étincelantes, la clarté frappante, le grain et les fourmillements limités, et toutes les poussières éradiquées. La réalisation caméra à l’épaule de Franco Giraldi peut compter sur une compression solide et aucun artefact n’est à signaler. Quelques flous sporadiques dus à la mise en scène spontanée n’ont évidemment pu être rectifiés mais la définition demeure fort agréable pour les mirettes et participe à la (re)découverte de cette comédie.

En italien comme en français, les pistes mono 2.0 s’avèrent plutôt bien nettoyées, dynamiques, et offrent des conditions acoustiques largement suffisantes. Notons l’absence de tout souffle intempestif mais la musique apparaît vacillante lors du générique d’ouverture, les voix demeurent un peu sourdes et les saturations inévitables sur les dialogues plus poussés. Si vous sélectionnez la version française (quelle hérésie !), un carton en ouverture indique que certaines scènes n’ayant pu faire l’objet d’un doublage français sont présentées en version originale sous-titrée. Bien que le doublage soit assez réussi, rien ne remplace le timbre original et si particulier de Monica Vitti.